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Sensualité et sexualité

S’agissant du massage (parfois sensuel, il est vrai), les esprits trop bien pensants (ou pudibonds) feront volontiers l’amalgame entre sensualité et sexualité. Mais le massage, même intime et parfois sensuel, n’a rien à voir avec un acte sexuel. / cf. Le « lâcher prise, » toucher et massage.

Une sensualité sans sexualité

La sexualité a essentiellement cette fonction première du développement de notre espèce, qui permet la reproduction. La sensualité, quant à elle, y concourt bien sûr, souvent, chez les être évolués. Mais cette fonction de sensualité est bien sûr absente du processus de reproduction des animaux (qui, de la même manière, ignorent les concepts d’art, de beau, de bien, de mal, de sublimation des émotions, de romantisme ou même de préliminaires amoureux, par exemple).

Ainsi, la sexualité est presque toujours associée, chez l’homme, à la sensualité. Or l’inverse n’est pas exact. Nombre de situations, nombre de conditions particulières éveillent notre sensualité, sans aucune projection, ni connotation sexuelle.

Sur la plage, par exemple, la caresse du soleil d’été et du vent sur notre peau, le bercement des vagues, sur notre corps, sont autant de sollicitations de nos sens aiguisés, sont autant de précieuses expériences sensorielles ou sensuelles … qui n’ont bien sûr rien de sexuel !

Plus quotidiennement, la douche stimulante du matin, l’odeur du premier café, les premières gorgées d’une boisson recherchée sont autant de stimulations sensuelles, sans la moindre connotation sexuelle.

Cette distinction entre une sensualité innocente et l’acte sexuel qui a pour fonction première la reproduction de l’espèce et pour corollaire l’injonction sociale et/ou religieuse de défense de la famille patriarcale monogame est importante, car elle explique la sacralisation ou la sanctuarisation de la sexualité. Voir aussi :

Sexe et sacré

Le massage : une sensualité codifiée

Le massage est ainsi une illustration typique, de la différence entre expérience sensorielle (ou sensuelle) et expérience sexuelle.

Autant l’acte sexuel suppose une rencontre privilégiée, entre deux êtres uniques et se situe, si possible, dans un projet amoureux qui dépasse les quelques minutes de son accomplissement, autant le massage professionnel se doit-il d’être tout à fait impersonnel et n’a pour horizon que le hic et nunc.

La personne qui vous masse est là pour soulager votre corps et lui apporter bien-être et plénitude au-delà, si possible, de la durée de la prestation tarifée prévue, mais il s’agit d’un instant « entre parenthèses », d’une durée prévue qui n’engagent aucunement les participants au-delà de cette durée.

Cette prestation professionnelle et codifiée est, certes, sensuelle, mais elle n’est pas censée créer de lien dans la durée… ou tout au moins, pas plus que vous n’en développez avec votre dentiste, ou votre coiffeur qui, tous deux, s’occupent pourtant bien de vous.

C’est aussi une prestation dont le cadre doit être clarifié, pour les deux parties, avant son déroulement. Il peut s’agir d’un massage thérapeutique localisé ou relaxant et parfaitement chaste ou d’un massage plus approfondi, et la demande du massé, de même que la proposition thérapeutique du praticien, doivent être parfaitement clairs. Il n’est cependant pas nécessaire de formaliser un contrat écrit.

Quoiqu’il en soit, le respect des deux protagonistes, vis-à-vis de ce cadre – précisément défini et contradictoirement accepté – comme le respect de chaque personne, à l’égard de l’autre personne, sont le fondement d’une relation professionnelle harmonieuse et parfois durable.

Séance après séance, cette compréhension et ce respect mutuels favorisent une parfaite mise en confiance et une décontraction du sujet massé, indispensables à un véritable lâcher prise de son cerveau gauche. Puis, au fil des séances, les craintes irraisonnées du sujet massé s’estompant, il peut accéder à la conscience de l’existence de ses chakras, et enfin à leur ouverture. Pour autant, la relation masseur/massé ne doit revêtir aucun caractère personnel excessif.

Ce caractère non-personnel de la relation de massage, permet, par exemple de se faire indifféremment masser, par un praticien du même sexe, ou du sexe opposé, sans gêne particulière, sans que les orientations sexuelles, de l’un et/ou l’autre, soient en cause et sans que la pudeur soit offensée.

Séance après séance, cette compréhension et ce respect mutuels favorisent une découverte mutuelle indispensable à l’atteinte de résultats tangibles. Mais, s’agissant de massages professionnels, il ne doit pas pour autant se développer une familiarité excessive, pas davantage qu’avec votre coiffeur ou votre dentiste.

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Philippe Lamy


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Réussir, s’accomplir. Et trouver son « rôle », dans la société des hommes

La vie en société est une vaste pièce de théâtre, dans laquelle ceux qui jouent les rôles les plus incontournables – et/ou les plus importants – sont réputés avoir accompli leur destin, avoir « réussi » et jouissent également du plus grand prestige, de la plus grande reconnaissance.

Jouer un rôle important, c’est occuper une position centrale dans les échanges entre un grand nombre d’individus, être en position de « tirer les ficelles  » et exercer le pouvoir véritable. Ces rôles d’influence, ces rôles de premier plan  peuvent être obtenus dans les sphères sociales, sportives, professionnelles, religieuses, humanitaires, politiques etc. Ces rôles de premier plan   sont souvent associés à une grande réussite matérielle. Cependant l’ambition des hommes (et femmes) d’influence qui « rayonnent », sur les êtres et sur les consciences, n’est pas toujours économique. L’Abbé Pierre, par exemple, en est une illustration.

Aux antipodes de ces hommes de pouvoir et/ou leaders charismatiques, le chômeur qui passe ses journées devant la télévision, dans l’attente d’une embauche, ou bien le SDF – que tout le monde voit, mais dont chacun évite le regard – partagent généralement un douloureux sentiment d’exclusion, d’impuissance et d’inutilité. Et, de ce fait, bien sûr, une piètre estime de lui-même.

Jouer son rôle

La règle du genre, c’est malheureusement que, pour parvenir à l’estime de soi, il faut déjà avoir gagné l’estime des autres, et avoir le sentiment d’être important, pour eux. Or, le drame, c’est que lorsqu’on est exclu, lorsqu’on est en mal d’estime de soi, il est difficile de sourire et surtout difficile d’inspirer la sympathie et la considération d’autrui. En outre – et de semblable manière – pour convaincre autrui qu’on est digne de confiance et d’estime, il faut déjà s’aimer soi-même. Car on ne peut être convaincant, si l’on n’est pas, soi-même, convaincu de sa propre valeur.

Il faut ainsi parfois feindre, prendre sur soi, pour sourire et pour plaire, afin de tisser ses premières alliances, avant de décrocher ses premiers rôles sur la scène humaine (sociale, sentimentle et professionnelle). La vie est en effet une comédie, dans laquelle, ceux qui tiennent les premiers rôles, dans les échanges et les interactions humaines, sont de surcroît les plus reconnus, recherchés et appréciés. Ce sont aussi ceux qui tirent les ficelles  et qui font et défont les carrières des autres. Mais que faire alors, pour entrer dans la pièce et jouer son premier rôle ?

Et que faire ensuite, pour décrocher un rôle plus important et flatteur, pour jouir d’une véritable influence, dans la groupe social, dont on brigue la reconnaissance et/ou pour atteindre l’aisance matérielle – qui dans l’esprit de certains – est le baromètre de la réussite ?

Pour ce faire, il faut comprendre – avant tout – que ces rôles que nous finirons par décrocher (ou non), ce seront les autres qui auront bien voulu nous les accorder.

Que faire alors pour séduire les autres et les convaincre de nous accorder leur confiance et la place que nous briguons ?

Comment séduire les autres ?

 Pour y parvenir, il faut notamment comprendre trois mécanismes :

  • Il faut d’abord se connaître soi-même. Et s’interroger sur nos ambitions les plus chères, nos objectifs les plus incontournables, nos rêves les plus doux… Puis, puisqu’on n’a rien sans rien, s’interroger sur ce qu’on a véritablement à offrir, en échange des soutiens attendus, pour y parvenir, sur les talents personnels qu’on saura mettre en œuvre. Prétend-on s’offrir une chose qui nous fait vraiment envie, sans envisager quel sacrifice  sera la contrepartie de son acquisition ?  Envisage-t-on un investissement important, sans faire l’inventaire de toutes les ressources  mobilisables ? Il faut aussi envisager les compromis et/ou les concessions (parfois douloureuses ) que l’on pourra (ou non ) être à même d’accepter, en échange d’appui, de soutien, d’avantages attendus des autres. Car, dans la vie, c’est « donnant-donnant ». Va-t-on, en effet, au supermarché, sans son porte-monnaie ? Pour prétendre récolter, un jour, il faut bien sûr semer. Et semer « généreusement ». La générosité est d’ailleurs un point clef, car il ne faut jamais avoir peur de trop donner, de faire trop confiance. La confiance coûte globalement moins cher que la méfiance, et la peur paralyse. En effet, seules les personnes qui acceptent la prise de risques, bousculent leurs limites, ne ménagent pas leur peine et savent parfois donner un peu plus qu’elles ne reçoivent, avancent à grands pas. Ces personnes savent se relever, après l’échec, en tirer tous les enseignements et en sortir plus fortes. Les blessures qui ne me tuent pas me rendent plus fort !  On ne progresse que par ses échecs. Lorsqu’on écoute les personnes qui ont réussi, on est parfois surpris d’apprendre les efforts qu’elles ont dû consentir, les échecs qui ont émaillé leurs débuts et les couleuvres qu’elles ont dû avaler, avant de connaître la réussite. Une de mes étudiantes, dans un séminaire que j’animais à l’Université il y a quelques années, me confia : « Je comprends bien qu’on n’a rien sans rien. Mais mon éducation, mon intégrité sont un véritable carcan, et je sens que je suis condamnée à la médiocrité, faute de pouvoir prendre des risques à la mesure de mes rêves et de mes ambitions… ». C’est, je pense, le problème d’un grand nombre d’entre nous qui sommes formatés par une éducation, un système de valeurs et une « intégrité » qui parfois nous handicapent, plus qu’ils ne nous protègent. C’est pourquoi nous devons apprendre à nous connaître nous-mêmes, en acceptant de tester nos limites. Nous découvrirons ainsi que nos limites peuvent toujours être repoussées, et que seul le premier pas coûte vraiment. A cet égard, un jeune médecin me confia : « Ma première dissection d’un cadavre, m’a tellement bouleversé, ému, dégoûté… que j’ai failli tout laisser tomber. Lors des suivantes, le geste professionnel a pris le pas sur mon émotion, mes peurs et mes tabous. Et la fierté d’en avoir triomphé m’a galvanisé ! »  Si nous n’y prenons garde, nous devenons de petits être mesquins, sans envergure, ni rayonnement social, et surtout sans perspectives !  Il faut ainsi s’entrainer à savoir sortir de sa zone de confort cf.  Zone de confort, transgression et liberté. Or, ceux qui ont réussi sont souvent ceux qui non-seulement n’ont une aucune difficulté à bousculer leurs limites, mais on même pris goût à cette prise de risques et/ou à la transgression. S’agissant de tester (ou renégocier) ses limites, les choses se compliquent, cependant, lorsqu’on vit en couple et que les tabous et les limites de l’un prétendent s’imposer à l’autre. Il faut alors une parfaite complicité entre les deux, pour que chacun puisse s’accomplir sous le regard tolérant et bienveillant de l’autre ou négocier, dans la plus grande transparence, les limites consensuelles acceptées… Bien souvent d’ailleurs, la réussite de l’un étant réputée bonne pour le couple, les transgressions de l’un sont élégamment ignorées par l’autre qui préfère pudiquement détourner le regard de ce qui est un mal nécessaire (et ne devra ainsi jamais être sujet de débat). Ou bien encore – à défaut d’un possible consensus au sein du couple – il faut savoir envisager ces concessions dans le secret de sa propre conscience, sans prétendre polluer l’autre, avec des compromis qui pourraient le blesser. On m’a rapporté l’histoire d’une femme d’entrepreneur méritante qui, suite à un accident vasculaire cérébral de son mari, avait exercé, pendant 6 ans, le plus vieux métier du monde, pour sauver sa famille (4 enfants) et soigner son mari. Pendant ces 6 années et bien au-delà, elle a su prendre sur elle  avec la plus grande abnégation et dans la plus grande discrétion, pour venir en aide à sa famille, jusqu’à ce qu’elle rencontre un protecteur  puissant et bienveillant, qu’elle a gardé secret, jusqu’au décès de son mari et jusqu’à son remariage de raison. Mais on n’est, heureusement, pas toujours obligé de payer de sa personne pour réussir. De nombreux talents moins compromettants  vous rendent parfois incontournable(s) et indispensable(s) aux puissants dont on veut s’attirer la protection. De fins juristes, d’excellents financiers, des interprètes ou traducteurs aussi subtils que discrets se sont installés dans la confiance de nombreux puissants, au fil de l’Histoire, et n’ont pas toujours joué que des seconds rôles. Certains même – véritables éminences grises  – se sont approchés du vrai pouvoir jusqu’à l’exercer eux-mêmes, sans que cela apparût. Mais, à défaut d’être juriste, financier ou un habile conteur (comme Schéhérazade), ce qui représente des ressources ou des talents rares, il est certain que nativement la plupart des gens possèdent des talents, en matière de sensualité, qui pourraient ouvrir de nombreuses portes, faire tomber toutes la barrières… mais ne songent même pas à tester la toute-puissance de ce levier (parfois supérieur à celle de l’argent lui-même).
  • Il faut ensuite admettre que les autres ne sont pas des pions qui se laissent déplacer où ça nous  arrange, et comprendre qu’ils n’adopteront jamais une stratégie qui n’est que  la nôtre, car ils ont leur propre vision, leurs propres projets, leur propre stratégie. Nous devons donc non seulement ne pas ignorer leur culture, leur sensibilité, leur vision, leurs projets et leur stratégie personnels, mais les comprendre et les servir, dans la mesure de nos moyens. Ceux qui savent écouter plus qu’ils ne parlent, ceux qui savent lire dans le cœur et l’esprit de l’autre, et « se mettre à la place de l’autre », détiennent un levier d’une efficacité redoutable.
  • Il faut respecter les autres, leur faire confiance et découvrir ce qui est important pour eux, dans leur référentiel de valeurs, dans leurs actions, leurs choix, la poursuite de leurs buts. Il faut, par exemple, comprendre ce qui motive :
      • la mère de famille qui sacrifie sa carrière à l’éducation de ses enfants et aux besognes les moins reconnues du ménage ;
      • le travailleur immigré qui trime 40 années sur une terre étrangère (souvent ingrate) pour nourrir sa famille, restée au pays, sans se plaindre ;
      • l’étudiant en médecine qui se brûle les yeux sur ses bouquins, pendant plus de dix ans, pour parvenir à un diplôme lointain ;
      • le politicien qui s’épuise dans des réunions tardives, ennuyeuses et trop nombreuses et serre des centaines de mains, chaque mois, dans l’espoir de décrocher ou conserver un poste prestigieux.

Ce dernier point (respecter les autres, leur faire confiance et découvrir ce qui les motive) mérite d’être développé.M

1.   Comprendre et servir les projets et la stratégie des autres : créer des alliances

On est toujours plus fort à plusieurs, et, grâce à une stratégie d’alliances et d’allégeances, on peut déplacer des montagnes. De la même manière que nous devrons savoir servir la stratégie d’autrui, nous devrons savoir montrer à autrui le profit qu’il aura à servir nos propres projets, jusqu’à une réussite commune.

Ces alliances peuvent s’opérer de manière horizontale ; c’est-à-dire sans position hiérarchique (ni contractuelle, de fait). Elles peuvent aussi s’opérer de manière verticale ; c’est-à-dire dans le cadre d’une relation d’allégeance (cf. Jeux de rôles : Que faut-il entendre par domination et soumission ?). Dans l’inconscient collectif, en effet, la relation dominant/dominé est parfois perçue comme une relation bourreau/victime.  Or, il n’en va pas toujours ainsi. Le dominé est parfois loin d’être une victime.  Le dominé est en réalité souvent un partenaire consentant  du dominant.  Le dominé poursuit en effet sa propre stratégie d’allégeance, en échange d’avantages.

Quoi qu’il en soit, les alliances sont la clef de la réussite, et il faut savoir reconnaître les potentiels alliés (ou leaders). Il faut ensuite savoir faire montre, à leur égard, de loyauté, de fidélité, et surtout d’un soutien et d’une obéissance inconditionnels, dans le cadre d’un véritable contrat moral tacite (ou non). « Cinquante nuances de Grey » (titre original : Fifty Shades of Grey) est une romance érotique, écrite par la Britannique E. L. James, qui illustre, de manière amusante, ce que peut être la formalisation écrite d’un tel accord d’allégeance ou de soumission.

Le principe est le suivant :

  • le contrat doit rester secret, sous peine d’être caduc ;
  • par son acceptation d’un tel contrat, la partie soumise apporte la preuve à la partie dominante d’une confiance aveugle et totale, à travers son engagement de se plier à ses demandes et/ou à ses caprices ;
  • en contrepartie, la partie dominante, apporte appui, protection et soutien, au la partie soumise.

En cas de contrat écrit, les engagements réciproques peuvent être cadrés et détaillés. Le contrat mentionné dans « Cinquante nuances de Grey » fait plusieurs dizaines de pages, mais les contrats les plus courts sont les plus efficaces, car ce sont ceux qui font la plus grande part à la nécessaire confiance réciproque.

Cette confiance concerne, bien sûr en particulier – et a minima – le respect de l’intégrité physique et des intérêts matériels, du (ou de la) soumis(e) par la partie dominante. Elle suppose généralement, en contrepartie, un engagement de la partie dominante, quant au soutien sans faille, apporté à la partie soumise dans ses projets. Ce soutien actif ou cette aide pouvant à certains égards ressembler, par exemple, à ce qu’un enfant est en droit d’attendre de ses parents, concernant ses projets, ses besoins matériels, etc.

Ainsi, plus la partie dominée est amenée à accepter de se soumettre à des exigences, à des sacrifices ou à des caprices importants (voire exorbitants), imposés par la partie dominante, plus elle augmente la dette morale de la partie dominante et donc les aides et soutiens qu’elle sera en droit d’espérer d’elle.

Les champs de ce genre d’accords d’alliance est vaste. Il va du simple registre des jeux sexuels, à toutes sortes d’alliances sociales (sociétés secrètes), voire mafieuses. Le caractère secret de ces alliances les rend, d’ailleurs, indétectables pour les parties non-concernées… et sont ainsi d’autant plus efficaces.

Quoiqu’il en soit, il convient de n’envisager ce genre d’alliance avec une personne dominante, que lorsqu’on la connait suffisamment, pour apprécier le risque qu’elle puisse abuser de sa position dominante, sans remplir la part du contrat qui la concerne, c’est-à-dire le soutien et l’aide que la partie dominée est en droit d’espérer.

Il est à noter que des personnes peuvent entretenir des relations de domination avec plusieurs personnes soumises (à des degrés divers) et souvent avec des liens hiérarchiques entre les personnes dominées, partageant parfois la prérogatives de domination sur des personnes placées au-dessous d’elles, dans la hiérarchie de la domination (groupes mafieux, sociétés secrètes, sectes).

Rien ne sert de s’éparpiller dans la recherche des ces alliances, car tant qu’on n’est pas en mesure de rendre des services de grand prix à un allié, la première (et la principale) des choses est qu’il se sente reconnu et ne sente pas son nouvel « allié » (ou vassal ) papillonner – à tout hasard – autour d’autres potentiels alliés (ou leaders ). Il se détournerait alors de manière définitive.

Diversifier ses alliances n’est envisageable (et souhaitable) que lorsqu’on a acquis soit même un véritable rayonnement, une influence certaine, un pouvoir  et qu’on occupe une position de leader.

Élargir son réseau devient alors un levier de rayonnement supplémentaire.

Pour les raisons évoquées ci-dessus, le développement de votre réseau, en arborescence, sera toujours compris et accepté des personnes occupant une place inférieure, dans la pyramide d’influence, dans laquelle vous vous inscrirez. Mais – pour ne pas froisser la susceptibilité des personnes situées au-dessus de vous, dans ladite pyramide – mieux vaudra éviter des alliances visibles avec d’autres personnes de niveau supérieur. Vos bienfaiteurs des premiers jours sauront souvent se montrer fidèles, en retour, en reconnaissance de votre loyauté et de votre fidélité. Mieux vaudra ainsi capitaliser sur le renforcement d’un lien ancien que d’expérimenter de nouvelles alliances hasardeuses.

Mais vous devez aussi faire preuve de discernement dans votre recherche d’alliance(s). Car si la loyauté est une qualité indispensable à développer, pour vous-même, vous devez aussi savoir la reconnaître et rechercher la qualité morale et l’élévation d’esprit, chez celui (ou celle) qui vous guidera sur le chemin de la réussite.  Le sage hindou du XIIIème siècle, Anhou, vous donne une clef pour vous permettre de reconnaître l’homme (ou femme )  de bien ou l’homme (ou femme ) de paix qui vous guidera sur votre ascension vers la réussite personnelle / cf. « Deviens ce que tu es ».

Enfin, dans la pyramide hiérarchique dans laquelle vous vous inscrirez, ceux qui sont au-dessus de vous seront flattées de votre soutien (et heureux de profiter de votre propre réseau de vassaux). Mais ils seront parfois froissés (ou jaloux) d’autres amitiés de leur niveau  ou (pire) de niveau supérieur. Et – de manière symétrique – ceux qui sont au-dessous de vous seront flattées de vos amitiés et de vos soutiens haut-placés… et n’apprécieront pas non-plus de se sentir en concurrence avec des personnes de leur propre niveau. Il faut donc prendre garde à ne froisser ni les uns, ni les autres (sous peine de prendre le risque de vous exclure de la pyramide d’influence, dans laquelle vous désireriez vous inscrire).m

2.  Ce qui nous  motive et motive les autres

Pour comprendre ce qui motive les autres dans leurs actions, leurs choix, la poursuite de leurs buts, il faut se rappeler ce que sont les impératifs, pour chacun, de satisfaction de ses besoins vitaux.

La pyramide des besoins de Maslow schématise une théorie élaborée à partir des observations réalisées dans les années 1940 par le psychologue Abraham Maslow, sur la motivation. Cette pyramide est constituée de cinq niveaux principaux.

Selon Maslow, nous devrions rechercher d’abord à satisfaire chaque besoin d’un niveau donné avant de penser aux besoins situés au niveau immédiatement supérieur de la pyramide. Par exemple, il est préférable de rechercher à satisfaire les besoins physiologiques avant les besoins de sécurité : c’est pour cela que, dans une situation où notre survie serait en jeu, nous serions prêts à prendre des risques.

Pour Maslow, et par ordre d’importance, ces besoins sont :

– Besoins physiologiques (manger, boire, dormir, respirer, se reproduire/sexualité) ;

– Besoins de sécurité (du corps, de l’emploi, de la santé, de la propriété…) ;

– Besoins d’appartenance et affectifs (amour, amitié, intimité, famille, sensualité) ;

– Estime (confiance, respect des autres et par les autres, estime personnelle) ;

– Accomplissement personnel (morale, créativité, résolution des problèmes…).M

                2.1. Les besoins physiologiques (manger, boire, dormir, respirer, se reproduire/sexualité)

Pour beaucoup de nos contemporains des pays les plus favorisés, les « besoins » physiologiques, ne posent plus véritablement de problème majeur au quotidien (sauf accident de parcours). Ces besoins élémentaires s’illustrent bien, par les sensations de désir, de frustration, d’attente, liés à leur manque occasionnel. Ils s’illustrent surtout par l’impression de plénitude et de satisfaction que procure le fait de les avoir satisfaits. Ils restent ainsi un ressort important de l’emprise sur autrui.

Chez l’homme (comme chez l’ensemble des espèces vivantes) la satisfaction de nos besoins physiologiques élémentaires, individuels, est – bien que nous n’en soyons pas forcément conscients – confondue avec la stratégie collective de développement de l’espèce. Ce que l’homme ressent comme bon (ou bon pour lui), n’est en fait que ce qui est bon (ou nécessaire) au développement de l’espèce. La recherche du bien être de chaque individu, ne se fond, en réalité, que dans le moule de ce qu’impose la nécessité de développement de l’espèce. Ainsi, nos goûts les plus personnels, nos pulsions les plus intimes ne font-ils de nous que les instruments  de la stratégie de développement de notre espèce. En effet, ce qui est gratifiant  ou agréable  pour l’individu se confond avec ce qui est favorable  ou salutaire  au développement de l’espèce. L’homme (comme les autres animaux) prend notamment plaisir à manger, dormir ou faire l’amour. Car, que demande l’espèce ? Que les tubes digestifs sur pattes que nous sommes, se nourrissent, prospèrent et se reproduisent aveuglément, à l’infini, et, le cas échéant, au détriment des espèces concurrentes. Ces besoins élémentaires de nourriture et de sexualité s’inscrivent ainsi au premier niveau de la pyramide de Maslow (cf. Horloge biologique, tolérance, harmonie et sérénité).

Les groupes pharmaceutiques qui inondent les médecins de séminaires festifs sont une illustration de l’écoute favorable et de l’emprise qu’on peut espérer développer sur autrui, en cherchant à satisfaire et flatter les besoins physiologiques basiques de l’individu. De même que les déjeuners d’entreprise ou les opérations de séduction que savent monter les services d’espionnage ou de lobbying, par exemple. Les grandes courtisanes de la cour des rois, dont l’influence a parfois été considérable, en sont un exemple. Les dirigeants actuels (du monde de l’entreprise comme du monde politique) sont d’ailleurs, de pareille manière, souvent entourés de jeunes personnes empressées et ambitieuses qui n’ont souvent que leurs charmes à offrir, ce qui n’est cependant souvent pas négligeables pour des dominants , paradoxalement fréquemment isolées au sommet de leur pyramide sociale, au plan affectif et/ou émotionnel.

On notera ici qu’il existe deux catégories de courtisanes  :

  • Certaines attendent (ou revendiquent clairement) de l’argent et/ou tous autres avantages matériels immédiats. Celles-ci choisissent ainsi – par le fait (et consciemment ou non) – de ne pas briguer un éventuel coup de pouce à leur ascension sociale, puisque, dans l’esprit et dans le cœur de leur bienfaiteur, elle resteront assimilables à des prostituées, si bien qu’il ne s’investira pas dans la relation.
  • D’autres, plus ambitieuses et/ou plus avisées, attendent une protection de plus long terme et une relation de plus grande qualité humaine (donnant/donnant), avec un partenaire souvent apparemment dominant, au départ, mais sur qui elles sauront parfois développer, au fil du temps, une emprise affective, voire intellectuelle, souvent non négligeables, dans un plus grand respect mutuel. Les favorites du roi Louis XIV (qui ont su prendre une influence de premier plan à Versailles et développer des fortunes) en sont un exemple.

                2.2. Les besoins de sécurité

Les besoins de sécurité (du corps, de l’emploi, de la santé, de la propriété…) s’illustrent particulièrement par le besoin de sécurité matérielle que confère la réussite financière. L’argent est ainsi un besoin quasi universellement ressenti, même par des organismes caritatifs qui, pour remplir leur objet et étendre leur influence, ont un besoin d’argent important.

L’argent est ainsi un levier de premier plan, lorsqu’il s’agit d’influencer quelqu’un, d’obtenir un avantage ou une faveur. L’argent est ainsi moyen de tout échange, licite ou non. Certaines choses ne s’achètent pas bien sûr… Sauf, parfois si le prix offert est tellement attractif que les bonnes raisons de refuser deviennent de moins bonnes raisons.m

                2.3. Les besoins d’appartenance et les besoins affectifs

Les besoins d’appartenance, comme les besoins sexuels et affectifs, se décomposent, à leur tour, entre besoins comblés  et besoins inassouvis.  Pour une personne mariée (et comblée), par exemple (qui n’a, ainsi, théoriquement plus à compenser le vide du célibat), les besoins se déclinent surtout autour de la performance professionnelle et la reconnaissance sociale, dont l’argent est le baromètre le plus visible. Ils poussent ainsi les individus à gagner toujours plus, pour thésauriser et/ou pouvoir afficher de précieux signes extérieurs de réussite (compléments narcissiques ).

Cependant, le besoin d’amour ou seulement de reconnaissance, n’étant pas toujours comblé dans le couple, il pousse souvent les personnes mariées à rechercher, dans le regard de l’autre sexe, une approbation et/ou un soutien nécessaires pour se sentir beau  ou belle dans le miroir que représente le regard de l’autre.

En outre, le besoin de bien-être du corps et de sensualité n’étant pas toujours comblé dans le couple, il pousse souvent les personnes mariées à rechercher des palliatifs, dans des expériences émotionnelles telles que la méditation, le yoga, la danse, le chant, le théâtre, la peinture, le sport ou les massages, et/ou dans les aventures extra conjugales, les soirées libertines (recherche d’émotions sensorielles).

L’argent, évoqué au paragraphe précédent, comme censé satisfaire notre besoin de sécurité, est aussi le baromètre de la réussite sociale dans notre monde matérialiste, dans lesquelles les valeurs spirituelles tendent à s’estomper. C’est pourquoi l’argent est-il à la fois recherché pour lui même, pour les biens matériels ou services qu’il permet d’acquérir et pour la reconnaissance qu’il confère à celui qui a su drainer, vers lui, la part la plus importante de ce moyen d’échange, d’influence et de reconnaissance.

L’argent est ainsi l’Alpha et l’Oméga. Il peut en effet tout  acheter, notamment les soutiens et les appuis nécessaires à l’ascension sociale. L’argent est d’ailleurs bien souvent le principal carburant, de cette ascension et de la réussite économique. Ne rapporte-t-on pas que le Front National n’a pu exister et se développer que grâce à l’héritage (aussi inespéré que généreux), dont a bénéficié M. Le Pen, de la fortune d’un certain Hubert Lambert, dans les années 1970 ? M. Le Pen a ainsi pu lâcher toute activité professionnelle et consacrer son temps et cette fortune à la promotion de son parti et sa propre promotion.

Ce constat que, pour réussir, il faut de l’argent (et que « on ne prête qu’aux riches ») rend encore plus désespérant le sentiment d’impuissance des jeunes ambitieux qui ne possèdent pas ce carburant magique !

Que de jeunes artisans, d’ambitieux entrepreneurs doivent ronger leur frein, durant de longues années de purgatoire, avant de « décoller » !  Et combien, surtout, n’y parviennent jamais !

La tentation est alors forte, pour certains, de parvenir à la réussite, en « grillant les étapes » ; c’est-à-dire au prix de transgressions douloureuses (petites arnaques, trafics illicites, prostitution…).

Il est cependant amusant (et peut-être rassurant) de noter que, nombre de personnes qui ont cru pouvoir faire des « entorses », à leurs principes en début de carrière, se redécouvrent une conscience et des principes, au fil de leur ascension sociale ; C’est-à-dire lorsque le carburant de leur réussite – que représente la fortune acquise – devient suffisant pour entretenir l’ascension sociale… dans le même temps ou leur visibilité sociale les obligent à cultiver une image moins sulfureuse.

C’est ainsi qu’on voit parfois de « haut dignitaires » de la mafia flirter avec le pouvoir, avec l’Église et même financer des fondations !m

               2.4. Le besoin d’estime, de confiance, de respect des autres et le besoin d’estime de soi

L’estime, la confiance et le respect – tout comme l’amour – procèdent d’un jeu de miroirs. J’ai a priori  de l’estime, de la confiance et du respect, pour ceux qui m’en témoignent (ou tout au moins ne manifestent rien qui me soit contraire). Et, si je suis prêt(e) à tenter de mériter l’estime, la confiance et le respect d’autrui, c’est que mes intentions sont loyales et que je suis prêt(e), moi aussi, à accorder mon estime, ma confiance et mon respect, à autrui.

L’estime, la confiance et le respect de l’autre ne sont ainsi pas difficiles à gagner, si l’on s’engage loyalement dans la relation, si l’on manifeste de l’intérêt, pour l’autre, pour sa vie, ses projets, ses idées, si l’on ne juge pas ses erreurs et si l’on reconnait ses mérites. Et si l’on vient à lui les mains ouvertes, aussi désireux de donner que de recevoir).

Or l’estime, la confiance et le respect d’autrui sont – à la fois – indispensables :

  • à l’estime de soi et la confiance en soi ;
  • au développement d’un réseau de contact et/ou d’affaire, grâce auquel je développerai mon influence et mon pouvoir, ainsi que le sentiment de ma réussite (pour renforcer encore ma confiance en moi).

                2.5. Le besoin d’accomplissement personnel

Le besoin d’accomplissement personnel représente le dernier étage de la pyramide des besoins de Maslow. Tous les problèmes d’intégration, de développement de réseaux, de conquête de pouvoirs et d’estime de soi étant résolus (ce à quoi nombre d’individus ne parviennent pas au cours de leur longue vie), reste une quête plus essentielle et plus difficile à assouvir : celle du sens de la vie, du sens de notre action au sein de la communauté des hommes, celle d’une contribution véritable que nous pourrions apporter à la planète, à la société…

Quelques milliardaires célèbres qui créent des fondations et distribuent des aides pour les plus démunis incarnent ce genre de quête. Des ascètes et des saints, libérés des désirs et contingences matériels (sœur Teresa, l’Abbé Pierre) peuvent également accéder à ce dernier étage de la pyramide des besoins de Maslow, de même sans doute que quelques hommes et femmes de bonne volonté, moins médiatisés.M

Ce que réussir suppose

Réussir, s’accomplir, atteindre ses objectifs, déployer sa stratégie, se réaliser… suppose ainsi d’abord :

  • de prendre conscience de ce qu’on peut offrir, en échange des soutiens espérés, ainsi que des concessions que l’on pourra (ou non) accepter;
  • d’admettre le fait que les autres ne sont pas des pions qui se laissent déplacer où ça nous arrange, et qu’ils n’adopteront jamais une stratégie qui n’est que  la nôtre ;
  • de percer les passions, les ambitions, les valeurs, les rêves secrets, les projets et, le cas échéant, la stratégie des personnes dont nous pensons avoir besoin et/ou que nous aimerions associer à nos projets ;
  • de respecter les autres et leur faire confiance, a priori  (la confiance  coûte moins cher que la méfiance ), et de consentir à révéler nos propres passions, nos ambitions, nos projets et, le cas échéant, notre stratégie aux personnes que nous aimerions associer à nos projets, en sorte de mettre en lumière les possibles synergies ;
  • de tout mettre en œuvre, pour servir et développer ces synergies, dans la mesure de nos moyens, dans le cadre d’une coopération transparente, honnête et bien comprise ;
  • de comprendre qu’il faut parfois donner un peu plus qu’on ne reçoit;
  • de comprendre les règles de préséance de la comédie humaine, attachées à la pyramide sociale, dans laquelle on prétend trouver sa place.

Les personnes les plus généreuses manifesteront un intérêt, souvent sans bornes, à des personnes dont elles n’attendent pourtant rien en retour. Les personnes les plus adroites (et/ou les plus manipulatrices) pourront également manifester un intérêt sans bornes (voire forcé et exagéré), aux personnes dont elles veulent obtenir la reconnaissance, le soutient et/ou tout éventuel avantage. Elles pourront également tenter de découvrir leur désirs les plus intimes, et s’employer à les combler, jusqu’à les rendre dépendantes, voire à les asservir.

La première marche de l’ascension sociale est bien sûr la plus difficile à gravir. Car lorsqu’on est au bas de l’échelle ou lorsqu’on ne représente rien pour les autres, il est peu aisé de sourire et difficile d’inspirer la sympathie et l’estime… et surtout on craint souvent d’avoir peu à offrir, en échange du soutient espéré. Il faut donc alors prendre sur soi, pour sourire, dans l’espoir de décrocher ses premiers petits rôles dans la comédie humaine. Il est alors souvent nécessaire de s’assurer le soutient flatteur d’une personne plus établie et/ou influente (stratégie d’allégeance). Mais ce soutien ne sera pas si difficile à obtenir, à celui (ou celle) qui saura se présenter aux autres les mains et le cœur ouverts, prêt à donner au moins autant qu’il désir recevoir.

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Philippe Lamy


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Rééquilibrage de nos hémisphères

Les méthodes de rééquilibrage de nos hémisphères sont de plusieurs natures, et nombre de sujet stressés et/ou HSC trouvent par eux-mêmes le moyen de se rééquilibrer. (Nota  : les individus au cerveau gauche hypertrophié sont en effet nombreux, dans notre civilisation occidentale moderne. Par simplification, nous les appellerons les HyperSinistroCéphales  ou HSC / cf. définition sujet A quoi reconnaître un sujet « HyperSinistroCéphale » ?)

Le sport

Le sport, qui sollicite notre corps et parfois vide notre esprit est un rituel moderne qui réduit l’excès de stress (et « apaise » le cerveau gauche). Cependant, les effets du sport sont plus souvent de calmer le cerveau gauche que de stimuler le cerveau droit. Les sportifs ne deviennent de grands créatifs, ni des bêtes de sensualité. C’est que, s’il est effectif que le corps est sollicité dans le sport, il est rare que les sensations soient véritablement positives.

Si le sport a été rude, ça fait bien sûr du bien quand ça s’arrête ! Et de plus, les endorphines secrétées pendant l’effort distillent un bien être résiduel, quelques minutes encore après l’effort.

Les arts

Le chant, la musique, la peinture, peuvent, pour certains sujets, être un exutoire à l’excessive sollicitation de leur cerveau gauche. Les vrais artistes sont, quoi qu’il en soit, bien souvent des hypertrophiés du cerveau droit. Les intrusions dans le monde de l’art et de la création d’individus hypertrophiés du cerveau gauche n’est ainsi généralement pas une réussite.

Exception qui confirme la règle : les hypertrophiés du cerveau gauche accidentels. Nous mettrons dans cette catégories des individus élevés dans un environnement particulier qui les a obligés à s’installer dans le rôle de l’intello, pour compenser, par exemple, un environnement trop déjanté. Ces individus peuvent bien sûr plus facilement se rééquilibrer et retrouver leur vraie personnalité. Le génogramme est, en particulier dans ce cas, riche d’enseignement.

L’expression corporelle

La danse, le théâtre, les jeux de rôle, l’haptonomie (cf. Le « lâcher prise, » toucher et massage) sont autant de moyens de rééquilibrer les deux cerveaux en stimulant le cerveau droit. Ce sont les activités de cette troisième catégorie qui sont privilégiés par l’approche de MédiThérapie.

En effet, ceux qui ne parviennent pas à faire ce rééquilibrage eux-mêmes naturellement peuvent avoir recours à des thérapies prooposées par MédiThérapie. (cf. Thérapie brève (ou cognitivo-comportementale))

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Que propose l’association MédiThérapie, aux sujets HSC ?

 

Un nécessaire rééquilibrage

S’agissant des sujet HSC (HyperSinistroCéphales), l’approche de l’association MédiThérapie est strictement comportementale (cf. définition sujet A quoi reconnaître un sujet « HyperSinistroCéphale » ?). En effet, nul n’est besoin de savoir si ce syndrome HSC est inné ou s’il est culturel.

Il existe probablement des prédispositions au syndrome HSC, mais nombre de facteurs ont pu l’amplifier, par exemple :

  • Une enfance dans une famille en souffrance, au contact de personnalités calculatrices et/ou dépressives (et anxiogènes) ;
  • ou au contraire, une enfance dans une famille peu structurée, au contact de parents-copains démissionnaires de leur rôle d’adultes et de parents, entraînant, par réaction, un besoin de cadre strict.

Rééquilibrer nos hémisphères gauche et droit est aussi une nécessité pour « dominer notre environnement » et négocier, au quotidien. Car il nous faut – à la fois – jouer :

  • sur le registre de l’écoute et de l’empathie
  • et souvent, dans un deuxième temps, sur le registre de l’autorité bienveillante et de la domination ;

A cet égard, il faut préciser ce qu’il faut entendre par domination et soumission, voir : Jeux de rôles : Que faut-il entendre par domination et soumission ?

Mais comment être empathique, si notre cerveau droit, qui seul permet l’empathie, est écrasé par notre cerveau gauche ?

Une approche comportementale

L’approche de l’association MédiThérapie s’adresse aux personnes présentant une souffrance, une attente et une demande claire d’aide. Elle invite les patients à s’auto-évaluer et à se plonger dans des situations révélatrices, pour les amener à trouver eux-mêmes les parades et les issues.

 

Les jeux de rôles proposés pas l’association MédiThérapie portent en particulier sur la capacité des participants à se remettre en cause (ou se mettre « en danger » par rapport à leurs habitudes de sujets HSC).

La gradation des exercices est bien sûr adaptée, et les procédures mises en œuvre sont acceptées par les sujets concernés, parce que leur cadre (lieu, durée) est bien délimité. Ainsi, s’ils étaient (légitimement) amenés à redouter de profonds bouleversements, tout au moins savent-ils qu’à l’heure prévue, ils auront la possibilité de revenir à leur cadre habituel. C’est important pour des personnes réfractaires au changement !

Apprendre la souplesse et la confiance

Les sujets HSC se croient menacés dans leur intégrité ou mis en danger, par telle ou telle posture, telle ou telle action (aller vers les autres, se livrer, porter des vêtements voyants, parler de choses intimes…), or, au cours des jeux de rôle proposés, ils découvrent, jour après jour, qu’il ne leur est rien arrivé de désagréable ou de dangereux.

Bien au contraire, ils ont pris un plaisir intellectuel immense (voire physique) à repousser leurs limites ; ces limites qu’ils s’étaient jusque là arbitrairement et tacitement imposées eux-mêmes !

Au terme de leur initiation, ils découvrent qu’on acquiert plus de force par la souplesse que par la rigidité, comme le montre bien la Fable de La Fontaine : Le chêne et le roseau .

Ils découvrent aussi que la confiance, qui nous permet de tisser des alliances et des amitiés multiples, de nous ouvrir au monde et de nous aguerrir, coûte moins cher que la méfiance qui nous renferme sur nous-mêmes et nous rend seuls et démunis face à l’imprévu.

Ils découvrent aussi que le monde n’est pas si moche (comme les médias se plaisent à le montrer) et qu’il est généreux pour ceux qui s’ouvrent, créent, partagent leur confiance et leur amour.

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Philippe Lamy

Quand recourir à la MédiThérapie ?

Quand recourir à la MédiThérapie ?

  • Vous ressentez des freins, des blocages, à votre développement personnel ;
  • Vous êtes en situation d’affrontement ou d’échec, dans votre communication avec les êtres qui vous sont chers (enfants, parents, conjoint, collègues, amis) ;
  • Vous identifiez chez un enfant, parent ou conjoint, une souffrance, que vous imaginez liée à un échec dans sa communication avec son environnement  ;
  • Vous êtes timide et ne vous reconnaissez pas le droit de vous affirmer et vous défendre, face aux autres et vous refusez ainsi le droit au bonheur ;
  • Vous désirez optimiser votre relation aux autres, pour mieux convaincre, séduire et réussir.

La démarche de thérapie par la médiation  consiste à aborder un individu, à travers l’étude de son rapport à son environnement social ou familial (approche systémique).

Deux contextes différents sont abordés par l’association MédiThérapie :

  • les médiations classiques entre plusieurs individus, parties au processus engagé par MédiThérapie (litige, conflit, identifiés et délimités) ;
  • et la démarche individuelle de développement personnel  de sujet en souffrance, par rapport une relation à un environnement, saisi dans sa globalité.
  1. La médiation classique qui a un début et une fin, un objet (un litige) et un but (la résolution d’un conflit identifié) se déroulera ainsi en présence des parties concernées, pour autant quelles soient demandeuses de ce type de processus et qu’elles adhèrent au protocole proposé. Le champ de ces médiations est large : relations familiales (notamment intergénérationnelles), conjugales, sociales, professionnelles. Au nombre de ces médiations, l’enjeu de la réussite scolaire est majeur et fait l’objet d’un protocole particulier (voir cette rubrique).
  2. L’association MédiThérapie propose également un accompagnement individuel à des personnes, qui :
  • soit, traversent une phase de crise sociale  et ne souhaitent pas nécessairement révéler leur désordre personnel  à leur entourage (en l’impliquant dans un protocole),
  • soit, désirent faire seules  le chemin d’un développement personnel,  d’une reconstruction sociale  (comme ils s’engageraient dans une thérapie comportementale, une psychothérapie ou une psychanalyse) / cf. Thérapie brève (ou cognitivo-comportementale).

 

Philippe Lamy

Diplômé de Médiation, de l’Institut de Psychologie de l’Université Lyon II

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Qu’est-ce que la « Process Com® » ?

Inventée par Taibi Kahler, dans les années 1980, la Process Com® est une approche des interactions humaines qui met en avant l’importance de nos profils psychologiques respectifs, dans la qualité de nos échanges. Cette approche définit six types de profils psychologiques de base (empathique, promoteur, rebelle, rêveur, …). Outre la base qui nous définit, nous possédons tous, dans une moindre mesure et à des degrés divers, un peu des autres types psychologiques. Notre profil psychologique se définit donc par sa base et par la pyramide des autres profils, dont le sommet est à la fois celui qui nous correspond le moins bien mais aussi le profil avec lequel nous aurons le plus de mal à communiquer.

Pouvoir communiquer avec tous

Qui n’a jamais fait la désagréable expérience de poser une question ou prendre la parole, dans un groupe, avec l’impression de n’avoir pas été entendu, que l’intervention n’a pas fait mouche ? Qui n’a jamais ressenti une certains surprise et déception, face à sa difficulté à faire partager à autrui des évidences ou des convictions ?

Nos différence de profils induisent en effet une distorsion, de notre discours, essentiellement au niveau de la forme, qui les rend peu intelligibles, voire inaudibles pour des profils de base peu compatibles avec notre propre base. Certaines personnes peuvent même se sentir agressées par les apostrophes (ressenties comme) trop familières ou trop personnelles, des profils de base « rebelle » ou « empathique ».

Le premier enjeu de la découverte de cette grille de compréhension de nos interactions, c’est de savoir être entendu de tous les individus, de profils de base différents des nôtres. Et de savoir les comprendre.

Déparasiter la communication

Le deuxième enjeu, c’est d’éviter les conduites sous stress, notamment entraînées par une mauvaise communication, qui parasitent un peu plus la communication, en identifiant les profils de nos interlocuteurs.

C’est ainsi que Process Com® s’impose aujourd’hui, auprès des individus soucieux de développement personnel, comme auprès des entreprises et organisations, comme une clef de compréhension des interactions humaines et de performance, de notre communication.

La Process Com® permet, par exemple, d’améliorer la qualité relationnelle en prévention des Risques Psycho Sociaux (RPS), à l’origine des conflits et de la souffrance au travail : l’incompréhension, la maladresse, les prêts d’intention, les interprétations et les contraintes. Ce qu’apporte la Process Com®, c’est  » comment dire les choses, aux gens, en fonction de leur profil et donc de leur capacité à les intégrer « .

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Philippe Lamy

médiateur diplômé,
de l’Institut de Psychologie de l’Université Lyon II

Qu’est-ce que l’hypnose ? Et quand y recourir ?

L’hypnose, une entreprise autoritaire

L’hypnose consiste à amener – par une entreprise de suggestion autoritaire – un sujet (le plus souvent dans une démarche d’allégeance volontaire) à littéralement « verrouiller » ou « inhiber » certaines parties de son cerveau et/ou à en « désinhiber » d’autres, pour modifier ses perceptions, voire ses comportements.

Mais que signifient le mot « autoritaire » et l’autorité, en général ?
Le mot autorité signifie trop souvent une prise de pouvoir arbitraire (voire brutale) d’un sujet dominant, sur le comportement d’un sujet dominé.

Mais le terme d’autorité peut aussi signifier une compétence reconnue, une légitimité, dans un domaine particulier. On dira, par exemple : Cet ouvrage (ou cet auteur) fait « autorité » en la matière. Ainsi, en principe, l’autorité qu’exercent les parents, sur leur enfant, est légitimée par leur savoir, leur expérience et bien sûr leur désintéressement, leur bienveillance et leur amour.

  • L’hypnose utilisée pour de spectaculaires démonstrations, dans les cirques ou le music-hall, au cours desquelles des personnes du public sont endormies sur commande et/ou se livrent à différentes actions saugrenues ou burlesques, appartient à la première catégorie d’autorité.
  • L’hypnose utilisée dans le domaine médical relève de la deuxième catégorie. On l’utilise par exemple en psychiatrie pour inhiber certains centres liés à la douleur, ou encore pour inhiber un processus d’autocensure (provenant du cerveau gauche) et permettre ainsi à des souvenirs anciens de remonter à la conscience du patient.  Rappel : Notre cerveau est complexe et toutes ses zones sont interactives. Il existe cependant une représentation moderne, certes schématique et/ou conventionnelle, qui isole deux grandes zones « spécialisées », aux fonctions différentes et complémentaires: les hémisphères cérébraux gauche et droit.

Ce que peut l’hypnose

L’hypnose en médecine et en psychologie permet, par exemple, une action :

  • analgésique : elle permet un contrôle de la douleur (lors d’un accouchement par exemple, ou bien en chirurgie dentaire).
  • sur certaines hypertensions artérielles, asthme, eczéma, psoriasis, verrues, prurit, toutes les affections psychosomatiques et dysfonctionnements sexuels ;
  • contre les acouphènes, vertiges, migraines, insomnies, tics, stress, anxiété, la peur, les phobies;
  • contre l’agressivité, le traitement de la douleur, les névroses, l’anorexie, la boulimie;
  • pour favoriser le sevrage, en cas de dépendance alcoolique, tabagique, toxicomaniaque;
  • pour combattre les phobies, l’énurésie, les dépressions, les névroses post-traumatique;
  • contre le manque de confiance en soi, la timidité, le rougissement;
  • pour la préparation aux examens et concours;
  • pour résoudre les problèmes scolaires, professionnels, les problèmes relationnels de couple, mais aussi de la famille;
  • en médecine du sport : la visualisation et l’anticipation en hypnose sont utilisées pour améliorer les performances;
  • chez le malade cancéreux : utilisation de la visualisation en hypnose pour augmenter l’action de la chimiothérapie ou des greffes de moelle osseuse.

Comment fonctionne l’hypnose ?

Contrairement à une idée répandue, l’hypnose ne vise pas à endormir  le sujet, mais à le placer dans une attitude de « lâcher prise » ou de baisse de vigilance, le rendant réceptif aux suggestions de l’hypnotiseur.

Il est généralement nécessaire, pour cela :

Il existe deux principaux types d’hypnose :

  • La première, conventionnelle, fut pratiquée jusqu’à Freud et consiste à suggérer au patient des capacités. Par exemple : «Tu guériras  », et le patient de guérir.
  • La deuxième, l’hypnose Ericksonienne, plonge le patient dans un état de semi-veille , dans lequel il peut encore percevoir la voix du thérapeute et réagir à ses suggestions.

L’association MédiThérapie  organise des séminaires et formations de découverte de l’hypnose.

On peut ici noter qu’il existe d’autres techniques, pour apaiser, reconnecter le sujet en panique ou en perte de repères, pour l’aider à canaliser ses énergies dans un sens ordonné et positif, par exemple le Shibari japonnais (cf. Shibari, allégeance et Shiatsu).

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Monsieur Ismaël et le Ki-Golo (médecine traditionnelle africaine)

par Philippe Lamy

Indirectement, c’est grâce au Rotary Club International que je connus Monsieur Ismaël, éminent guérisseur africain.  Dans les années 1993-96, je fréquentais en effet régulièrement le Rotary Club de Paris Dauphine. Chaque jeudi nous y accueillions des personnalités du monde entier, de passage à Paris.

Le Rotary Club de Paris Dauphine est un club hors norme, au rayonnement exceptionnel, qui attire beaucoup de monde. Il comptait à l’époque plus de trois cents membres inscrits, parmi les plus prestigieux : hommes de lettres de renom, scientifiques de haut vol (chercheurs, professeurs de médecine), présidents de grandes entreprises, avocats en vue, artistes de renom, politiciens etc. Or, si ces derniers n’étaient pas toujours d’un abord facile, les étrangers de passage étaient le plus souvent d’une grande disponibilité d’esprit. L’isolement où les plaçait notre langue (le plus souvent mal maîtrisée) et l’absence de toute vie sociale, causée par un récent « parachutage », en faisait de charmants convives. Je recherchais ainsi volontiers leur compagnie. Moi qui voyageais peu, je goûtais ainsi les joies d’un certain dépaysement, à peu de frais.

Parmi ces rencontres sans lendemain, mes brefs échanges, avec le Dr Levy, ont compté parmi les plus décisifs. Puisque, grâce à lui, je devais rencontrer un être exceptionnel.

Le Dr Levy, psychiatre de la côte est des États Unis, s’était déplacé jusqu’à Paris – me déclara-t-il – dans le seul but de rencontrer un guérisseur africain, aux pratiques prétendues « extraordinaires »… Un tel déplacement m’interpella et je voulus en savoir plus. Le Dr Levy m’indiqua en effet souhaiter rédiger un article pour une revue médicale américaine. Il se proposait ainsi de voir le soir même ce fameux guérisseur.

Le jeudi suivant, je revis le Dr Levy. Il me cherchait, semblait-il, du regard et se dirigea vers moi dès mon arrivée. Il paraissait en grande effervescence. Bien entendu, je l’interrogeai aussitôt sur cette improbable rencontre entre la médecine académique occidentale et les pratiques les plus obscures venues du fond des âges.

Son ton me surprit. Il ne s’agissait pas du registre convenu et lisse de ces déjeuners rotariens un peu formels. Dr Levy me regarda un instant, sans un mot. Il hésitait à l’évidence à me raconter… ou bien il ne savait pas par où commencer. Peut-être voulait-il seulement sonder ma capacité à entendre et à comprendre ce qui l’avait lui-même surpris et bouleversé, avant de s’aventurer à tenter de le partager avec le presque inconnu que j’étais pour lui.

Il bredouilla enfin : « – I can’t believe it!   It… it’s just incredible… You ought to see that  ». Dr Levy m’expliqua alors que ce fameux M. Ismaël, pratiquait un art étrange… quelque part à la croisée des chemins entre des disciplines aussi différentes que la psychothérapie, l’ostéopathie, l’hypnose et/ou l’acupuncture (voire l’exorcisme ou le désenvoûtement). Il évoqua même le mindfulness touch, dont je n’avais jamais jusque-là entendu parler. Frappé de l’évidence de cette démarche multiple, il m’expliqua sobrement : « C’est évident ! Ce mec a tout compris ! On apprend, à n’importe quel représentant de commerce, que – pour mettre en confiance un potentiel acheteur – le vendeur doit, au moment du closing, toucher son interlocuteur (pression sur l’avant-bras, main sur l’épaule etc.). Et, M. Ismaël, il le fait ! Il le fait… Et pas à moitié ! Il le fait même de manière géniale ! Mais dans le cadre d’une sorte de psychothérapie ! Alors qu’à nous psychiatres, on nous demande – à la fois – de susciter un transfert, mais surtout de ne pas toucher le patient, lui, il le masse ! Et surtout, il le guérit ! Incroyable. Non ?

Écoutez, Philippe Vous avez sûrement… mal au dos, des insomnies… des angoisses, je ne sais pas, moi… Allez le voir, sous n’importe quel prétexte. Et vous m’en direz des nouvelles ! »

Il me donna alors son adresse, quelque part près du boulevard Barbès et de la Goutte d’Or. Je ne revis pas le Dr Levy les jeudis suivants et n’en eus plus de nouvelles d’ailleurs, car à l’époque nous n’avions encore – moi en tout cas – ni GSM ni adresse e-mail et on perdait plus souvent la trace des gens. Mais je me rendis bien vite à la Goutte d’Or.

J’étais en effet alors seul à Paris loin de ma famille (qui vivait à Lyon), depuis plusieurs longues semaines. Et je m’ennuyais ferme. Je n’aurais sans doute pas prêté attention à cette étrange invitation, si je n’avais été aussi disponible et aussi seul.

Je rencontrai M. Ismaël (Maël, pour ses amis), un lundi soir.

Le Dr Levy avait organisé mon rendez-vous, dans un bistrot (près du métro Château Rouge). M. Ismaël arriva une bonne heure en retard. J’aurais renoncé à l’attendre, si le tenancier ne m’avait pas incité à la patience. « Avec Maël, c’est toujours comme ça », disait-il. « Avec les personnes, on sait parfois quand il commence, mais jamais quand il finit ! »

C’était un soir d’hiver et le bistrot était animé (musique africaine, éclats de rire). L’atmosphère était enfumée et moite. Des relents de cuisine exotique vous prenaient à la gorge. Je n’étais pas tout à fait à l’aise… Je me sentais déplacé, incongru avec mon costume-cravate… Et M. Ismaël qui n’arrivait toujours pas… Et pour tout arranger, il n’avait pas le téléphone, m’avait dit Levy.

Et puis M. Ismaël a débarqué. Il s’est tout de suite dirigé vers moi. Facile ! J’étais presque le seul blanc de la salle, en tout cas le seul type cravaté qui avait avalé son parapluie, le seul qui ne riait pas, le seul qui ne faisait que regarder la porte… C’était un grand black, aux cheveux courts et gris. La soixantaine bien sonnée. Il était mince et tout en jambes.

« – Désolé, petit, je t’ai fait attendre ! » me lança-t-il , avec un grand sourire édenté qui illumina son visage décharné. Il me prit la main entre les deux siennes et la secoua doucement en me fixant droit dans les yeux. Ces deux mains sèches et craquelées, plus grises que noires, enfermaient la mienne et semblaient ne pas vouloir la lâcher.

« – Je, je viens de la part du Dr Levy. Vous avez dû le voir la semaine dernière », commençais-je.

« – L’Américain ! Bien sûr ! Il est marrant, ce type. Tu le connais bien ? Il a l’air drôlement savant ! J’aimerais bien avoir un fils comme ça ! Et toi, tu veux quoi ? ».

« – Moi ? Eh bien, j’ai ma femme qui a mal en haut du dos. Et puis dans le bras. Et on sait pas bien ce qu’elle a. Ça dure depuis longtemps… Elle est un peu paumée… Et moi aussi. Et puis moi, je dors pas bien… C’est difficile de voir souffrir quelqu’un qu’on aime. Et de rien trouver à faire d’utile pour lui. »

Il sourit de manière compatissante, mais précisa : « – Je suis pas magicien, tu sais. Je sais pas soigner les gens, sans les voir ! Va la chercher, ta femme ! » Et il rit de plus belle.

« – Non. C’est pas possible. Pas aujourd’hui. Elle habite à Lyon ».

« – Ok ! Je vais essayer de m’occuper de toi, alors ! T’as pas l’air bien en forme, non plus. Mais d’abord, c’est l’heure de l’apéro, on va boire un coup ».

Maël m’offrit alors un breuvage étrange, de teinte grisâtre, sans doute très alcoolisé. Je n’osais refuser. Et, grimaçant derrière ma main qui tenait le petit verre, je tentais d’en finir vite avec ce rugueux liquide (beaucoup trop fort et pas très bon, pour être honnête).

Il m’emmena ensuite dans son logement, au troisième étage d’une petite maison sur cour, rue Myrtha. C’était une sorte de squat. En tout cas un immeuble quasi-insalubre. Mais les personnes qu’on croisait n’avaient pas l’air d’en être affectées. Elles saluaient mon guide d’un jovial « Salut Isma ! » ou « ça va Maël ? »

Il me fit entrer dans sa cuisine. Fit place net sur la table, balayant quelques miettes, du revers de la main. Puis y étendit une sorte de matelas de plage éreinté et douteux. Et prétendit m’y installer, visiblement pour un massage.

« – Mais ça va, moi. J’ai pas besoin de massage ! C’est ma femme qui a mal au dos. Pas moi ! »

Je commençais à regretter ma visite, me demandant dans quelle galère, je m’étais fourré. Il se frappa les cuisses, en riant. « – Je vais pas te découper, petit blanc ! Je travaille dans ma cuisine, mais je suis pas cannibale ! » Et il rit de plus belle.

Je me sentis un peu ridicule. De quoi avais-je peur, au fond ? C’est sûr, il n’allait pas me manger. Qu’est-ce que j’avais vraiment à perdre ? Que pouvais-je craindre ?

M’attachant à ne pas regarder l’état de saleté, du matelas déchiqueté, je me mis à plat ventre, comme il m’y invitait. Je plaçai ma joue sur mes mains, pour éviter un contact avec le matelas crasseux.

« – Tu es tout noué, petit. Qu’est-ce qui ne va pas ? »

Je ne répondis pas tout de suite. Il commença alors à m’envelopper la nuque, de ses larges mains. Puis ses mains suivirent mes épaules et mon bras. Il malaxait, au passage, le haut de ma colonne vertébrale de ses longs pouces. Son geste était lent et puissant. Il le répéta plusieurs fois.

« – Enlève ta veste, petit. On va la froisser. »

Je ne me fis pas prier. La situation me paraissait pourtant incongrue. Je n’avais pas voulu ce massage. Je n’aimais pas les massages, par principe. Et ce, depuis toujours. Et pourtant, j’ôtais docilement ma veste et repris place.

«  – Attends, petit. Tu seras mieux comme ça. » Il attrapa dans un placard, au-dessus de l’évier, une serviette éponge propre. Et me la fit étendre, pour m’éviter le contact avec la toile peu ragoutante, du matelas.

« – T’es un délicat, petit blanc. Si t’as pas une serviette propre, tu vas jamais te détendre ! Je te l’ai pas proposée tout de suite, pour voir ! Juste pour voir si t’allais partir en courant ! » Et il éclata encore d’un rire joyeux. Je ris à mon tour de bon cœur.

« – Tu vas me parler de ta femme. Et de ses douleurs. Mais avant, tu vas aussi me parler des tiennes. »

Il se posta alors sur mon côté gauche. Et posa bien à plat ses deux grandes mains, la gauche sur ma nuque, l’autre à la base de ma colonne vertébrale. Il resta alors immobile et silencieux un long moment. Ses mains dégageaient une chaleur sèche et douce.

« – Détends-toi, petit. Respire doucement… Détends-toi. Tu parleras un peu plus tard. »

Je ne me souviens plus précisément du déroulement de cette première séance. J’étais sans doute sérieusement noué, depuis des mois, depuis des années, depuis que ma vie d’adulte avait cassé, un à un, mes rêves d’enfant. J’étais surtout noué, depuis que la vie professionnelle s’était révélée dans toute son âpreté et son ingratitude, depuis que j’avais collectionné un certain nombre d’échecs humains, financiers, amoureux. Depuis que la souffrance de ma femme et mon incapacité à la soulager m’imposaient cette limite à ce que je croyais être la toute puissance de l’amour. J’étais aussi noué et meurtri, depuis que j’entrevoyais que cette souffrance de ma femme puisse, en partie, être imputable à mon incapacité à la comprendre et à satisfaire ses rêves, comme son besoin de sécurité matérielle…

Cette séance dura sans doute plus d’une heure. Au cours de laquelle je me détendis tout à fait. Je commençai ainsi à réaliser l’existence de mes blessures et tentions inconscientes.

Un coin du voile allait ensuite se lever, mois après mois, sur leur détail. Et parfois sur leur cause. Envisager les remèdes serait bien sûr une autre paire de manches…

Je revis ainsi Ismaël plusieurs fois par mois (et parfois par semaine), pendant 3 ans. Il m’aida à éclairer mes problèmes, à prendre conscience de qui j’étais, de ce que je voulais vraiment, de ce que je pouvais et devais faire pour mon entourage. Il m’aida aussi à réaliser mes limites, à jouer avec elles, à les apprivoiser. Il m’apprit certains massages qui parfois dénouent les âmes et soulagent les souffrances du corps. J’en fis bien sûr bon usage et tentai de délivrer ma femme de ses souffrances. Mais n’y parvins pas. Ce douloureux échec m’incita à revenir plusieurs fois auprès de Maël, pour apprendre, scolairement s’il le fallait, le juste geste, le juste ton.

Il ne voulait pas (ou était incapable) d’un enseignement didactique. Certains mercredis soir il me montrait les gestes. Il disait alors à ses patients que j’étais son apprenti. Certains tordaient un peu le nez. Mais personne ne m’a demandé de sortir. Parfois, il me disait :

« – Je suis fatigué, petit blanc. Je vais prendre un remontant. Je reviens dans cinq minutes. »

Il descendait alors au café. Et je commençais à masser certains habitués, à sa place. Il ne revenait parfois pas avant une heure… parfois un peu éméché.

« – Tu bois, M. Maël ? Tu n’es pas un bon Musulman !  »  le grondait alors son patient.

« – Allah est grand ! Et Il me comprend. Pour accepter les limites que la religion impose, il faut les dépasser de temps en temps, les apprivoiser, pour voir ce que ça fait ! Autrement, quel mérite y aurait-il à les respecter ? Malheur à celui qui ne franchit jamais les limites. Il devient un fanatique borné et moralisateur. Allah n’a pas besoin de moutons qui Le craignent sans comprendre,  mais d’hommes responsables et généreux qui prennent des risques, donnent sans compter. Et méritent, en retour Son indulgence ! »

Petit à petit, je pris confiance. Et je crois que je ne m’en sortais pas trop mal. Mais j’avais besoin de comprendre la théorie, sa théorie, son truc, le secret de l’efficacité de sa méthode et de son succès, auprès du petit nombre de se adeptes de la Goutte d’Or.

« – Tu veux trop savoir… alors qu’il ne s’agit que de sentir ! Tu es déformé, par ta culture, petit blanc. Tu crois que tout s’apprend des autres ! Mais tu fais fausse route ! Tu dois sentir en toi, au plus profond de toi, le courant qui passe, entre la personne et toi. Tu dois avoir des yeux au bout des doigts, pour sentir où est la souffrance, où est la tension et où est la détente. Tu dois aussi ouvrir grand tes oreilles et ton cœur, pour sentir les souffrances, avouées ou inconscientes. Mais t’as pas confiance en toi… Pourtant, ce que tu seras un jour est déjà en toi. Tu dois aller le chercher au plus profond de ton âme. »

Je l’interrogeais aussi sur l’acupuncture, sur le shiatsu, les chakras…  J’aurais voulu identifier les correspondances entre son approche personnelle et ces théories qui postulaient l’existence de circuits d’énergie complexes (cf. Les chakras, portes de notre âme, de notre esprit et de notre corps). Ça l’amusait. Mais ça l’agaçait aussi un peu.

« – C’est très bien tout ça. Et ça marche sûrement ! Mais moi, je n’ai pas besoin de la carte chinoise des énergies ni des chakras hindous, pour sentir les bonnes et les mauvaises ondes. Je les sens, au bout de mes doigts. Et toi aussi, tu sens tout ça. Mais tu n’as pas confiance en toi. Tu sais, petit, tu dois faire comme les aveugles qui apprennent à développer d’autres sens, parce que la vue leur manque. Toi, c’est pas la vue qui te manque, mais tu bloques tes sens, par ta science, par tes préjugés, ta raison, ton langage, ton éducation, ta culture, tes tabous… et surtout par ton manque de confiance en toi, en tes intuitions et en ta légitimité. Et du coup, tu fais pas confiance à ton instinct, tes émotions, ta créativité, ta spontanéité… Tu ne t’abandonnes pas au présent. Quand tu vis une expérience, tu la vis à moitié, tu te demandes dans quelle catégorie tu vas la classer et ce que tu vas en faire. Tu as tout faux, petit blanc. On n’est pas heureux, comme ça. On n’atteint jamais la plénitude de l’instant présent. La conséquence, c’est qu’on n’a rien – non plus – à donner à ceux qui partagent notre présent. »

Nota  : L’article de ce même blog, qui traite de la complémentarité hémisphère cérébral gauche et droit complète ce propos (cf.  ACCUEIL).

Maël, il disait que c’était tous les blancs qui étaient comme ça.

« – Si tu veux apprendre à soigner ta femme, à guérir ton stress et à donner du bonheur autour de toi, tu dois changer tout ça. Tu dois découvrir le bonheur de s’aimer soi-même, de s’accepter, d’accepter ce que la vie nous donne, sans en demander plus. Et tu deviendras aussi un peu africain ! Toi, tu peux comprendre ça, petit. Les cultures de la Méditerranée sont proches. Or, parmi celles-ci, la culture africaine est dominante !  Et toi, tu es un peu… méditerranéen. Non ?  C’est pas comme ton Américain, le Dr Levy. Il est repassé me voir, récemment. Et tu sais ce qu’il m’a dit ? Que son article il sortirait jamais. Trop compliqué pour lui, de faire comprendre aux Américains, que pour calmer un enfant qui pleure, il vaut mieux le prendre dans ses bras, le consoler et le bercer, que lui planter des aiguilles dans le corps ou lui administrer des médicaments. »

Sa gentillesse et sa bonne humeur étaient communicatives. Il massait bien et beaucoup, pour aider ses patients (il disait les personnes ) à se confier, à extirper leurs malheurs, à verbaliser, comme on dit en psychologie. C’était aussi un sacré parleur, un philosophe, un prédicateur, même. Mais, par-dessus tout, il savait écouter, comme personne. Et il se rappelait toujours ce qu’on s’était dit. Et quel que soit le caractère honteux des mesquineries qu’on pouvait être amené à lui dévoiler, on se sentait toujours aimé, approuvé et accepté. On se sentait toujours beau et légitime, dans son regard.

J’ai malheureusement perdu de vue Ismaël, en 1997. Resté plusieurs mois sans pouvoir lui parler (je n’habitais plus Paris et il n’avait pas le téléphone), je lui écrivis plusieurs fois, mais n’eus aucune réponse. Puis, lors d’un passage à Paris, un ou deux ans plus tard, je devais apprendre qu’il avait quitté la France.

Sevré de cette stimulante bonté rayonnante, je tentai, avec quelques amis médecins, de formaliser ce que j’avais retenu de cet enseignement touffu de trois années.

Le premier médecin qui me fit confiance – a priori  – fut le Docteur Jean-Pierre Duboc, aujourd’hui encore médecin à Lyon VIème, homéopathe et défenseur des médecines complémentaires et du concept de thérapie intégrative.

Puis ce furent plusieurs grands pontes de la médecine moderne, de culture africaine. Parmi ceux-ci, je remercie :

Le Professeur Ilunga KABYLA (titulaire de la Chaire UNESCO de Santé Publique à l’Université de Lumumbashi), le Professeur MOUTOMBO-NKULU (de l’université de Temple-Philadelphia, U.S.A.), le Docteur Daniel EDJO’O (médecine interne, à BAD-SÄCKINGEN, Allemagne), le Docteur Louisa DOLOGULE (de République Centrafricaine), Mlle Catherine Ngono (de Berlin, Allemagne), le Docteur Gaëtan KISAKA (médecin à Maubeuge, France), le Docteur H. Paul MESSI (de Berlin, Allemagne), le Docteur Adelbert KASONGO (de Maubeuge, France).

Il m’indiquèrent alors que la médecine moderne classait le genre de pratique à laquelle j’avais été formé dans les thérapies intégratives, dont Monsieur Ismaël était lui-même – à son insu, semblait-il – un précurseur.

J’appris bien plus tard que, s’agissant du soin du corps par l’esprit et de l’esprit par le corps, on parlait d’haptonomie. Je fis  alors des recherches dans ce sens et me formai à cette discipline au fil des années, notamment à travers différents modules de l’ÉEPSA / École Européenne de Psychothérapie Socio-& Somato-Analytique.

Aidés de ces éminents médecins académiques, cependant ancrés dans la culture traditionnelle africaine, nous avons alors porté sur les fonds baptismaux un comité scientifique, sous l’égide de l’association France Afrique…  Mais les louables entreprises se heurtent parfois à de triviales considérations matérielles, à la lourdeur administrative, au manque de disponibilité (ou de motivation) des uns ou des autres, à la résistance au changement. Et ce beau projet mourut dans l’œuf, après une stimulante et prometteuse séance inaugurale, le lundi 15 février 1999, à Paris, dans les salons de l’hôtel Raphaël, avenue Kleber à Paris.

A la lumière de l’échec de cette noble entreprise, je ne peux résister à la tentation de reproduire, ci-dessous, un extrait du PV de la réunion inaugurale du 15 février 1999. Monsieur Maël rirait bien, s’il en avait connaissance et se moquerait de moi, une fois de plus !

Extrait du PV de la réunion inaugurale du 15 février 1999

« Le Docteur DUBOC demande que soit cadré le champ de l’étude du Ki-Golo et des pratiques apparentées ou équivalentes ; le terme générique proposé est celui de “chirologothérapie”, le Ki-Golo n’étant qu’un des termes employés et ne regroupant qu’une des pratiques de médecine traditionnelle africaine, associant le geste et la parole.

Les participants conviennent que, si le tradi-praticien du Ki-Golo africain est amené à aborder un panel de pathologies variées, l’importation en Europe d’une pratique incontestable, inspirée de cette technique, semble plus particulièrement devoir s’inscrire dans une approche psychothérapeutique. Cet a priori mérite cependant d’être nuancé, car si les pratiques des rebouteux ou des guérisseurs sont mal connotées, dans la communauté scientifique occidentale, l’ostéopathie, en revanche y jouit d’une meilleure renommée. A son instar, le Ki-Golo, appliqué à des pathologies fonctionnelles bénignes (d’origine psychosomatique en particulier), ne doit peut-être pas nécessairement être écarté de ces affections légères.

Le Professeur KABYLA rappelle que l’étude du Ki-Golo ne se fera qu’à travers un matériau consistant d’écrits et de témoignages. Ces écrits seront soit des ouvrages ou des traités anciens, soit des thèses modernes. Le Professeur KABYLA propose de lancer un appel à la collaboration scientifique, à la transmission d’informations et à témoignages, à travers l’information des communautés scientifique et universitaire mondiales, sur la démarche entreprise par France-Afrique. De même, la collaboration de la presse sera sollicitée et un site Internet créé. Ce site servira de plate-forme à la communication, grâce à une rubrique « forum » et une boîte aux lettres électronique associée.

Le Docteur EDJO’O rappelle l’intérêt de nombre de ses confrères allemands et ukrainiens (d’origine européenne et africaine) pour cette étude, ainsi que l’intérêt de sociologues et de psychologues pour le sujet. Aussi, parallèlement à la collecte des informations théoriques, le Docteur EDJO’O propose-t-il que soient organisés en Allemagne des ateliers d’application clinique du Ki-Golo.

Le Professeur KABYLA demande alors à Philippe LAMY, « tradi-praticien » formé au Ki-Golo, s’il peut former à son tour les membres du Comité, ainsi que les futurs étudiants ou scientifiques intéressés à cette matière et partager sa pratique et son savoir.

Philippe LAMY formule un accord de principe, mais insiste sur le caractère purement pratique des connaissances acquises. La « pratique » transmise devra ainsi être complétée par un discours scientifique qui restera de la responsabilité du Comité. Philippe LAMY propose ainsi de réunir les scientifiques et les étudiants (ou des patients volontaires) dans la constitution d’ateliers d’application clinique, sous le contrôle et la responsabilité scientifique des médecins du Comité (ou des médecins traitants habituels des patients), en particulier s’agissant de cas relevant habituellement de l’indication de psychothérapie.

Le Professeur KABYLA appelle le Comité à la vigilance et rappelle la réticence, du monde médical français, à l’égard de toute pratique réputée relever du charlatanisme ou de l’exercice illégal de la médecine. Le plus grand soin devra donc être apporté à la présentation des ateliers envisagés et à l’information des participants sur leur caractère expérimental.

Les instances médicales françaises devront d’ailleurs être tenues informées.

Le Professeur KABYLA suggère de reproduire ce modèle d’ateliers d’application clinique du Ki-Golo aux Etats-Unis, plus réceptifs et plus ouverts que le milieu médical français aux médecines complémentaires ou traditionnelles.

A cet égard, il souligne l’intérêt de son confrère le Professeur MOUTOMBO-NKULU, de l’université de Temple (Philadelphia) U.S.A.

Le Professeur KABYLA propose en outre aux membres du Comité de venir, à son invitation, en juin et juillet 1999, à l’Université de Lumumbashi (Congo), où il organise (dans le cadre de sa chaire de Santé Publique à l’UNESCO, le Deuxième Colloque International « Santé, Education et Dialogue, pour le Troisième Millénaire ».

A cette occasion, il pourra présenter l’étude, entreprise par l’association, à la communauté scientifique internationale et organiser des ateliers débats.

De plus (notamment en sorte de pérenniser l’action de diffusion des techniques médicales ancestrales africaines, comme de les inscrire dans un projet moderne de développement scientifique et universitaire) Philippe LAMY rappelle son attachement à la création d’un Institut Universitaire de l’Afrique Moderne en Europe. Cet organisme serait notamment un centre culturel, un centre universitaire, une bibliothèque et une vitrine de l’Afrique moderne ouverte sur le monde. »

Quelle farce ! Rien de tout ceci ne vit finalement le jour. Et les liens providentiels créés à l’occasion de cette séance inaugurale historique du comité scientifique du Ki-Golo se disloquèrent en quelques mois, faute d’un véritable leadership et faute de moyens. Ce déplacement à mon invitation, de tous ces éminents spécialistes à Paris, pour certains depuis l’étranger, pour cette première séance était pourtant inespéré et prometteur. Je pense cependant que cette rencontre a eu lieu trop tôt… d’une part parce que mes activité professionnelles étaient alors trop intenses pour que je m’investisse suffisamment dans ce projet et aussi, parce que juste avant la démocratisation d’Internet et des courriers électroniques qui auraient si aisément pu nous garder en lien.

Le bon Monsieur Ismaël se tordrait les côtes de rire, sans doute, s’il est encore de ce monde, de voir tant de vaine agitation, autour de son art pourtant si naturel ! Pour lui, le savoir ne pouvait se transmettre à grande échelle. Il était ainsi réfractaire au principe d’un corpus de connaissances, aveuglément livré à une masse informelle. Seule, ainsi, la transmission orale d’un savoir faire et d’un rite initiatiques était possible. Comme cela s’était toujours fait, en Afrique, depuis la nuit des temps. C’est cette initiation individuelle qui permet aux « élus » de se révéler à eux mêmes et de devenir enfin ce qu’ils n’étaient que potentiellement.

Incapable de gérer la noble entreprise qui devait aboutir à la rédaction d’un corpus de connaissance et à la promotion d’une médecine traditionnelle africaine reconnue et scientifiquement encadrée, je me bornerai donc à raconter, en quelques mots seulement ce que j’ai vu et appris, rue Myrtha, à la Goutte d’Or de 1993 à 1997.

Au cours des trois années de mon séjour parisien, j’ai surtout admiré la bienveillance de M. Maël et l’unanimité de l’enthousiasme (parfois hystérique) qu’il suscitait. Certaines fois, il y avait la queue dans son escalier. Il allait alors voir les personnes, une à une, les rassurait par un geste ou un conseil et les renvoyaient chez elles apaisées, revenant aux cas les plus urgents.

De ce que j’ai pu apprendre de M. Maël, il serait né dans les années 20, au Sénégal. Il n’aimait pas parler de lui et disait toujours que son passé l’intéressait peu. Il répondait par exemple souvent à une question, par une autre question, ou par sa réplique fétiche :  « Tu veux tout savoir trop vite, petit blanc ! », ou encore par un éclat de rire qui voulait dire la même chose.

Au cours de ces trois années, j’ai malgré tout glané quelques informations sur son parcours chaotique. Arrivé en France, pendant la deuxième guerre mondiale, avec un bataillon de Tirailleurs Sénégalais, il subit un véritable massacre, au cours duquel 188 de ses camarades furent exterminés, par la division de SS allemande Totenkopf, en juin 1940. Grièvement blessé, mais rescapé par miracle de cette boucherie, il fut recueilli, caché et soigné en France jusqu’à la libération (par une femme dont il n’a rien voulu dire). Il est alors monté à Paris. Il y a exercé le métier (ou le sacerdoce) de sorcier, guérisseur, voire psychothérapeute, jusque dans les années 1997, date à partir de laquelle j’ai perdu le contact.

Des personnes en souffrances (douleurs du dos, rhumatismes et/ou trouble du sommeil, perte de l’appétit, syndrome dépressif…), venaient trouver M. Ismaël. Était-ce son nom ou son prénom, d’ailleurs ? Je l’ignore encore. Il les écoutait, les rassurait. Toutes trouvaient, auprès de lui, le réconfort.

L’approche de M. Maël était presque immuable, quelle que soit le motif de la visite. Il faisait asseoir son patient, sur un pouf en peau de zèbre, en face d’un petit guéridon (où lui était servi un thé à la menthe) et il prenait place en face de lui. Puis il lui souriait d’un bon sourire édenté et l’invitait à raconter ses malheurs.

Au cours de la séance qui pouvait être longue (parfois près de deux heures), il ne prenait aucune note, mais clignait des yeux, hochait la tête et se frottait le menton, en signe d’écoute et d’encouragement à poursuivre. S’il le jugeait utile, il prenait la personne par l’épaule et la conduisait sur une vieille table d’examen éreintée (et douteuse) ou sur sa table de cuisine lorsqu’il recevait deux personnes simultanément ; ce qui était plus que fréquent. Il oubliait d’ailleurs souvent l’une des deux pour se consacrer à l’autre. Comme il l’avait fait avec moi, il facilitait les confidences par un massage enveloppant et apaisant, accompagné d’une calme exhortation aux confidences, quasi hypnotiques.

Monsieur Ismaël était un marabout respecté, à la fois guérisseur de l’âme et de l’esprit. Tel un rebouteux de nos anciennes contrées françaises, il repoussait le feu, réparait les entorses, soignait les douleurs du dos, mais il savait aussi prendre soin des esprits et des âmes. Certaines personnes en peine, mélancoliques (ou même en burnout) lui réclamaient son fameux massage de l’âme. Il s’agissait en fait d’un soin de relaxation bienveillant qui agissait tout autant sur l’âme et l’humeur que sur le corps. Le corps détendu dans un état de profond lâcher-prise n’était ainsi qu’un récepteur d’énergie et d’émotions positives, pour l’âme. Ismaël me disait : « – Tu dois apprendre à sentir l’âme des personnes au bout de tes doigts, petit blanc. Si tu fermes les yeux et ouvres ton cœur, tu apaiseras leurs blessures et leurs peines, tu éveilleras leur force vitale et toute leur énergie positive, tu les ramèneras alors dans la plénitude de leur âme triomphante. Je ne vois ici que de belles personnes, petit, que de belles âmes. Elles sont un peu cabossées, ces âmes, parfois, mais ce n’est pas difficile de leur rendre leur beauté, petit. Tu verras, fais-toi confiance ». Ismaël m’appelait plaisamment parfois « blanc bec », introduisant ainsi le rappel de mon double handicap : celui de n’être pas d’ascendance africaine et celui d’être un néophyte trop pressé, trop empressé et peu sûr de lui.

Monsieur Ismaël m’a patiemment initié à cette thérapie ancestrale, ainsi qu’à l’art de soigner le corps par l’esprit et l’esprit par le corps sans jamais s’impatienter. Par la suite, je n’ai jamais retrouvé une telle bonté d’âme (justement) que chez Monsieur Ismaël. Cette beauté qu’il redonnait aux âmes, c’était sans doute un peu de la sienne. Plus tard, j’ai retrouvé trace d’une pratique rituelle appelée Soul touch. Était-elle comparable ? Je ne saurais le dire. Les rares informations que j’ai pu trouver m’ont laissé penser qu’elle devait être plus religieuse que thérapeutique. Le Soul touch indou parait en fait mixer différentes techniques de relaxation, d’imposition des mains, et d’effleurement énergétique. Le tout dans un état de pleine conscience, favorisé par une mise en condition psychique préalable ou veille modifiée.

Initié à son approche thérapeutique et à son écoute si bienveillante, j’ai cependant éprouvé le besoin de compléter ma formation à l’Institut de Psychologie de l’Université Lyon II, à l’EEPSSA (Ecole Européenne Psychothérapie Socio Somato Analytique), par différents modules, avec le Dr. Iv Psalti de Bruxelles en sexologie (http://www.massage-feminin-lyon.fr/sexualite-positive/), ainsi qu’à diverses autres sources, par la suite, notamment en Suisse pour le massage de pleine conscience (mindfullness touch). Mais nulle part, je n’ai retrouvé une telle générosité, dans l’enveloppement, une telle efficacité (force, douceur combinées), une telle intelligence émotionnelle et une telle écoute au bout des doigts que celles que dont débordait mon maître, Monsieur Ismaël.

Pour finir et pour résumer les quelques éléments que le Dr Duboc et moi avons tenté de formaliser, après l’échec du Comité scientifique du Ki-Golo, nous proposons ces quelques lignes :M

INTRODUCTION

Nature et santé sont indissociablement liées et il n’est pas d’épanouissement du corps dans la contrainte (régime excessif, corset, carcans de toute nature…).

L’homo occidentalis  est couramment en proie à l’inconfort d’une modernité et d’un prétendu progrès  technique qui s’imposent à lui comme une fin et une éthique, plus que comme un moyen de parvenir à l’équilibre, à l’harmonie sociale et au bonheur. Son moi  est en effet tiraillé entre nature et culture. Il est à la recherche de son identité : être animal ou être social.

Dès les premières années de son apprentissage de la vie, l’enfant d’homme découvre que seules les sensations négatives de son corps sont avouables (douleurs, irritations, lésions organiques etc.), alors qu’il convient de ne pas parler des sensations positives, voire de ne pas accepter le plaisir physique, car il est peu de plaisirs reconnus innocents. En notre société, seul le plaisir intellectuel est socialement correct, émotion artistique ou littéraire, par exemple… encore que pour être tolérée, l’émotion artistique se doive d’être chaste (ce qui relève du paradoxe !).

L’homme moderne (dont Freud a cependant bien montré à quel point il était, au fond, préoccupé de son corps) ne mesure pas combien il s’est éloigné de l’antique devise “ Mens sana in corpore sano  (un esprit sain dans un corps sain) ”. Un corps sain n’est en effet ni un corps châtré (condamné aux seules performances sportives !), ni un corps virtuel, voué à actionner le clavier d’un ordinateur ou les commandes d’une console de jeu vidéo.

Pourquoi l’homme occidental se complaît-il alors dans le sacrifice et l’ascétisme et s’égare-t-il dans le virtuel ? La raison est évidente : la famille est la cellule de base de l’appareil social. La société, pour défendre son ordre et sa cohésion, a en effet instauré le tabou sexuel comme principal moyen de lutte contre la polygamie et donc l’éclatement de la cellule familiale. Or, les ayatollahs de notre pensée moderne occidentale ont réussi le tour de force d’imposer l’amalgame militant (et la confusion) entre acte sexuel et contact épidermique, dans une société moderne pourtant avide de défendre la liberté sous toutes ses formes ! La propagation des maladies sexuellement transmissibles (il est vrai alarmante en notre époque, du fait de la mondialisation des échanges) vient d’ailleurs redonner un nouveau souffle à ce tabou pourtant écorné par mai 68 !

Le XVIIIème siècle – pourtant plus libertin que le nôtre – ne connaissait pratiquement pas le divorce, alors qu’en notre XIXème siècle, un couple sur trois (voire sur deux) éclate !

Face à cet échec humain, il convient de dénoncer l’hypocrisie de notre société occidentale moderne et d’endiguer un excès de puritanisme et l’irrésistible montée du virtuel, comme panacée face aux souffrances et aux frustrations mentales et physiques que nous imposent les différentes crises (économique, religieuse, écologique, épidémiologique) que nous traversons en cette fin de millénaire.

La redécouverte de la nature, des produits bio semble le signe d’une amorce du retour du balancier vers une redécouverte de notre être charnel. Les Africains modernes, dans leur ensemble, sont restés assez imperméables au terrorisme intellectuel occidental sous toutes ses formes. La médecine moderne de l’occident a en effet gagné les grandes métropoles africaines, sans pour autant tordre le coup à la médecine traditionnelle africaine. A l’heure où l’occident aperçoit les limites de ses modèles (et même du nouvel ordre né de la virtualisation de notre monde) nous désirons sensibiliser le monde occidental à une très ancienne pratique médicale africaine, qui soigne le corps et l’âme à la fois, le corps au travers de l’âme et l’âme au travers du corps.

Cette médecine naturelle (qu’il est permis de définir comme intégrative) a pour nom : KI-GOLO. Elle s’apparente d’ailleurs beaucoup à la psycho somato thérapie.M

1 –  PRÉSENTATION GÉNÉRALE

Le KI-GOLO (sous ses diverses formes et ses différentes dénominations locales) regroupe des pratiques traditionnelles africaines (d’inspiration médicale, philosophique, ou mystique) visant à soulager certaines affections somatiques et psychiques. Ces pathologies sont traitées par une action physique et psychologique associées.

Le terme scientifique de psycho somato thérapie  semble pouvoir représenter la partie de cet art adaptée à la culture occidentale. Le terme de chiro-logo-thérapie  (qui signifie littéralement la thérapie par la main et par la parole) qu’on peut également retenir est curieusement proche par sa sonorité du mot KI-GOLO. Cette ressemblance est cependant vraisemblablement fortuite.

En occident, l’influence de la santé psychique sur l’état physique est reconnue et nombre de désordres fonctionnels sont réputés psychosomatiques.

En Afrique l’influence du psychique sur la santé physique est également présumée. Le KI-GOLO postule en outre une interactivité physique-psychique à double sens. C’est pourquoi il associe une action physique à une approche verbale et psychologique, dans le traitement des désordres psychiques et psychosomatiques (abordés avec des procédures différentes, il est vrai).

La promotion en occident de cette approche traditionnelle africaine ancestrale intégrative semble paradoxalement originale et novatrice. Elle comble une attente évidente d’un grand nombre de patients. En effet, à entendre les médecins généralistes, les trois quarts des patients attendent autant d’eux, une écoute et une reconnaissance de leur douleur, qu’un véritable remède à leurs maux (ceci est sans doute encore plus vrai chez les personnes âgées, dont les maux laissent souvent le praticien impuissant).

M

2 –  ACTION PHYSIQUE

Pour la part liée à l’action physique du guérisseur, l’inspiration du KI-GOLO parait proche du principe de l’acupuncture, pratiquée en Chine depuis des siècles (mais répandue dans le monde occidental depuis moins de quarante ans). Dans ces deux théories, le corps humain est réputé traversé de réseaux complexes transmettant des messages à (et de) toutes les parties du corps, sous forme électromagnétique, thermique ou chimique. La représentation de ces réseaux de communication d’énergies, proposée par le KI-GOLO, est proche des schémas figurant les méridiens en médecine traditionnelle chinoise (acupuncture).

Le praticien du KI-GOLO agit sur ces énergies ou méridiens. Le KI-GOLO n’utilise cependant pas d’aiguilles mais les mains nues. Les mains permettent à la fois une action électromagnétique ciblée sur des points précis, mais aussi une action physique et thermique plus étendue. L’action physique du praticien est relayée parfois par un processus chimique naturel, lié par exemple à la stimulation de la production d’endorphine (hormone antalgique sécrétée par l’hypothalamus) par le patient. Il peut s’agir alors d’une réponse inconsciente à des sollicitations mentales ou cutanées. La proximité physique du guérisseur et du patient semble une chose naturelle dans la culture africaine. L’intégrité du praticien, comme l’innocence du patient sont en effet a priori  présumées, tout comme l’innocuité de pratiques ancestrales, procurant l’apaisement des souffrances du corps et de l’âme.

M

3 –  ACTION PSYCHOLOGIQUE

L’action sur l’âme ou l’esprit du patient est primordiale dans un grand nombre d’affections de toute nature. Cette action psychologique est notamment menée grâce à l’échange verbal. Le langage est en effet une part non négligeable du KI-GOLO, puisque d’une part le patient guide et oriente la main du praticien et puisque d’autre part l’écoute active exercée par le praticien est un moyen privilégié pour dénouer les tensions internes et évacuer le stress du patient ou les mauvaises énergies .

Les mauvaises énergies (mauvais œil  ou maléfices ) représentent aujourd’hui encore une croyance vive en Afrique. Le praticien du KI-GOLO oriente donc le patient dans une démarche de verbalisation de ses souffrances, inhibitions ou blocages. Parmi ces désordres, certains sont fréquemment réputés relever de l’influence des “astres domestiques” que reconnaît l’astrologie intersubjective ou fondamentale .

L’astrologie fondamentale (ou astrologie africaine), couramment mêlée à la pratique du KI-GOLO, est probablement l’ancêtre de l’astrologie moderne. Elle a pour principe que les astres qui influencent notre vie ne se nomment pas Jupiter, Mars ou Vénus, mais sont en fait des astres domestiques , qui ne sont autres que “conjoint”, “belle-mère”, “patron” ou “amis”, par exemple. Nombre de patients atteints d’affections psychosomatiques ou de troubles psychologiques sont en fait (parfois à leur insu) reconnus sous influence. La formule magique de l’astrologie africaine (résumée par un adage français) pourrait être : “dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es ”. Il est ici à noter que les Africains sont souvent convaincus que, victime de son succès, l’astrologie moderne est désormais privée de substance et de légitimité ; son caractère commercial impliquant une standardisation (nécessaire au traitement simultané d’une classe d’individus nés à une même époque), alors que l’astrologie fondamentale est par définition individuelle.

Dans la pratique du KI-GOLO en matière de thérapie psychique, l’écoute active et le langage atteignent donc une importance comparable à celle qu’ils revêtent dans le cadre de la psychothérapie dans notre société occidentale. Comme chacun le sait la civilisation africaine est fondée sur la parole et le langage y est paré de toutes les vertus et porteur de tous les espoirs.

L’action psychologique du praticien du KI-GOLO n’est cependant pas seulement de nature verbale. Les procédures mises en œuvre varient bien entendu en fonction de la typologie des cas abordés et de leur caractère de gravité. Le principe reste cependant une approche thérapeutique globalisante (ou intégrative), réservant une part plus ou moins dominante soit à l’action physique, soit à l’échange verbal, quelle que soit l’origine apparente des pathologies abordées.

Tout comme le psycho somato thérapeute moderne, le guérisseur africain, praticien du KI-GOLO, présume a priori  une interaction entre le psychique et le physiologique (notamment une possible origine psychique dans un grand nombre d’affections apparemment somatiques). Son action peut paraître inspirée de celle de la mère, qui n’apaise pas la souffrance de son enfant avec des aiguilles, mais avec des caresses et des mots. Or, si les caresses de la mère sont par définition physiques , il n’est pas moins douteux que leur action soit paradoxalement essentiellement psychologique.

En matière de traitement de désordres d’ordre psychique, l’action physique menée par le praticien (recherche et palpation des méridiens, massages) favorise la décrispation graduelle du patient et la verbalisation de ses souffrances, l’expulsion des mauvaises énergies (ou maléfices) et les épanchements de l’âme, utiles à l’extirpation du mal ; au point que certains guérisseurs amènent leur patient dans un état proche de l’hypnose ou de la transe. En outre, dans certains cas les guérisseurs africains se livrent à des rites ou des pratiques (initiatiques ou mystiques) certes difficilement transposables dans la culture occidentale, mais dont on ne peut cependant nier l’utilité psychologique, lorsque la culture ou la sensibilité des patients les portent à croire à leur efficacité (effet placebo ).

Cette approche est assez éloignée de la médecine occidentale officielle et/ou académique. Observant les pratiques médicales modernes, on peut cependant opérer le double constat suivant :

  • L’écoute, la reconnaissance de la souffrance du patient et le discours sont primordiaux dans le traitement des affections somatiques (d’origine psychique ou non) et ce même chez des patients présentant des pathologies lourdes ;
  • En revanche, il est relativement constant que les affections psychiques sont essentiellement traitées par une action chimiothérapeuthique et par le discours, en France en particulier. Les actions physiques (massages, enveloppement, bains de chaleur etc.) sont en France peu pratiquées. Ceci parait paradoxal en l’état actuel des connaissances en matière de communication. L’importance du non verbal dans les échanges n’est en effet aujourd’hui plus ignoré (à tel point que le moindre vendeur de photocopieurs est formé à l’art de saisir le bras ou l’épaule de son client pour faciliter l’échange).

On peut en conclure que grand nombre des psychiatres, psychothérapeutes et autres psychanalystes redoutent – en fait – le fameux transfert  dont ils proposent cependant le simulacre à leur patient. Et sans doute que leurs instances représentatives les redoutent encore davantage !M

4 –  INDICATIONS

Les pathologies les plus courantes qui semblent, sans danger, pouvoir autoriser le recours à une thérapie complémentaire de type KI-GOLO (ou chirologothérapie) sont essentiellement les pathologies fonctionnelles (c’est-à-dire les affections dont la cause n’est pas une lésion d’un ou plusieurs organes). Il s’agit par exemple de :

  • certaines rachialgies (certains maux de dos, notamment),
  • certaines pathologies dermatologiques (certains eczémas, certains psoriasis),
  • certains troubles digestifs,
  • certains troubles du comportement alimentaire (certaines anorexies ou boulimies),
  • certaines dépendances (alcool, tabac),
  • certains asthmes,
  • la fibromyalgie,
  • la spasmophilie,
  • certaines céphalées,
  • certains syndromes dépressifs,
  • certaines angoisses, certaines insomnies, apathies,
  • certains troubles de l’identité ou du comportement,

S’il n’est pas lui-même médecin, le praticien (psycho somato thérapeute ou chirologothérapeute) s’assurera – par des examens appropriés qu’il invitera le patient à faire pratiquer par un médecin – qu’il s’agit bien de pathologies fonctionnelles. Il ne faut pas pour autant exclure les pathologies organiques dans leur ensemble. Elles peuvent, elles aussi, bénéficier d’un traitement par la psycho somato thérapie, en complément des traitements classiques.

Il est en effet généralement admis que les thérapies dites “complémentaires”, comme l’homéopathie, la phytothérapie, l’ostéopathie ou l’acupuncture, permettent une meilleure tolérance de certains traitements lourds  (tels que radiothérapie ou chimiothérapie).M

5 –  MISE EN GARDE

En Europe, le praticien du KI-GOLO n’a aucun titre pour poser un diagnostic (sauf bien sûr s’il est lui-même médecin) car il s’agirait alors d’un exercice illégal de la médecine. Le recours au conseil et aux soins d’un guérisseur KI-GOLO ne peut donc s’effectuer que sous le contrôle d’un médecin ou en l’absence d’affection caractérisée qui relèverait de la compétence d’un médecin.

La chirologothérapie  ou la psycho somato thérapie n’a pas vocation (en occident pas plus qu’en Afrique) à se substituer à la médecine officielle moderne. Elle ne peut donc en aucune manière apparaître comme une médecine alternative . Il s’agit au contraire d’une thérapie complémentaire  (au même titre que par exemple : la phytothérapie, l’homéopathie, l’acupuncture, l’ostéopathie, la psychothérapie ou la psychanalyse) dont la place au côté de la médecine moderne n’est pas contestable.

L’un des dangers, liés à l’exercice de ces thérapies complémentaires, est la possible absence de garantie du patient sur la qualification du praticien. L’aveuglement ou l’ignorance de professionnels insuffisamment formés, confrontés à une affection grave (tumeur, désordre mental majeur) ou à caractère évolutif, peut conduire à mettre en péril la vie du patient par un protocole de soins inadapté. Le praticien pourrait alors se rendre par exemple responsable d’abus de confiance  et de non-assistance à personne en danger et d’exercice illégal de la médecine .

La pratique du KI-GOLO suppose parfois, en outre, une exploration des sentiments et des sensations intimes du patient. Cette démarche doit être conduite avec prudence auprès des sujets faibles ou instables. Les patients occidentaux en particulier, peu familiers de cette forme d’approche thérapeutique seront avertis préalablement au traitement. Ils devront formellement accepter le déroulement du protocole qui leur est applicable, par la signature d’une charte explicite sur les moyens proposés. Sauf cas particuliers, le KI-GOLO ne parait pas adapté au traitement des enfants.

La conduite d’un traitement est souvent empirique et l’adhésion du patient et sa participation sont primordiales. Certains patients sont réfractaires à ce type d’action thérapeutique. Le KI-GOLO ne pourra alors probablement pas les satisfaire. Le praticien doit également mettre en garde les patients sur le fait qu’il ne prend aucun engagement de résultat.M

6 –  PERSPECTIVES

Le handicap majeur de toute entreprise de réhabilitation et de promotion du KI-GOLO, est l’abandon, puis le relatif oubli de cette science en Afrique, sous la pression de la médecine occidentale (qui s’impose, depuis plus de soixante ans, de manière hégémonique et totalitariste). Le terrorisme intellectuel de l’occident qui traite à la même enseigne toutes les pratiques traditionnelles, comme nées de l’obscurantisme et de la sorcellerie les plus barbares est d’autant plus fort, qu’il n’existe apparemment pas de support écrit complet et cohérent de la science du KI-GOLO (à l’inverse de la médecine orientale, riche de traités et de schémas).

Le monde africain est fondé sur une culture orale, par définition difficilement transmissible dans le reste du monde dont la culture est codifiée par l’écrit. La diffusion du KI-GOLO en Europe se heurte, de plus, à la difficulté de son expression dans les différentes langues de la communauté.

Amener la chirologothérapie au rang des thérapies complémentaires officielles (et non pas alternatives), au même titre que, par exemple, la phytothérapie, l’acupuncture, l’homéopathie, l’ostéopathie, la psychothérapie ou la psychanalyse, en Europe aurait constitué un but stimulant, pour moi. Mais je passe la main, à plus assidu, plus opiniâtre ou plus convaincant.

Le champ que reste ouvert est ainsi le suivant :

  • Démarche scientifique de collecte et validation de données, par des spécialistes africains et occidentaux ;
  • Constitution d’un corpus de connaissances exploitable ;
  • Organisation de la formation de praticiens en Afrique et en Europe ;
  • La création d’un centre d’application clinique, sous le contrôle des autorités sanitaires, au sein d’un dispositif universitaire (public ou privé);
  • Le cas échéant expérimentations cliniques, encadrées par des représentants de la médecine moderne officielle.

M

Philippe Lamy

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Médiation judiciaire et conventionnelle, en matière civile / Notions élémentaires, limites et perspectives

m

« Médiation judiciaire et conventionnelle, en matière civile, Notions élémentaires, limites et perspectives »

(reproduction du Fascicule de présentation, extrait de mon mémoire de soutenance, du jeudi 6 juillet 2000, en vue du diplôme universitaire de médiation)
Je tiens, en particulier, à adresser ici mes remerciements :

  • à Monsieur le Premier Président honoraire de la Cour d’Appel de Lyon, André ORIOL, qui m’a révélé, il y a une quinzaine d’années, l’existence et les perspectives de la médiation civile – à travers ses conférences et interventions publiques, notamment au C.A.R.A. (Centre d’Arbitrage Rhône-Alpes) – qui, il y a plus de sept ans, m’a guidé et appuyé dans mon projet de mise en place d’une formation universitaire à la Médiation Judiciaire, m’associe à sa propre action de sensibilisation auprès des magistrats et des professionnels et m’a soutenu en de nombreuses circonstances,
  • à Monsieur le Professeur Jacques GAUCHER qui a bien voulu croire au projet de formation universitaire à la Médiation Judiciaire que je lui soumettais (alors qu’il était Directeur de l’Institut de Psychologie de l’Université Lumière Lyon II), qui est à l’origine de la mise en place du diplôme universitaire ainsi créé et m’a lui-aussi apporté, en différents moments, un appui courageux et amical,
  • à Monsieur le Président, à Mesdames et Messieurs les professeurs de l’Université Lumière Lyon II, à Monsieur le Président du T.G.I. de Lyon, à Monsieur le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Lyon, à Monsieur le Président de l’Ordre des Notaires du Rhône, à Monsieur le Président de la Compagnie des Experts Judiciaires près la Cour d’Appel de Lyon, ainsi qu’aux professionnels qui ont bien voulu siéger au Comité de Pilotage du D.U. de l’Université Lumière Lyon II et ainsi donner à cette formation un contenu pédagogique de qualité et une légitimité,
  • à Monsieur le Professeur Michel GUILLOT, de l’Université Lumière Lyon II, mon directeur de mémoire qui, par ses conseils avisés, a enrichi ma réflexion,
  • aux nombreux professionnels qui ont cru aux perspectives de la médiation et ont soutenu mon action au sein de la Chambre Nationale des Praticiens de la Médiation, en particulier mes amis : Monsieur le Docteur Jean-Pierre DUBOC, Monsieur le Bâtonnier Gilles LOPEZ, Monsieur Jean-Pierre THOMAS, architecte-expert judiciaire, pionnier de la médiation judiciaire (près le TGI de Privas – cf. note n°3 p.10), Monsieur Jean-Philippe LAMOUR, expert judiciaire et à la quarantaine de professionnels de qualité qui composent les deux premières promotions du D.U. de l’Université Lumière Lyon II.

 

Philippe LAMY

Membre du Haut Collège International des Experts,
à
Genève (O.N.G. de droit suisse)
 Membre du Conseil National
des Compagnies d’Experts de Justice

Médiateur diplômé de l’Institut de Psychologie,
de l’Université Lyon II

 AVANT-PROPOS

La Révolution Française, phare incontesté de la démocratie, a révélé au monde moderne la véritable primauté de l’homme au sein de la société et placé la défense de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité au cœur du débat philosophique et politique. La liberté de chacun s’arrêtant où commence celle d’autrui, le Droit est le garant de ces valeurs de référence. C’est pourquoi l’Etat de Droit s’est révélé le cadre et le fondement de toute démocratie.

Deux cents ans après sa Révolution, la démocratie française parait toutefois connaître une dérive, car si l’idéal démocratique reste un cap incontestable, la révolution a davantage engendré l’esprit fonctionnaire que révolutionnaire. En outre, dans l’inconscient collectif, la préoccupation du droit prime à l’évidence, aujourd’hui, sur celle du devoir.

Force est ainsi de constater que l’homme n’est plus au centre du débat démocratique. L’Etat s’est en effet imposé comme une fin en soi et l’individu, déresponsabilisé, porte désormais ses litiges devant l’Etat « big brother ». Un modèle de justice différent semble ainsi s’être instauré.

Dans le même temps, la légitimité de la défense du droit des individus est davantage reconnue (défense des femmes ou des enfants maltraités, défense des consommateurs, des contribuables…) et un meilleur accès à la Justice recherché. Ainsi, les Français saisissent de plus en plus les tribunaux. La demande judiciaire est en telle augmentation en France, que l’un des plus petits tribunaux de grande instance (Belley, dans l’Ain) traite aujourd’hui un contentieux annuel sensiblement égal à celui que le T.G.I. de Lyon traitait au début du siècle. L’accès à la Justice étatique, est ainsi devenu – paradoxalement – de plus en plus aléatoire.

Les Français qui réglaient naguère eux-mêmes (au travers d’instances professionnelles ou du conseil de famille, par exemple) nombre de conflits, les portent maintenant devant le grand frère qu’est l’Etat-Providence.

Dans ce contexte, le législateur a souhaité le retour à une prise en charge plus responsable, de leurs conflits, par les individus eux-mêmes, à travers l’initiation de la médiation (cf. loi n° 95-125 du 8 février 1995 et décret n° 96-652 du 22 juillet 1996). La médiation en matière civile apparaît ainsi comme un lieu inattendu de l’application du principe de subsidiarité, cher aux tenants d’une gestion plus adulte et plus responsable de la cité.

La médiation est cependant encore peu répandue en France.

A l’exemple du processus de médiation promu par le juge lui-même, on peut nourrir l’espoir que la médiation judiciaire en matière civile facilite la redécouverte de modes de résolutions des conflits, plus rapides, plus directs et plus économiques, tels que la médiation conventionnelle, permettant ainsi un accès des citoyens à une justice complémentaire non institutionnelle, mais plus démocratique.

Ainsi, sous l’action des professionnels judiciaires et para-judiciaires (magistrats, avocats, juristes, experts, psychologues et des associations), on pourrait bientôt assister en France :

  • à une plus grande implication des citoyens dans le débat judiciaire,
  • à une découverte et une reconnaissance par le plus grand nombre, des modes de justice complémentaires (ou alternatifs), pour améliorer la vie des femmes et des hommes et rendre plus humains et plus rapides la gestion des conflits civils (latosensu),
  • à une ouverture des citoyens, des entreprises[1] à une prise en charge responsable du problème posé à la Justice et à la société par la croissance sans cesse accrue de la demande judiciaire en matière civile,
  • à une action préventive, volontaire[2] de la part des justiciables et de leurs conseils.

I. Introduction / Généralités

La médiation judiciaire en matière civile (au sens large)[3] est une révolution dans les habitudes judiciaires, dont l’usage intelligent et contrôlé devrait permettre, à terme, non seulement le règlement accéléré d’un nombre significatif de litiges déclarés, dans différents domaines, mais encore de conférer ses lettres de noblesse à ce mode de résolution des conflits trop longtemps ignoré en France, renforçant ainsi le développement de la médiation conventionnelle, grâce à la généralisation des clauses de médiation[4] dans les contrats de droit privé.

Contrairement à une idée répandue, ce ne sont pas les litiges de voisinage ou la médiation familiale qui ouvrent les perspectives les plus séduisantes à la médiation en matière civile.

Le principal atout de la médiation réside dans sa rapidité et parfois sa confidentialité. Ainsi, ce sont les litiges portant sur des enjeux importants (en termes sociaux ou financiers) qui apporteront la preuve la plus éclatante de son intérêt. Ces types de contentieux auront ainsi une chance sérieuse d’être démêlés dans les délais les plus brefs (comme le montre l’exemple du chapitre III).

Les médiateurs doivent donc n’être que des professionnels qualifiés et spécialement formés (ce qui, dans le cadre judiciaire, constitue une des nombreuses différences entre médiation et conciliation[5]).

La médiation a vocation à répondre à toutes les demandes dans les domaines les plus variés, en particulier les litiges inter entreprises (et intra entreprise), litiges internationaux, droit du travail, droit de la famille (divorce, succession), droit de la consommation (banque, assurance) immobilier, construction etc.

Ces différents champs d’intervention impliquent parfois l’exercice de la fonction de médiateur dans un domaine hyper-spécialisé. De ce fait, le médiateur doit posséder la qualification requise eu égard à la nature du litige. Il doit également justifier, selon le cas, d’une formation ou d’une expérience adaptée à la pratique de la médiation, comme le prévoit l’article 151-5 du NCPC s’agissant en particulier de missions judiciaires.

La Cour d’Appel de Paris, qui a expérimenté un certain nombre de médiations judiciaires au cours des deux à trois années écoulées, en a réussi plus de quatre-vingts pour cent. Ce résultat est prometteur. A son image, un certain nombre de T.G.I. ont des résultats plus qu’encourageants[6].

On voit à travers la situation particulière, à valeur exemplaire, décrite au chapitre III, que la médiation civile peut s’avérer un moyen efficace pour aborder les litiges et les situations de conflit en affaires aussi bien que dans la vie privée.

Hors du cadre judiciaire, la médiation est dite conventionnelle. Il s’agit alors d’un processus privé et confidentiel, qui favorise une économie de temps et d’argent, ainsi que le maintien de bonnes relations entre les parties.

Le plus souvent, la médiation dite « conventionnelle« , résulte d’une convention passée antérieurement à la naissance du litige, au moyen d’une « clause de médiation » insérée dans un contrat liant les parties.

Il importe que toutes les parties acceptent la médiation de bonne foi et qu’elles aient un intérêt à ce que le problème soit effectivement réglé.

La médiation civile en général est, dans son esprit comme dans sa technique pure, proche de la médiation en matière familiale.

Il s’agit d’un mode de résolution de conflit fondé sur la coopération. Elle présente comme caractéristique principale l’intervention du tiers impartial qu’est le médiateur. Celui-ci, dans le cadre d’un règlement à l’amiable, amène les parties à communiquer entre elles et à résoudre elles-mêmes leur différend. Le médiateur n’a pas de pouvoir décisionnel. Son rôle vise plutôt à amener les parties à communiquer leurs attentes, besoins et objectifs véritables, pour qu’elles puissent ensuite élaborer et conclure une entente sur mesure dans le souci de l’équité, davantage que celui de l’application du droit. La médiation est un processus volontaire.

Nombre de conflits ne sont jamais portés devant le tribunal. Le juge, cependant, est le meilleur vecteur de promotion de la médiation, puisqu’il peut depuis le 22 juillet 96, proposer aux parties en conflit une médiation, qui est une véritable parenthèse dans la procédure judiciaire.

Cette pratique est encore peu répandue. Cependant, le petit nombre de magistrats qui l’ont découverte, en usent de manière régulière, dans des domaines variés, parfois très techniques, tirant ainsi la médiation vers le haut en œuvrant à sa professionnalisation[7] et donnant ainsi l’idée aux justiciables et avocats d’y recourir, par la suite, spontanément (c’est-à-dire dans le cadre conventionnel), en s’adressant directement à un médiateur compétent ou à une chambre de médiation.

La médiation judiciaire fait ainsi le lit de la médiation conventionnelle.

La médiation procède d’une tentative d’apaisement des passions dans le but de promouvoir une réconciliation d’ordre psychologique, permettant de réduire un conflit et de trouver une solution non pas juridique mais humaine. La médiation familiale en est la parfaite illustration, en particulier lorsqu’elle intervient à propos des litiges liés à la co-parentalité (éducation, droit de garde et de visite des enfants). Cette médiation se trouve, pour ainsi dire, hors du champ de la Justice ; puisque même les décisions judiciaires sont moins dictées par le droit que, par exemple, par la recherche de l’intérêt de l’enfant. Le juge prend en compte en effet l’équité (et la dimension psychologique et humaine), là où le droit est quasi muet.

II. Circonstances favorables au possible recours a la médiation

Trois circonstances, en particulier, doivent orienter les parties (ou le juge) vers ce mode alternatif de résolution des conflits :

  • La première et la plus courante, c’est lorsque les parties sont vouées, par la force des choses, à poursuivre leur relation après le règlement de leur différend (litiges sociaux, litiges entre bailleur et locataire, fournisseur et client, cohéritiers, voisins, ou parents divorcés, par exemple).

Une décision de Justice s’impose en effet aux deux parties, sans parfois recueillir l’adhésion d’aucune des deux. Les rapports inévitables que les parties doivent alors entretenir entre elles dans l’avenir restent pénibles et tendus (voire insupportables)… et peut-être plus encore après qu’une décision de Justice (souvent perçue comme injuste ou arbitraire) a été rendue.

Au contraire, dans un processus de médiation, les parties, qui auront :

  • déjà été en accord sur le principe-même de recours à la médiation,
  • auront ainsi eu à collaborer (parfois pendant un certain nombre de séances), pour tenter de bâtir un accord,
  • et se seront enfin rapprochées autour d’une solution négociée avec la partie adverse,

se seront ainsi, en quelque sorte, ré-habituées au commerce avec l’autre (ou ré-apprivoisées), pourront beaucoup mieux vivre « l’après contentieux ».

Une décision de Justice peut en effet figer davantage la fracture entre des parties, alors que la médiation participe d’une tentative de restauration dulien social.

  • La deuxième et la plus prometteuse, c’est lorsqu’une issue rapide est nécessaire (gros enjeux en termes sociaux, économiques ou de sécurité des personnes, grande détresse ou précarité de situation de l’une des parties).
  • Enfin, lorsque les parties (ou l’une des parties) souhaitent conserver à l’objet du litige un caractère secret ou confidentiel (par exemple process industriels, brevets), la médiation sera préférée à l’arbitrage et à la justice étatique pour sa rapidité ET sa discrétion.

III. Exemple de médiation judiciaire

Je souhaite ici illustrer mon propos d’un exemple emprunté au deuxième type de circonstances favorables à la médiation évoqué au chapitre II (c’est-à-dire lorsqu’une issue rapide nécessaire, eu égard à l’enjeu du litige en termes économiques).

Le récit résumé de ce litige est plus parlant qu’un exposé théorique.

Au cas particulier, l’exemple présenté concerne un litige immobilier. Il est en réalité assez typique de toute intervention dans n’importe quelle procédure civile et démontre, combien dans certains types de litiges, l’efficacité de la médiation, peut être foudroyante par rapport à une procédure habituelle.

Voici les faits :

  • Un entrepreneur achète un terrain industriel, en 1999.
  • Un permis de construire lui est accordé et il passe commande de travaux d’édification d’un local d’activité.
  • A ce stade de son projet, plusieurs mois après la signature de l’acte authentique (et du paiement du prix du terrain), il découvre qu’il existe une servitude EDF-GDF qui frappe d’inconstructibilité une part de la parcelle, alors que la mention de cette servitude a été omise sur son acte de vente.
  • Il tente alors de négocier, avec son vendeur, une prise en charge des travaux de détournement des réseaux enterrés incriminés.
  • Le vendeur marque peu d’enthousiasme à assumer sa responsabilité et met en cause les notaires ayant reçu la vente.
  • L’acheteur perd patience et assigne le vendeur en référé d’heure à heure, devant le TGI de Lyon.
  • En accord avec les parties, le juge des référés décide une mesure de médiation judiciaire, par une ordonnance du 14 juin 2000 ; cette même ordonnance fixe la première réunion de médiation le surlendemain (16 juin 2000), en accord avec moi-même, saisi en tant que médiateur judiciaire.
  • Le 16 juin 2000, à 17 heures, les parties se réunissent, en ma présence, sur les lieux du litige.

A ma demande, chaque partie expose sa position, pièces à l’appui.

J’appelle ensuite les parties à :

  • confirmer les points de désaccord et le résumé que je leur en propose,
  • rechercher s’il y a des points sur lesquels elles sont d’accord (par exemple, a minima, le souhait d’en terminer rapidement et à moindre frais, le souhait de garder une relation vendeur/acheteur cordiale),
  • tenter d’imaginer elles-mêmes des solutions au litige qui les oppose.

J’écoute les parties, je recentre le débat, quand c’est nécessaire et prends note (pour moi-même) des points importants.

Je lis ensuite aux parties mes notes (reformulation de leurs déclarations, des points exploitables ou éléments de solution entendus), en m’abstenant d’avancer moi-même aucune proposition.

Dès lors, une solution s’ébauche (sur la base d’une cession, par le vendeur, à prix symbolique, d’une bande de terrain complémentaire, égale à la bande grevée d’une servitude)… Mais les parties souhaitent valider la largeur de cette bande auprès d’EDF, qui n’a pas été convoquée.

Face à la menace de voir se diluer la bonne volonté des participants dans une consultation trop longue, l’un des avocats propose la rédaction d’un accord transactionnel immédiat, fixant les principes généraux de l’accord, tout en laissant les détails à préciser en fonction des contraintes techniques et administratives.

  • Le 16 juin 2000, à 20 heures, les parties paraphent cette transaction qui (conformément à l’art. 2044 du Code Civil et suivants) stipule les concessions réciproques et les modalités générales de réalisation de l’accord et met fin au litige. Les parties déclarent désirer soumettre cette transaction à l’homologation du juge, en sorte d’y conférer force exécutoire.

Trois jours (à compter de la saisine du médiateur) auront ainsi suffi, pour réaliser un accord définitif. La transaction rédigée (de la plume de leurs conseils et dûment paraphée), a autorité de la chose jugée en dernière instance.

 

IV. Le dispositif de médiation

IV.1 –      Cadre de l’exercice des fonctions de médiateur

Le médiateur peut être amené à exercer sa fonction :

  • dans le cadre d’une activité libérale (ou assimilée),
  • en tant que salarié d’une association ;
  • dans le cadre d’une activité de bénévolat.

Le médiateur, s’oblige à :

  • informer les parties sur les règles de fonctionnement de la médiation et sur la possibilité de consulter un conseil,
  • s’assurer de la libre participation des parties au processus de médiation et de leur libre disposition de l’objet du litige,
  • favoriser les conditions d’un libre échange fondé sur un respect mutuel des intérêts et des personnes, dans le respect du principe du contradictoire,
  • permettre aux parties d’élaborer une solution librement négociée, en connaissance de cause, notamment vis à vis des tiers[8], dans le respect de l’ordre public.

IV.2 –      Saisine du médiateur

Le médiateur peut être saisi :

  • à la demande d’une des parties ou conjointement par deux ou plusieurs parties,
  • à la demande d’une institution ou d’un tribunal.

S’agissant de médiation judiciaire, l’article 131-7 du Nouveau Code de Procédure Civile dispose :

  • Dès le prononcé de la décision désignant le médiateur, le greffe de la juridiction en notifie copie par lettre simple aux parties et au médiateur.
  • Le médiateur fait connaître sans délai au juge son acceptation.
  • Dès qu’il est informé par le greffe de la consignation, il doit convoquer les parties.

IV.3 –      Durée de la mission

La durée probable de la médiation doit être évoquée avec les parties, ainsi que son coût prévisible.

En cas de mission judiciaire, la durée initiale de la médiation ne peut excéder trois mois. Cette mission peut être renouvelée une fois, pour une même durée, à la demande du médiateur, conformément à l’article 131-3 du Nouveau Code de Procédure Civile.

Comme le prévoit l’article 131-6 du Nouveau Code de Procédure Civile,

  • La décision judiciaire qui ordonne une médiation mentionne l’accord des parties, désigne le médiateur et la durée initiale de sa mission et indique la date à laquelle l’affaire sera rappelée à l’audience.
  • La décision, à défaut de consignation, est caduque et l’instance se poursuit.

IV.4 –      Processus de la médiation

Le médiateur débute la médiation en établissant un climat de communication efficace. Il identifie les faits, besoins et intérêts. Le médiateur incite les parties à échanger et vérifier les données et informations utiles à la représentation objective des éléments du litige. Il amène les parties à cerner les enjeux et questions à résoudre et à les exprimer de manière explicite et formelle.

Une fois l’objet du litige identifié et les informations vérifiées, le médiateur aide les parties à explorer, élaborer et évaluer les options potentielles.

Dès le début du processus, comme au cours de la médiation, les parties peuvent y mettre fin à tout moment.

Au départ de la médiation, les parties et le médiateur établissent par écrit l’objectif, le cadre et les conditions de la médiation. Elles examinent avec lui les conséquences des options envisagées pour favoriser des décisions éclairées. Le médiateur les assiste alors dans l’exploration et la négociation des conditions tendant à satisfaire aux besoins, objectifs et intérêts exprimés.

Si un accord se dessine, le médiateur assiste les parties dans la formulation d’un projet d’entente, si possible avec le concours de leurs avocats respectifs. Le médiateur ne s’exprime que sur la forme de l’accord et non sur le fond. Le médiateur s’interdit cependant tout avis qui pourrait relever d’un conseil d’ordre juridique. Lors de l’accord final, ce n’est pas au médiateur de tenir la plume, car le médiateur doit s’interdire toute position qui lui donnerait quelque influence sur la direction prise ou qui pourrait relever de l’exercice du droit.

La rédaction du protocole d’accord (le plus souvent en forme de transaction, au sens de l’Article 2044 du Code Civil) est une étape importante car, une fois signé, l’accord lie les parties.

Dans le cadre judiciaire, la médiation doit se dérouler hors de la présence du juge. Les termes de la décision qu’il pourrait être amené à prendre en cas d’échec de la médiation n’en seraient ainsi pas influencés.

En outre, si la procédure judiciaire reprend après une tentative de médiation, le médiateur qui se verrait proposer une mission d’expertise judiciaire doit la refuser (comme le prévoit l’Art. 131-8 du NCPC). De même, à l’image des exigences liées au strict cadre judiciaire, dans le cas où, postérieurement à une tentative de médiation, les parties qui n’ont pu parvenir à transiger, décident de soumettre leur différend à l’arbitrage, il est recommandé que le médiateur refuse de juger l’affaire en qualité d’arbitre.

IV.5 –      Accord des parties

L’accord sera formalisé par les parties elles-mêmes ou par leurs conseils, dans un document qui prend le plus souvent la forme d’une transaction. En aucun cas le médiateur ne devra exercer de pression pour y parvenir.

S’agissant de médiation judiciaire, l’article 131-11 du Nouveau Code de Procédure Civile dispose :

  • A l’expiration de sa mission, le médiateur informe par écrit le juge de ce que les parties sont ou non parvenues à trouver une solution au conflit qui les oppose.
  • Le jour fixé, l’affaire revient devant le juge.

L’article 131-12 du Nouveau Code de Procédure Civile dispose également que :

  • Le juge homologue à la demande des parties l’accord qu’elles lui soumettent. L’homologation relève de la matière gracieuse.

La transaction ne constitue pas un titre exécutoire et il convient de saisir le juge compétent pour obtenir ce titre (voir définition de ce mot p.49).

IV.6 –      Rémunération du médiateur

Le mode de rémunération ou d’indemnisation est, le plus souvent, fixé indépendamment du résultat de la médiation.

Le coût probable de la médiation doit être évoqué avec les parties (avec le juge en cas de médiation judiciaire), avant le début des opérations, ainsi que les modalités précises du règlement du médiateur, qui doivent être fixées dés le début de la médiation.

S’agissant de médiation judiciaire, l’article 131-6 du Nouveau Code de Procédure Civile dispose :

  • la décision judiciaire qui ordonne une médiation fixe le montant de la provision à valoir sur la rémunération du médiateur à un niveau aussi proche que possible de la rémunération prévisible et désigne la ou les parties qui consigneront la provision dans le délai imparti ; si plusieurs parties sont désignées, la décision indique dans quelle proportion chacune des parties devra consigner.
  • La décision, à défaut de consignation, est caduque et l’instance se poursuit.
  • L’article 131-13 du Nouveau Code de Procédure Civile dispose en outre que :
  • à l’expiration de sa mission, le juge fixe la rémunération du médiateur. La charge des frais de la médiation est répartie conformément aux dispositions de l’article 22 de la loi no 95-125 du 8 février 1995 relative à l’organisation des juridictions et à la procédure civile, pénale et administrative. Le juge autorise le médiateur à se faire remettre, jusqu’à due concurrence, les sommes consignées au greffe. Il ordonne, s’il y a lieu, le versement de sommes complémentaires en indiquant la ou les parties qui en ont la charge ou la restitution des sommes consignées en excédent.
  • Un titre exécutoire est délivré au médiateur, sur sa demande.

A l’inverse de la pratique de la conciliation, l’indispensable qualification du médiateur eu égard à la nature du litige, de même que la nécessaire formation ou expérience adaptée à la pratique de la médiation (prévues à l’article 131-5 du Nouveau Code de Procédure Civile, pour ce qui concerne la pratique de la médiation judiciaire) écartent, de fait, les bénévoles non qualifiés, des missions de médiation judiciaire de quelque enjeu.

Dès lors on assiste à une professionnalisation des fonctions de médiateurs, puisque nombre d’entre eux, experts, ingénieurs, notaires ou avocats, qui ont investi dans une formation spécifique longue et coûteuse, en attendent une rémunération analogue à celle qu’ils pratiquent dans leurs métiers principaux respectifs.

Dans le cadre conventionnel, certains litiges, à l’enjeu financier important, peuvent même donner lieu à la saisine de médiateurs rémunérés au success fee[9].

Compte tenu de la nécessaire indépendance du médiateur par rapport au contexte et aux parties, on préférera nommer un médiateur étranger au ressort, chaque fois que l’importance du litige le justifiera[10].

V. Le Médiateur

V.1 – Personnalité du médiateur

Dans le cadre judiciaire, comme conventionnel, les médiateurs désignés sont souvent des membres (ou anciens membres) des professions judiciaires ou para-judiciaires, des techniciens ou des professionnels disposant théoriquement d’une expérience appropriée et ayant suivi une formation spécifique.

Quatre principales populations distinctes de professionnels postulent actuellement aux fonctions de médiateurs :

  • D’anciens magistrats, qui ont certes une grande habitude du litige, mais ne sont pas toujours formés à la psychologie. Dans cette hypothèse, ils sont susceptibles d’avoir une vision paternaliste, voire dirigiste de la médiation (qu’ils assimilent ainsi à la conciliation).

Il n’est, de plus, pas rare que les magistrats en exercice manifestent une certaine défiance à l’égard de leurs collègues retraités et leur saisine, en tant que médiateurs, s’effectue davantage par les chambres arbitrales (souvent reconverties en chambre d’arbitrage ET de médiation) que par les juridictions étatiques.

  • Des notaires, qui ont une grande pratique du droit de la famille, un ascendant naturel. Ils sont parfois formés à la médiation, mais manifestent souvent une attitude paternaliste avec les familles, par habitude professionnelle. Ils sont donc peu saisis, en tant que médiateurs par les juridictions. En revanche, certains d’entre eux réalisent des accords transactionnels à l’issue de réunions assimilables à des médiations.
  • Des avocats, qui ont une relation passionnelle avec la médiation. Ils sont souvent favorables à la médiation en général, mais ne la conseillent que rarement. Ils ont cependant mis très tôt en place des formations dans la plupart des barreaux. Pour autant, ils marquent peu d’empressement à insérer des clauses de médiation dans les contrats qu’ils rédigent, qu’il s’agisse d’avocats de souche ou d’anciens conseils juridiques. On ne peut que le déplorer, car la plus grande chance de la médiation conventionnelle réside dans l’introduction systématique d’une clause spécifique dans les contrats de droit civil, interdisant l’accès au juge, tant qu’une recherche d’accord amiable n’aura pas été engagée, par l’entremise d’un médiateur (voir clause type du C.A.R.A.).

Les avocats ont, de plus, du mal à se départir de leur image de bretteurs et à convaincre les parties (ou les juges) de leur neutralité. Ils sont donc rarement saisis, en tant que médiateurs.

  • Des experts judiciaires, qui ont mis longtemps à y croire et sont pour la plupart déstabilisés par une vision si distanciée des éléments factuels du litige.

Pour peu qu’ils acceptent une formation appropriée, les experts ne sont cependant pas les derniers à reconnaître, avec une certaine humilité, leur nécessaire remise en cause personnelle et le caractère indispensable de leur formation psychologique.

Les qualités nécessaires aux médiateurs ne sont pas seulement les compétences techniques utiles aux experts, ni les compétences juridiques des notaires ou des avocats. Les médiateurs doivent être animés par des valeurs fortes et posséder de grandes qualités personnelles, en particulier :

  • indépendance, capacité d’écoute active, d’ouverture et d’analyse,
  • compétence dans leur technique, comme en matière de procédure, rigueur intellectuelle, droiture.

Les médiateurs doivent également être humains, psychologues, posséder quelque rondeur et, en un mot, un charisme particulier. C’est pourquoi, il ne faut pas orienter tous les experts, ni tous les juristes, vers la médiation. Une formation spécifique à l’activité de médiation est également nécessaire (voir article formation V.2).

La médiation peut être confiée à une personne physique ou morale. S’agissant de médiation judiciaire (telle que prévue au décret n° 96-652 du 22 juillet 1996), la médiation peut être confiée à une personne physique ou à une association. Comme le prévoit l’article 131-4 du Nouveau Code de Procédure Civile, qui dispose :

Si le médiateur désigné est une association, son représentant légal soumet à l’agrément du juge le nom de la ou des personnes physiques qui assureront, au sein de celle-ci et en son nom, l’exécution de la mesure.

Comme le prévoit l’article 131-5 du Nouveau Code de Procédure Civile :  La personne physique qui assure l’exécution de la mesure de médiation doit satisfaire aux conditions suivantes :

  • Ne pas avoir fait l’objet d’une condamnation, d’une incapacité ou d’une déchéance mentionnées sur le bulletin n° 2 du casier judiciaire ;
  • N’avoir pas été l’auteur de faits contraires à l’honneur, à la probité et aux bonnes mœurs ayant donné lieu à une sanction disciplinaire ou administrative de destitution, radiation, révocation, de retrait d’agrément ou d’autorisation ;
  • Posséder, par l’exercice présent ou passé d’une activité, la qualification requise eu égard à la nature du litige ;
  • Justifier, selon le cas, d’une formation ou d’une expérience adaptée à la pratique de la médiation ;
  • Présenter les garanties d’indépendance nécessaires à l’exercice de la médiation.

V.2 – Formation du médiateur

Les expérimentations menées en France en matière de médiation judiciaire, en particulier (puisque, sauf exceptions, le petit nombre des médiations ordonnées par les tribunaux relèvent encore aujourd’hui de ce qu’il est convenu de désigner sous le nom de tests) ont parfois été confiées à des médiateurs improvisés (anciens magistrats, experts ou avocats) n’ayant pas suivi de formation spécifique (en matière psychologique en particulier), par la force des choses, puisque de telles formations n’existaient pas encore.

Ce mode de résolution des conflits est cependant tellement performant que, bien que ces missions tests aient été confiées à des médiateurs improvisés, le taux d’échec est resté assez faible. Il sera, bien entendu, encore réduit grâce à la saisine de médiateurs professionnels, aussitôt que l’Université aura mis de telles compétences sur le marché.

A la date des présentes, il existe en France une unique formation universitaire, dite de « Médiation Judiciaire et Conventionnelle ».

Une quarantaine de médiateurs qualifiés et diplômés de « Médiation Judiciaire et Conventionnelle » sortira de l’Université Lumière Lyon II, à partir de juillet 2000.

Cette formation, ouverte aux professionnels (expert, architectes, ingénieurs, notaires, avocats et autres professionnels) disposant d’une expérience et d’une connaissance en matière juridique et de gestion des conflits appropriée, est composée – pour parties égales – de droit et de psychologie (120 heures environ + modules optionnels + stage + rédaction mémoire).

Cette formation montée dans le cadre d’un D.U. pourrait servir de base à la mise en place d’un D.E.S.S. d’ici à quelques années, pour autant, en particulier, que les médiateurs issus de cette formation auront trouvé des débouchés professionnels et ainsi prouvé que la médiation peut devenir en France (comme au Canada, par exemple) un métier à part entière.

Aussi, la Chambre Nationale des Praticiens de la Médiation, qui est (à travers les membres de son bureau) à l’origine[11] du projet de formation universitaire, se propose-t-elle, en particulier, de diffuser les listes de médiateurs formés à l’Université à tous les tribunaux de grande instance de France et d’organiser toutes manifestations de sensibilisation et d’information auprès des juridictions et des barreaux.

La première promotion de médiateurs judiciaires diplômés d’université sera opérationnelle entre juillet et octobre 2000.

Elle est formée de professionnels de qualité, en particulier :

  • d’un bâtonnier et de plusieurs avocats,
  • d’un président de chambre départementale de notaires et de plusieurs notaires,
  • d’experts judiciaires dans différentes spécialités,
  • et de divers techniciens ou professionnels.

Ces étudiants seniors viennent de toutes les régions de France et leurs compétences couvrent un champ vaste.

Il existe d’autres formations universitaires en France, mais soit axées sur la seule médiation familiale, soit axées sur différents types de médiations hors cadre judiciaire.

On note aussi l’existence d’un Master européen, à Sion en Suisse.

Le Master est une formation post-grade qui a pour objectif essentiel de consolider le savoir et le savoir-faire des participants, de manière à leur permettre de devenir des acteurs à part entière de la médiation, quel que soit le contexte social où elle s’inscrit.

A ce titre, le Master européen en médiation vise à former des personnes qui seront appelées à conduire et construire des projets de médiation ou à gérer, animer et développer des services de médiation.

La formation porte sur la médiation envisagée dans ses aspects théoriques et pratiques et ses divers champs d’application, dans une perspective disciplinaire et interdisciplinaire. Elle prend en considération les champs d’application (familial, social, scolaire, culturel, administratif, de l’entreprise, de l’environnement, du voisinage, de la politique internationale, de la santé), les modalités d’insertion dans les structures institutionnelles (médiation dans le cadre judiciaire) et les techniques qu’elles mettent en œuvre.

La formation propose aussi une réflexion sur la médiation, les règles éthiques, philosophiques et déontologiques que sous-tendent ses pratiques.

Sont concernées par cette formation, toutes les personnes impliquées dans l’un des champs de la médiation, titulaires d’un diplôme universitaire permettant l’accès à un troisième cycle (équivalences) et attestant d’une formation initiale à la médiation et d’une expérience professionnelle dans la gestion des conflits (évaluation des formations et de l’expérience effectuée par le jury de sélection).

V.3 – Indépendance et impartialité du médiateur / Confidentialité / Déontologie

Le médiateur a le devoir de préserver l’indépendance inhérente à sa fonction.  Il n’a pas pour rôle de juger ni d’arbitrer.

Le médiateur s’interdit d’intervenir dans des médiations impliquant un parent, allié, subordonné, collaborateur ou toute personne avec laquelle il aurait une communauté d’intérêts, de manière formelle.

Le médiateur s’engage à respecter et à préserver la confidentialité des débats et des documents.

Le médiateur se doit d’informer les parties des limites de la confidentialité, notamment dans les domaines où la législation existante permet de lever le secret professionnel.

Le médiateur est tenu au secret professionnel à l’égard des tiers. Le secret professionnel ne pourra être levé qu’avec l’accord conjoint des parties.

Le médiateur, lors de la cessation de sa fonction n’est pas dégagé du secret professionnel relatif à son activité de médiateur.

S’agissant de médiation judiciaire, l’article 131-8 du Nouveau Code de Procédure Civile dispose en outre que :

Le médiateur ne dispose pas de pouvoirs d’instruction…

Il s’agit là de la différence principale entre les rôles de conciliation (assurée par le juge lui-même ou par un conciliateur, instrumenté par la Justice) et le rôle de médiation, assuré par un médiateur tirant son véritable mandat des parties elles-mêmes (puisqu’elles ont la faculté de refuser la médiation).

Il est de plus à noter que le médiateur ne rend pas compte de sa mission au juge, si ce n’est pour l’informer de son aboutissement (ou non).

S’agissant de médiation judiciaire, l’article 131-8 du Nouveau Code de Procédure Civile prévoit également que :

Le médiateur… ne peut pas être commis, au cours de la même instance, pour effectuer une mesure d’instruction.

Ainsi, un technicien (ou conseil) exerçant les fonctions de médiateur ne peut pas, en cas d’échec de la médiation, être désigné par le juge en tant qu’expert judiciaire, ni assister l’une des parties (dans le cadre de l’article 161 du Nouveau Code de Procédure Civile), dans la suite de la procédure, comme le précise également l’article 131-14 du Nouveau Code de Procédure Civile qui dispose :

Les constatations du médiateur et les déclarations qu’il recueille ne peuvent être ni produites ni invoquées dans la suite de la procédure sans l’accord des parties, ni en tout état de cause dans le cadre d’une autre instance.

V.4 – Clause de conscience

Le médiateur peut refuser une mission en vertu d’une clause de conscience, c’est à dire pour tout motif qui relève de son propre jugement.

Le médiateur peut interrompre une médiation si son propre jugement, son éthique, l’amènent à penser que celle-ci ne se déroule pas de manière équitable. Le médiateur peut mettre fin à sa mission en cours de médiation si, par exemple, les parties feignent d’adhérer au processus, mais l’une d’entre elles essaie d’engager l’autre dans une procédure dilatoire ou table sur la médiation pour la manipuler.

VI. Domaines de médiation les plus courants

VI.1  LA MÉDIATION FAMILIALE, LABORATOIRE DE LA MÉDIATION

La vie en famille et en société est faite d’échanges, d’écoute et de compromis. Le succès de notre existence dépend de l’harmonie des rapports humains (notamment fondée sur un souci partagé d’ouverture aux autres et de respect mutuel) et de souci permanent de mériter toujours la confiance dont nous souhaitons être gratifiés, en sorte de bâtir un réseau relationnel riche et ouvert, nécessaire à l’épanouissement de nos projets (famille, affaires etc.).

En cas de tension ou de relation difficile, au sein de notre réseau relationnel, nous connaissons une véritable frustration ou souffrance, face aux parties avec lesquelles nous sommes en désaccord partiel ou en rupture.

Cette souffrance est proportionnelle à notre investissement dans la relation endommagée.

Le médiateur, garant de la qualité de la communication entre les parties, a pour fonction d’inviter chaque partie – chacune pour son compte – à reconnaître à la partie adverse les droits suivants :

  • être ce qu’elle est,
  • penser ce qu’elle pense,
  • dire ce qu’elle choisit de dire et défendre son droit de s’exprimer,
  • faire ce qu’elle choisit de faire,
  • se défendre contre les atteintes à sa dignité et sa liberté,
  • ne pas se contrefaire pour satisfaire les caprices de l’autre partie,

dans la mesure où elle reconnaît ces mêmes droits à l’autre partie, où elle respecte son propre champ de liberté et s’attache à ne pas porter atteinte à sa dignité, ni dans ses propos, ni dans ses actes. Car :

La liberté de chacun de nous s’arrête où commence celle de l’autre.

Un certain souci du respect de ces règles et un peu d’amour ou de bonne volonté suffisent dans nombre de cas, pour garantir des rapports humains riches et harmonieux.

Le médiateur qui intervient dans un cadre familial est donc – à la fois – porté par la demande souvent vive des parties (ou de l’une des parties) de se laisser guider vers la solution négociée qui mettra fin à la souffrance liée au désordre de la relation sinistrée et – à la fois – entravé dans sa mission, par l’hypersensibilité des parties (ou de l’une des parties) qui interdira parfois d’aller au fond des choses ou par la non-demande d’une des parties qui ne souhaite que se désinvestir de la relation. Dans ce dernier cas, tout n’est pas perdu, car cette partie est parfois prête à payer sa liberté par quelques concessions décisives.

Enfin, en cas d’impossibilité, constatée, d’établir un processus de médiation, fondé sur l’acceptation, par les deux parties, des principes de reconnaissance mutuelle énoncés ci-dessus, le médiateur doit voir les limites de sa compétence et renoncer à sa mission.

De même, si le médiateur suspecte une adhésion feinte à ses principes, qui serait en fait une tentative de manipulation d’une partie par l’autre il doit renoncer à sa mission.

Le médiateur ne doit pas non plus se fixer un objectif trop ambitieux dans sa tentative de faciliter la communication entre les parties. S’il est saisi pour arranger les modalités pratiques d’une séparation entre deux parties, son action ne doit pas, par exemple, viser à les faire de nouveau cohabiter.

Une relation conflictuelle ou inégale n’a aucune chance d’évoluer vers l’harmonie et lorsque les parties elles-mêmes ont décidé de se séparer, le médiateur ne doit rien entreprendre contre leur volonté, quelque exorbitant qu’apparaisse le prix de la rupture de cette relation. En effet, rien de bon ne peut sortir d’une relation fondée sur la contrainte d’une partie par une autre. Les comportements de soumission ne peuvent qu’aboutir à l’explosion de la relation, soit par la violence subite, brutale et incontrôlée du dominé à l’égard du dominant, soit par la fuite, la maladie ou la mort de l’une des parties.

La médiation familiale est non seulement intéressante à évoquer en tant que telle, mais elle est en outre, à la fois la plus connue, la plus ancienne, la plus facile à étudier et relativement typique, car elle met en œuvre une approche méthodologique transposable aux autres types de médiation.

En particulier, dans ce type de médiation, comme dans nombre d’autres médiations, la souffrance des parties, du fait de l’altération de leur relation (désordre du lien social), est à la fois leur meilleure alliée et leur plus délicate contrainte.

La médiation familiale se développe en Europe depuis une quinzaine d’années, à l’instigation des juridictions et sous l’impulsion des structures associatives. La médiation familiale a été consacrée, à travers la médiation judiciaire civile, par la loi du 8 février 1995, dont elle constitue l’une des applications les plus fréquentes.

La médiation familiale est un instrument essentiel de la politique familiale en ce qu’elle permet de prévenir et de réduire le coût social des conflits au sein de la famille. Parce qu’elle conduit à une solution négociée par les parties et, par-là même, acceptée par elles, elle contribue à éviter les contentieux ultérieurs.

La médiation familiale a pour principal objectif de permettre aux parents qui traversent une crise grave, de renouer un dialogue devenu impossible, afin de préparer ensemble l’avenir de leurs enfants. En France, la médiation familiale est cependant le plus souvent dite partielle, puisque, à l’inverse de la pratique canadienne (par exemple), dite globale, elle ne traite pas des conséquences financières du partage de la communauté ayant existé entre les époux divorcés.

La raison en est double : Les médiateurs compétents (tel que défini à l’Article 131-5 du NCPC) ne sont pas encore formés en nombre suffisant et, de plus, dans les tribunaux de quelque importance le divorce et la liquidation du régime matrimonial ne sont pas traités par le même juge, ni par la même chambre.

Lorsqu’elle a trait à un litige porté devant les juridictions, la mesure de médiation familiale est ordonnée par le juge de sa propre initiative (mais il doit alors recueillir l’accord des parties) ou à la demande de celles-ci. Le recours à la médiation repose ainsi sur une démarche consensuelle plus à même d’en permettre le succès.

La médiation en matière de divorce ou de séparation a pour objectif de permettre aux parents d’exercer leurs responsabilités parentales dans un climat de coopération et de respect mutuel.

Les couples demandent ou acceptent l’intervention confidentielle d’une tierce personne, neutre et qualifiée, appelée « médiateur familial ».

La pratique de la médiation partielle française se limite à amener les parties à trouver elles-mêmes les bases d’un accord durable et acceptable par chacune d’elles, tenant compte des besoins de chaque membre de la famille et de ceux des enfants en particulier, dans un esprit de co-responsabilité parentale.

La médiation familiale permet d’élaborer des ententes sur les points suivants :

  • pertinence de la décision de séparation,
  • exercice de l’autorité parentale,
  • accueil et hébergement de l’enfant,
  • perte de contact avec l’un des parents, grands-parents,
  • contribution aux frais d’entretien et d’éducation de l’enfant.

Parce que la médiation est un instrument privilégié pour l’apaisement des conflits familiaux, une politique de développement et de généralisation de celle-ci à l’ensemble des juridictions, est menée. Les associations de médiation familiale ont ainsi été soutenues financièrement par le Ministère de la Justice, dès l’origine.

Le nombre d’associations de médiation se créant dans le domaine familial et sollicitant une aide financière augmente chaque année. En 1997 et 1998, près de deux cents associations se sont manifestées auprès de la Chancellerie. Depuis le 1er janvier 1998, les subventions sont accordées aux associations par les Chefs de cours, en application de la politique de déconcentration mise en œuvre dans le cadre de la réforme de l’État.

Désormais, le rôle de la Chancellerie consiste à répartir une enveloppe globale fixée par la loi de finances entre les cours d’appel, de telle sorte que l’ensemble du territoire soit couvert, selon des critères objectifs tenant à l’importance respective du contentieux familial des juridictions du ressort de chaque cour.

Pour autant, le financement ne permettra une politique ambitieuse de développement de la médiation que s’il est diversifié et ouvert à d’autres types de médiation, tant au niveau national que local, où un partenariat est nécessaire pour mobiliser les initiatives. Le Ministère de l’Emploi et de la Solidarité, les conseils généraux, les municipalités et les caisses d’allocations familiales sont également impliqués dans la politique de financement. L’effort doit être poursuivi pour parvenir à une adéquation entre l’objectif de généralisation que la Chancellerie s’est fixé et les difficultés que rencontrent encore les associations.

L’objectif d’implantation des structures de médiation sur l’ensemble du territoire doit s’accompagner d’une harmonisation des pratiques et d’une formation des intervenants. La Chancellerie suit avec attention les initiatives en ce domaine. Une évaluation des mesures sera établie pour déterminer l’impact de la médiation sur le contexte familial.

VI.2  AUTRES CHAMPS DE LA MÉDIATION CIVILE

Dans nos villes comme dans nos campagnes, surviennent bon nombre de problèmes de voisinage tels que contestation de limites, plantations débordantes ou non entretenues, servitude de passage, dégradation de plantations, de clôtures ou de véhicules, injures, comportements bruyants, animaux dérangeants. De même, on assiste à de nombreux litiges en matière de consommation, en matière commerciale, immobilière, technique (construction) etc.

Ces problèmes, le plus souvent mineurs, ont pourtant le don d’exaspérer ceux qui en sont victimes. Personne n’est à l’aise dans ce type d’affrontements. Il est difficile d’en parler calmement. Si certains entament une procédure judiciaire, d’autres hésitent, d’autres encore partent à la recherche de personnes ou de services susceptibles de les aider à dénouer le problème.

Nombre de personnes agressent verbalement ou physiquement la ou les personnes qui les interpellent, avec toutes les conséquences désobligeantes sinon dramatiques qui peuvent s’ensuivre.

La police, quant à elle, n’a pas toujours les moyens de s’investir dans ces litiges souvent empreints de problèmes relationnels non visibles pour des tiers étrangers. Une action en Justice est souvent écartée car trop onéreuse par rapport à l’enjeu.

Quoi qu’il en soit, il faut souvent vivre des années à côté d’un voisin à qui l’on ne parle plus, dont on se méfie. La médiation est, dans les litiges de voisinage, un mode novateur et efficace de résolution des conflits.

La médiation cependant est un concept nouveau, souvent ignoré des parties (ou tout au moins de l’une d’entre elles) que les parties qui n’y auront jamais été sensibilisées auront du mal à accepter. Or elles doivent pourtant y adhérer pour que le processus ait une chance d’aboutir.

A l’inverse du contexte de la médiation familiale, encadré par le conseil de professionnels (juristes, psychologues), la médiation en matière de voisinage, de consommation, la médiation en matière commerciale, immobilière, technique (construction),  est plus difficile à faire connaître. L’absence de compétences de médiateurs connus et reconnus en est la raison principale. Aussi, la Chambre Nationale des Praticiens de la Médiation œuvre-t-elle à la constitution de listes de médiateurs qualifiés dans toutes les spécialités (au sens de l’Article 131-5 du NCPC).

Les médiateurs de la CNPM n’ont bien entendu pas vocation à s’intéresser aux seuls chats écrasés, mais leur croisade pour une sensibilisation à la médiation passe par l’acceptation de missions à vocation prosélytique, telles que celles relevant de la médiation de quartier, si nécessaire.

L’enjeu pour eux est bien sûr ailleurs. Les situations dans lesquelles leur implication sera la plus spectaculaire seront celles aux enjeux financiers importants réglées en quelques jours, là où une procédure ordinaire aurait nécessité des mois, voire des années de procédure.

Les listes de médiateurs CNPM (Chambre Nationale des Praticiens de la Médiation), en cours de préparation (composées d’experts, d’ingénieurs, d’architectes, de notaires, d’avocats et d’autres professionnels, suivant la nature des litiges) spécialement formés[12], ont déjà été réclamées par une quarantaine de tribunaux de grande instance en France. Leur vocation est de permettre à la médiation de sortir des seuls domaines dans lesquels elle s’est imposée jusque là, à savoir :

  • la médiation familiale et la médiation sociale (exercées par des professionnels qualifiés mais monovalents), d’une part,
  • la médiation de quartier, la médiation scolaire et la conciliation (parfois exercées par des précurseurs bien intentionnés et autres bénévoles, parfois plus zélés qu’efficaces[13]), d’autre part.

La médiation tente de réduire les tensions de voisinage et de rapprocher les intéressés, afin d’éviter, si possible, qu’une situation problématique ne perdure ou ne dégénère en conflit civil ou pénal. La médiation ne cherche pas les responsabilités, elle rend aux parties le pouvoir de générer des pistes de solutions. Ce n’est pas une action judiciaire mais un mode alternatif et consensuel de résolution de conflits.

Un conflit de voisinage peut cacher un désir de revanche relatif à de vieilles rancœurs, qui sont étrangères à l’objet apparent du procès dont le juge est saisi. Les éléments factuels du conflit sont « l’arbre qui cache la forêt ».

De même, le contentieux (ou pré-contentieux) de la consommation, de l’immobilier (litiges locatifs, vente, achat), de l’industrie, de la distribution et ceux de la construction, sont un champ prometteur de développement de la médiation, en particulier dans le cadre inter-entreprises.

VII. Réflexions sur une interaction efficace, harmonieuse et juste

L’ordre social, inventé par l’homme, résulte du juste équilibre des individus entre l’impératif biologique (la nécessité de prédation, commune aux animaux) qui s’impose à eux et leur avènement à une essence spirituelle (logique de respect et d’échange avec l’environnement, d’appartenance à une famille, choix du don, de l’amour)[14].

On mesure aujourd’hui la réussite d’un homme à la richesse de ses échanges avec le monde. L’homme accompli œuvre ainsi toute sa vie à mériter la confiance de ses pairs, pour susciter toujours plus de reconnaissance et d’échanges. Par exemple, lors des procédures de recrutement d’un cadre, il n’est par rare qu’il soit interrogé quant à la qualité et quant à l’étendue de son relationnel.

Le non-échange est synonyme d’échec et de souffrance.

Nombreuses sont aujourd’hui les grandes envolées sur la médiation et sur cette œuvre magnifique que représente la restauration du lien social. Mais, dans la pratique, le médiateur doit-il se fixer des ambitions limitées, mais réalistes… ou doit-il se donner pour objectif de réconcilier les parties ?

En particulier, s’agissant du divorce, un bon médiateur doit-il s’attacher à aider les parties à régler les difficultés matérielles de leur nouveau choix de vie ou peut-il espérer recoller le ménage ?

A l’évidence, non !  Le médiateur ne doit pas prendre sur lui de vouloir le bonheur des parties malgré elles et malgré le choix exprimé de séparation de corps et de biens. Le travail du médiateur est de recueillir et tisser patiemment les éléments d’accords exprimés devant lui par les parties et le premier de ces accords (s’agissant de l’illustration de la médiation familiale) est justement ce choix de séparation.

On voit bien que le médiateur doit se fixer une ambition réaliste et surtout qu’il ne doit pas s’approprier le litige et proposer son cadre de références et de solutions. La première tâche du médiateur consiste donc à proposer aux parties un cadre pour le travail de médiation accompli en commun. Ce cadre permettra de fixer les enjeux et les objectifs raisonnables.

Au cours de la présentation de son intervention aux parties, le médiateur doit les avertir de son absence de pouvoir et de la modestie de son approche. Il les informera que son rôle n’est que d’intervenir sur leur communication (sur la seule forme) et non sur les messages. Le médiateur tente de garantir la qualité des stratégies de communication des médiés.

Le médiateur en accord avec les parties et selon sa perception du litige, doit définir le cadre réaliste de son intervention :

  • Recherche d’une écoute et d’une compréhension améliorée de chacune des parties à l’égard de l’autre,
  • Aide à la construction d’une représentation commune (ou tout au moins plus proche) des éléments factuels de conflit,
  • Assistance à la construction d’un accord raisonnable et juste,
  • Et non pas recherche, plus ambitieuse, d’une restauration totale d’une relation humaine harmonieuse.

Lorsque la médiation se déroule entre des personnes qui recherchent une solution la moins contentieuse possible à un problème factuel bien identifié et sans enjeu affectif, elle peut aboutir à un accord rapide, sans implication trop active de la part du médiateur.

Mais lorsque la médiation est d’abord un lieu où le médiateur doit faciliter l’expression et l’écoute entre des parties sur des sujets sensibles, chargés d’affectivité, alors la médiation devient un lieu où le médiateur doit faire preuve de pédagogie et intervenir pour transmettre des points de repères en matière de communication.

Son rôle peut-il être plus interventionniste ? Quels sont les outils qu’il peut utiliser, sans transgresser les règles éthiques, pour accompagner le choix d’une solution qui ne soit pas le résultat d’un abandon de l’une des parties, mais satisfaisante pour les deux ?

Les différentes situations de médiation font découvrir au médiateur, à chaque fois, de nouveaux comportements.

En conséquence, la formation du médiateur, puis plus tard sa pratique, doivent lui être une source de références concrètes et un ressourcement quotidien. Ainsi, au sommet de son art[15], il sera capable d’aider les personnes à faire des avancées et des concessions réciproques, librement consenties (bien que parfois contraires à leurs comportements naturels ou à la détermination annoncée).

La neutralité du médiateur ne signifie cependant pas sa passivité. Le médiateur est un acteur visible de la médiation. S’il est neutre par rapport à l’objet du conflit, il ne saurait rester passif par rapport aux attitudes et comportements des parties en présence.

Ainsi, le médiateur est fondé à rappeler les parties à l’ordre, à user de l’ascendant lié à sa position de médiateur (et non pas à son autorité personnelle) pour favoriser une expression équilibrée et harmonieuse des deux parties, en évitant :

  • que le débat ne s’égare dans des méandres improductifs ;
  • qu’une des parties n’exerce une position dominante, préjudiciable à la légitime expression de l’autre ;
  • que l’une d’entre elles ne feigne d’entrer dans la médiation pour manipuler l’autre (notamment en lui faisant dévoiler les faiblesses de sa position) ;
  • en un mot que les conditions d’une communication sincère, fructueuse et juste ne soit bafouées.

On a dit dans quel désarroi est plongé l’homme qui est engagé dans un conflit grave et combien le ressort de son propre désir de voir se restaurer le lien social est puissant ; et d’autant plus puissant qu’il est amené à continuer une relation sociale avec son adversaire à l’issue du conflit (a fortiori si son adversaire est un proche).

Les parties sont ainsi parfois plus motivées que ne le pense le juge ou le médiateur pour trouver la voie vers un compromis. Le médiateur n’aura alors qu’à faire en sorte de restaurer le dialogue, puis orienter les parties dans une démarche de recherche d’hypothèses de solutions (appel à leur créativité), tout en veillant à ce que personne ne perde la face.

Le litige résulte le plus souvent d’une incapacité de l’une des (ou des deux) parties à accéder à la vision de l’autre, à sa construction du réel (malentendu).

Le médiateur n’a pas pour vocation, dans le cadre d’une mission de courte durée (litige judiciaire), à entreprendre de traiter en profondeur l’incapacité des parties à réussir une relation sociale harmonieuse.

En revanche, à l’occasion du concret que représente le litige, il peut tenter (par une écoute active et une reformulation inspirée ) de permettre à chacun d’entendre l’autre.

Il favorisera alors une représentation plus partagée des éléments du litige et des positions respectives, nécessaire préalable à la réalisation d’un accord ponctuel (et parfois à une restauration plus durable du lien social, en particulier retour du respect et de la confiance).

VIII.    Conclusion

La médiation judiciaire est susceptible d’apporter une solution rapide et  économique à une grande variété de litiges civils, si ce n’est à quasiment tous les types, sous réserves de circonstances favorables[16].

Elle représente une réponse porteuse de grands espoirs, tant pour la Justice en tant qu’institution[17], que pour le justiciable qui – dans 60 à 90 % des cas – y trouvera :

  • Une meilleure qualité d’accès à la Justice (rapidité, coût),
  • Une meilleure solution au litige, puisque bâtie par les parties elles-mêmes, non susceptible de recours et non imposée par le juge[18],
  • Une meilleure adhésion des parties aux termes de l’accord bâti entre elles et donc une meilleure exécution des obligations réciproques[19],
  • Et, pour toutes ces raisons, un meilleur vécu de l’après contentieux, pour les parties vouées à conserver une relation après le règlement du litige[20] et de ce fait une désinflation des nouveaux litiges potentiels entre elles.

Toutefois, on doit rester vigilant sur différents points, en particulier, quant à la nécessaire libre disposition des parties sur l’objet du litige et quant au caractère définitif de la transaction, puisqu’elle coupe les parties de toute voie de recours sur le fond ; ce qui est, à la fois, l’un de ses avantages, mais aussi la rend plus délicate[21].

Ainsi, c’est une proportion importante du contentieux civil qui devrait, à terme, être orienté vers la médiation. Ceci suppose toutefois :

  • Une évolution des mentalités, chez les magistrats, les avocats, les juristes d’entreprise et les parties elles-mêmes,
  • L’existence de médiateurs formés en nombre suffisant, pour éviter des expérimentations hasardeuses et non convaincantes, qui ne manqueraient pas d’apporter de l’eau au moulin des chantres de la résistance au changement.

Pour conclure, je reprendrai la formule de Monsieur le Premier Président André ORIOL, le choix de la médiation judiciaire en matière civile est comparable au pari de PASCAL :

« –  On a tout à gagner à croire à la médiation judiciaire en matière civile… et si peu à perdre ! »

 Petit glossaire

Pour aborder la présente étude avec un corpus de notions partagées, il est proposé ci-après quelques précisions sur le sens particulier que le rédacteur donne à un certain nombre de notions[22] dans le contexte de la médiation, telle qu’abordée dans le présent document.

Accord

Pacte (verbal ou écrit) ou convention conclu entre les parties à un conflit. Situation tacite de non-agression.

Dans le processus de médiation, il existe des accords partiels, des parties, sur des points d’importance diverse, comme sur le cadre de la médiation, son prix, ses objectifs, ses enjeux etc. sur le chemin d’un accord global.

L’accord final des parties peut revêtir la forme d’un protocole de médiation ou encore d’une transaction au sens de l’Art. 2044 du Code Civil et suivants, voir ce terme.

Amiable composition / Amiable compositeur

Il arrive que les parties à un litige demandent au juge ou à l’arbitre de statuer en amiable composition, c’est à dire de rendre une sentence motivée par la seule recherche de l’équité et non pas par la stricte application du droit. S’agissant de la médiation, l’accord qui intervient entre les parties est, le plus souvent, un accord issu d’une recherche de l’équité, davantage que de la stricte application du droit.

Pour autant, le médiateur ne peut pas être appelé « amiable compositeur ». Cette assimilation à un juge ou à un arbitre est préjudiciable à une bonne compréhension de sa mission, puisque le médiateur n’oriente en rien l’accord des parties et n’impose aucune sentence[23].

Arbitrage

Sorte de procès privé, à l’issue duquel une sentence est rendue par un juge-arbitre. Le recours à l’arbitrage n’est obligatoire que si les parties en ont prévu le principe (de manière contractuelle) préalablement à la naissance de leur litige[24]. On dit alors l’arbitrage conventionnel. Il arrive également que des parties décident de recourir volontairement à l’arbitrage postérieurement à la naissance du litige qui les oppose ; on dit alors l’arbitrage ad hoc.

La médiation est tout sauf un arbitrage, puisque le médiateur ne rend aucune sentence, n’a aucun pouvoir et ne tire sa « force » (si l’on peut dire) que de ce qu’il aide  les parties à se réapproprier leur litige (à l’inverse du juge ou de l’arbitre, juge privé, qui « tranche » les litiges).

Avocats-conseils et Juristes d’entreprises

Le recours à la médiation peut être envisagé :

  • soit antérieurement à la naissance du litige, au moyen d’une clause de médiation insérée dans le contrat qui les lie (bail, contrat d’assurance, de construction, contrat commercial, de prestations diverses etc.) ;
  • soit postérieurement à la naissance du litige, sur proposition du juge, dans le cadre d’un procès[25] ou, plus rarement, sur la recommandation d’une association ou d’un avocat, par exemple.

Les avocats-conseils, de même que les juristes d’entreprises, ont un rôle décisif à jouer dans la prévention du contentieux, par la rédaction de clauses de médiation[26] dans les contrats qu’ils rédigent. La plus grande chance de la médiation conventionnelle réside en effet dans l’introduction systématique d’une clause spécifique dans les contrats de droit civil, interdisant l’accès au juge, tant qu’une recherche d’accord amiable n’aura pas été engagée, par l’entremise d’un médiateur.

Avocats des parties

L’avocat des parties est garant de la formulation juridique de l’accord, dont il est le rédacteur.

Il veille à n’engager les parties à négocier que sur les objets du litige dont elles ont la libre disposition.

Il est également garant du caractère licite et conforme à l’ordre public de l’accord  des parties.

Le médiateur ne doit prendre aucune responsabilité d’ordre juridique et officie, de préférence, en présence des avocats des parties et sous leur responsabilité juridique.

Les parties sont, bien entendu, seules juges de l’opportunité de l’assistance de leur conseil à tout ou partie du processus de médiation, en fonction de différents critères (enjeu financier, technicité, complexité juridique, honoraires de leur avocat, etc.).

Du point de vue du médiateur, en tout cas, la présence des avocats présente de multiples avantages :

  • elle l’aide à recentrer le débat, lorsque les parties s’égarent sur l’accessoire,
  • elle dégage sa responsabilité par rapport au fond même de l’accord,
  • et plus généralement, elle démontre aux avocats les perspectives que la médiation offre à leur implication, contribuant ainsi à désamorcer le réflexe anti-médiation de certains avocats[27].

Conciliation

La conciliation est différente (en matière judiciaire et en droit français, en tout cas) de la médiation, parce que le conciliateur y est investi de pouvoirs d’instruction et rend compte du déroulement de sa mission au juge, à moins que la conciliation ne soit opérée par le juge lui-même. S’il ne s’agit du juge lui-même, le conciliateur de Justice est nécessairement un bénévole et il ne peut pas s’agir d’un membre des professions judiciaires ou para-judiciaires en exercice. Le conciliateur rend compte de sa mission au juge. On peut ainsi dire que le conciliateur est l’instrument du juge, alors que, dans la médiation, le médiateur n’est l’instrument de personne (ou peut-être des parties).

De plus, à l’inverse de la médiation (que les parties peuvent refuser) la conciliation s’impose aux parties, qui n’ont d’autre choix (même si, au fond, elles refusent de s’y soumettre) que de se rendre malgré tout physiquement à la conciliation. Certaines procédure font de la conciliation un préalable obligatoire (contentieux prud’homal, divorce).

La conciliation est d’ordinaire réservée à des litiges de petite importance, alors que la médiation trouve son champ dans des enjeux plus conséquents.

Contentieux

Litige qui n’a pas trouvé de solution négociée directement entre les parties et qui a été porté devant le juge.

Contradiction / Contradictoire

Le caractère contradictoire du débat est le fondement même de la procédure civile, en ce qu’il garantit une égalité de traitement aux parties et un égal accès à la Justice.

Le respect du « contradictoire », dans la médiation judiciaire, est donc une matière qui fait couler l’encre.

Pour ce qui me concerne, dans le cadre d’une procédure de médiation, je considère que l’égalité de traitement doit être assurée aux parties. Il s’agit en l’espèce davantage de respect de l’esprit du contradictoire que de la lettre (au rebours de l’expertise judiciaire[28]). Car, si les parties en acceptent le principe (et en sont, de ce fait, parfaitement informées) il peut arriver au médiateur d’entendre les parties séparément, pour faciliter l’expression de leur point de vue.

Il est à noter que, en la matière, le souci du médiateur relève à la fois d’une préoccupation juridique et psychologique.

  • Au plan juridique, on peut en effet considérer que la médiation est une « parenthèse » dans la procédure judiciaire et la vision d’une nécessaire application a priori de l’ensemble de ses règles est infondée.

En outre, le médiateur étant dépourvu de tout pouvoir et ayant vocation à rester totalement muet sur ce qu’il aura entendu au cours de la médiation, si le litige devait revenir devant le juge, les confidences qu’il aurait pu recueillir, n’auraient aucune conséquence sur l’issue du litige.

  • Au plan psychologique, en revanche, on peut parfois craindre que si le médiateur rencontre une des parties hors la présence de l’autre, cette dernière n’en vienne à suspecter une collusion entre le médiateur et l’autre partie, qui entamerait sa reconnaissance de la légitimité de tiers indépendant qu’est le médiateur.

Pourtant, le médiateur aura parfois une meilleure vision sur les limites d’un accord acceptable par chaque partie, s’il les entend séparément, car elles parleront souvent plus librement hors la présence de la partie adverse.

Ainsi, dans certains cas, il se révèle plus efficace d’entendre chaque partie indépendamment pour établir un véritable climat de confiance.

Je tends cependant, dans ma propre pratique, à rencontrer les parties ensemble, autant que faire se peut, moins d’ailleurs pour des raisons d’éthique personnelle que d’efficacité ; la durée de la mission étant, en outre, allongée, si l’on entend les parties séparément.

Déontologie du Médiateur

Ensemble de règles – encore non-officielles – qui encadrent l’action du médiateur et l’écartent, autant que faire se peut, des dérives, telles que, entre autres, l’abus de position dominante et le non-respect des parties. La Chambre Nationale des Praticiens de la Médiation propose un code déontologique, auquel ses membres se réfèrent[29].

Désaccord

Conflit portant sur des éléments identifiés ou non et susceptibles de donner lieu à des négociations. Situation ponctuelle d’impasse dans la négociation d’un accord sur un point précis.

Équité

S’agissant de la médiation, un accord juste ou équitable n’est pas nécessairement dicté par la stricte application du droit. L’accord qui intervient entre les parties est, le plus souvent, un accord issu d’une recherche de l’équité, davantage que de la stricte application du droit.

Le choix de privilégier l’équité sur le droit est également parfois celui qui est fait dans certaines procédures arbitrales, notamment lorsque plusieurs systèmes juridiques sont en concurrence (arbitrages internationaux). Le juge d’état est également, de manière exceptionnelle, saisi par les parties pour rendre une sentence « en équité » ou en « amiable compositeur » (voir ce mot).

Faits

Les faits (ou éléments « objectifs ») d’un conflit ne sont souvent pas perçus de manière identique par les parties. Le médiateur les invite à établir les faits objectifs de leur conflit et l’objet du litige, préalable nécessaire au combat du « malentendu ».

Juristes d’entreprises

Voir rubrique :  Avocats-conseils / Juristes d’entreprises, relative au rôle de ces professionnels dans la rédaction de clauses de médiation.

Lien social

Architecture de liens invisibles, particulière au groupe humain, qui autorise l’interaction entre les hommes. Depuis que l’homme est organisé en société, des interdépendances matérielles et affectives lient les hommes les uns aux autres, au point que l’absence de lien ou la dégradation d’un lien existant peuvent être facteurs de souffrance. Cette souffrance, face à la dégradation du lien social, est souvent la principale alliée du médiateur.

Litige

Conflit sérieux entre deux parties (minimum) défendant des intérêts distincts ou contradictoires, portant sur des éléments matériels ou affectifs prétendument identifiés et susceptibles de donner lieu à des négociations, l’objet du litige.

Médiateur

Personne qualifiée (compétente eu égard à la matière du litige, formée à la médiation, indépendante et neutre) choisie par les parties ou le juge (médiation judiciaire) et qui accompagne les parties dans la recherche d’une solution négociée dans le cadre d’une médiation (voir ce mot).

Médiateur-arbitre

La pratique française de la médiation, qui se dessine actuellement, tend à calquer, peu ou prou la procédure de la médiation conventionnelle sur les règles de la médiation judiciaire. Le médiateur est donc dépourvu de tout pouvoir et son rôle est aux antipodes de celui de l’arbitre qui, lui, rend une sentence.

Dans l’univers anglo-saxon les catégories sont moins marquées et la pratique des modes alternatifs de résolution des conflits amène des innovations intéressantes. En particulier, le monde des affaires, et singulièrement des travaux publics, institue parfois un médiateur-arbitre (ingénieurs spécialement formés), chargés, à la fois, d’entretenir la cohésion des intervenants, à titre préventif, tout au long du chantier et, en cas de litige déclaré, d’intervenir pour prendre toutes mesures conservatoires et faciliter toutes solutions amiables rapides, afin de ne pas retarder l’ouvrage. Ces médiateurs-arbitres sont également contractuellement investis du pouvoir de trancher les litiges non résolus par la médiation.

Médiation civile[30]

Action menée, dans le cadre d’un litige en matière civile, sous l’égide d’un tiers qualifié.

La médiation a pour vocation d’aider les parties à se réapproprier leur litige et à « accoucher » de leur propre solution (meilleur accès à leur justice).

Elle vise en particulier à :

  • clarifier la vision de l’objet et de l’enjeu du litige, pour les deux parties et tenter de faire accéder chaque partie à la vision de l’autre ;
  • les aider à se placer dans une attitude constructive et à articuler des propositions raisonnables pour la résolution du litige ;
  • les aider à clarifier les positions, à formuler des propositions positives ;
  • les aider à bâtir un accord.

La médiation se déroule dans un lieu de préférence neutre et suivant des modalités qui garantissent l’égalité d’écoute et de traitement aux parties.

Médiation conventionnelle

La médiation est dite « conventionnelle » si les parties y ont recours hors du cadre judiciaire. Elle relève alors d’une convention passée entre les parties :

  • soit antérieurement à la naissance du litige, dans le cas où elles sont (ou ont été) liées par un contrat prévoyant une clause de médiation[31] (bail, contrat d’assurance, contrat commercial, de prestations diverses etc.) ;
  • soit, plus rarement, postérieurement à la naissance du litige, sur la recommandation d’une association ou d’un avocat, par exemple[32].

Les avocats-conseils, de même que les juristes d’entreprises ont un rôle décisif à jouer dans la promotion de la médiation conventionnelle, à travers l’introduction systématique d’une clause de médiation dans les contrats de droit civil, dont ils sont les rédacteurs.

Médiation judiciaire

La médiation est dite « judiciaire » si elle est proposée aux parties dans le cadre d’un procès. Elle est alors encadrée par les articles 131-1 et suivants du N.C.P.C.

Médiation pénale

Procédure introduisant l’entremise d’une tierce personne bénévole, dans les procédures pénales, ayant pour vocation de négocier, au nom du ministère public, une réparation à la fois acceptable par la victime de faits délictueux et par leur auteur.

Par référence à la notion d’absence de pouvoir et de neutralité du médiateur, fondement même de la médiation civile, la médiation pénale apparaît purement et simplement comme un abus de langage. Il serait préférable de donner à cet intervenant (muni d’un véritable pouvoir, au rebours du médiateur civil) une dénomination moins ambiguë, telle que par exemple « auxiliaire de Justice pénale » ou toute autre dénomination à inventer.

Médiation d’assurance / d’entreprise

Démarche commerciale visant à traiter les réclamations, au sein d’une compagnie d’assurance (les litiges après-vente dans la distribution) à travers un service ou une personne salariée qualifiée de « médiateur », ayant pour vocation de négocier, pour le compte de la compagnie d’assurance (ou de l’entreprise de distribution), une solution acceptable par le client.

L’essence même du médiateur, tiers indépendant, est sa neutralité. Son inféodation de quelque manière que ce soit à l’une des parties l’écarte a priori de toute médiation dans laquelle serait engagée cette partie.

Par référence à la notion d’absence de pouvoir et de neutralité du médiateur, fondement même de la médiation civile, la médiation au sein d’une compagnie d’assurance (ou de toute entreprise de distribution, par exemple) apparaît purement et simplement comme un abus de langage. Il serait préférable de donner à cet intervenant non indépendant, puisque salarié d’une des parties au litige, une dénomination moins ambiguë, à peine, pour ces compagnies d’assurance (ou entreprises de distribution, par exemple) d’être un jour poursuivies pour publicité mensongères… sauf bien entendu à ce que ces compagnies d’assurance (ou entreprises de distribution) en viennent à recourir aux services de véritables médiateurs formés, qualifiés et indépendants.

Médiation préventive

L’ouverture à l’autre et le respect, ainsi que l’aptitude à une négociation équitable, que le médiateur s’attache à développer chez les parties à un litige, peuvent également être stimulés, à titre préventif, hors de tout litige déclaré, à l’intérieur de groupes de personnes appelées à partager un projet commun que d’éventuels litiges pourraient compromettre ou retarder.

Le médiateur, essaie alors de développer un « esprit de médiation » chez les participants.

De même, de grandes entreprises de travaux publics mettent en place sur des chantiers stratégiques (tunnels, tours de grande hauteur etc.) des ingénieurs spécialement formés, chargés, à la fois, d’entretenir la cohésion des intervenants, à titre préventif, tout au long du chantier et, en cas de litige déclaré, d’intervenir pour prendre toutes mesures conservatoires et faciliter toutes solutions amiables rapides, afin de ne pas retarder l’ouvrage.

Certains ingénieurs-médiateurs sont également contractuellement investis de pouvoir de médiateurs-arbitres (voir ce mot).

Objet du litige / libre disposition de droits sur l’objet du litige

L’objet du litige est parfois clair pour les parties et pour le médiateur. Parfois également, il y a des non-dits et le véritable objet du litige n’est pas celui annoncé par les parties. Le médiateur devra lui-même accéder à une juste représentation des enjeux et de l’objet réel du litige et permettre aux parties une juste représentation.

Les parties n’ont, dans certaines procédures, pas la libre disposition de leurs droits sur l’objet du litige (en particulier en matière familiale où les parties doivent alors soumettre leur projet d’accord au juge). Dans les autres cas, le médiateur doit s’assurer de la libre disposition des parties sur l’objet du litige, dès le début du processus de médiation.

Par exemple, si le litige porte sur la disposition d’un objet (bien qu’il n’ait pas, à proprement parler, de pouvoir d’instruction), le médiateur invitera les parties à s’interroger sur la possible existence de droits de tiers sur l’objet du litige (tels que ceux résultant par exemple de baux, servitudes, créances hypothécaires etc.). De même, dans un divorce, une partie ne pourrait pas, par exemple, interdire tout droit de visite des enfants, en échange d’une concession sur un autre point.

Parties

Personnes engagées dans un conflit, un litige ou un contentieux.

Rapport de mission de médiation judiciaire

Le médiateur ne rend pas de rapport de mission, car il est tenu au secret, comme le prévoit l’Art. 131-14 du NCPC, qui dispose :

« Les constatations du médiateur et les déclarations qu’il recueille ne peuvent être ni produites ni invoquées dans la suite de la procédure sans l’accord des parties, ni en tout état de cause dans le cadre d’une autre instance. »

Cependant, comme il est également prévu à l’Art. 131-14 du NCPC :

« à l’expiration de sa mission, le médiateur informe par écrit le juge de ce que les parties sont ou non parvenues à trouver une solution au conflit qui les oppose. C’est d’ailleurs généralement à l’occasion de l’envoi de ce simple courrier au juge, que le médiateur adressera également la demande de taxe de ses frais et honoraires de missions. »

Relation

La relation entre deux parties peut être appréciée à deux niveaux :

  • sur un mode général, c’est-à-dire le lien profond qui les unissait éventuellement (nature, qualité, ancienneté de ce lien), antérieurement à la naissance du litige ;
  • ou, au cas particulier, la qualité de la relation peut être appréciée dans le seul cadre du processus de médiation.

Ainsi, le médiateur appréciera (et invitera les parties à s’interroger sur) la qualité de leur relation présente (sincérité de leur adhésion au processus de médiation, qualité de leur communication, confiance)…

Représentation du réel

Les éléments « objectifs » d’un conflit ne sont souvent – paradoxalement – pas du tout perçus de manière identique par les parties ; ce qui est la première raison du « malentendu ». Le médiateur œuvre à une construction commune de la représentation du réel et des éléments factuels du litige.

Responsabilité du médiateur

Le médiateur exerce dans un cadre professionnel et, à ce titre, ne saurait échapper à toute potentielle mise en cause pour les suites ou les conséquences de ses interventions. Ainsi, doit-il être vigilant à respecter scrupuleusement les règles éthiques, déontologique et méthodologiques inhérentes aux responsabilités confiées.

  • Il veillera en particulier à ne participer d’aucune manière à la préconisation de solutions, ni surtout faire pression pour les engager, de manière autoritaire vers une voie qu’elles n’auraient pas librement choisie.
  • Il ne participera pas à la formulation juridique de l’accord et surtout il n’en sera pas le rédacteur[33] ;
  • Il veillera à n’engager les parties à négocier que sur les objets du litige dont elles ont la libre disposition ;
  • Le devoir de conseil, associé au caractère professionnel de sa fonction, le rendra cependant vigilant quant au caractère licite de l’accord passé en sa présence et quant à son caractère conforme à l’ordre public.

Pour toutes ces raisons, les missions de médiation en matière civile ne peuvent être assumées que par des professionnels qualifiés, armés pour ce faire et dûment assurés.

Par ailleurs, le médiateur ne doit prendre aucune responsabilité d’ordre juridique. Pour cette raison, il préférera toujours intervenir en présence des avocats des parties et sous leur responsabilité, en particulier lors de la rédaction de l’accord final, sous la plume des avocats.

Ainsi sa responsabilité ne pourra-t-elle être recherchée que dans des cas exceptionnels et les conséquences de sa mise en cause seront-elles limitées.

Transaction

Accord écrit, conclu entre les parties à un conflit, stipulant nécessairement les concessions réciproques et les modalités pratiques de réalisation de l’accord (cf. Art. 2044 du Code Civil et suivants). La transaction est l’aboutissement fréquent de la médiation.

En matière de litige judiciaire, la transaction doit notamment prévoir le montant et la répartition des honoraires du médiateur, sous réserve de l’accord du tribunal (comme prévu à l’article Art. 131-13 du NCPC, s’agissant de médiation judiciaire).

Les parties doivent être informées du caractère définitif de la transaction (dès lors qu’elle est parfaite) puisqu’elle coupe les parties de toute voie de recours sur le fond.

Le juge homologue, à la demande des parties, l’accord qu’elles lui soumettent. L’homologation relève de la matière gracieuse (Art. 131-12 du NCPC).

La transaction a autorité de la chose jugée (art. 2044 du Code Civil).
Les parties peuvent lui faire conférer la force exécutoire :

  • soit par homologation, pour les procédures judiciaires,
  • soit, s’il s’agit d’une médiation conventionnelle, sur requête au président du Tribunal de Grande Instance (art. 1441-4 du N.C.P.C.).


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Notes

[01]  et de leurs conseils : avocats-conseils et juristes d’entreprises (voir cette rubrique au chapitre IX).

[02]  action préventive, visant :

  • d’une part à désamorcer les litiges potentiels (au sein des groupes susceptibles de développer des situations conflictuelles) par un travail psychologique approprié,
  • d’autre part à favoriser le recours à la médiation conventionnelle, par l’introduction systématique de clauses de médiation dans les contrats de droit privé (voir définitions chapitre IX).

[03]  telle qu’instituée par la loi no 95-125 du 8 février 1995 et le décret n°96-652 du 22 juillet 1996.

[04]  de telles clauses peuvent en effet être insérées dans tous les types de contrats (baux d’habitation, contrats d’assurance, contrat de vente, de location-gérance, de partenariat, de franchise etc.), y compris les contrats impliquant des particuliers (à la différence des clauses d’arbitrage). Elles peuvent prévoir la renonciation formelle à toute action de chacune des parties devant les tribunaux, sauf à apporter la preuve que la recherche d’une solution amiable a été engagée, en présence d’un médiateur (dont les modalités de la saisine peuvent être également prévues dans la-dite clause). Un modèle de clause type est proposé au chapitre IX (définition du mot Médiation conventionnelle).

Le juge, saisi d’un litige au mépris d’une telle clause, refusant de statuer, désignera un médiateur à la demande éventuelle de la partie adverse. Il s’agira cependant toujours d’une médiation conventionnelle (le médiateur agira ainsi hors du cadre judiciaire).

[05]  Voir définitions au chapitre IX, p. 42.

[06]  On notera en particulier la performance du TGI de Privas, en Ardèche, qui dépasse le taux de réussite de 90 % dans les litiges portés devant le médiateur, avec un nombre d’affaires soumises à la médiation important et une typologie de conflits variée (voisinage, bâtiment, succession etc.).

[07]  lui donnant également sa chance de sortir du ghetto, gravement connoté d’amateurisme, de la médiation de quartier ou de la conciliation.

[08]  Problème de la libre disposition des parties de leurs droits sur l’objet du litige.

[09]  Leur rétribution ramenée a posteriori à un taux horaire est alors parfois (en cas de succès), supérieure à une ou plusieurs dizaines de milliers de francs, même dans des litiges franco-français inter-entreprises.

Les chiffres constatés, outre Atlantique ou dans des litiges inter-continentaux, sont souvent encore beaucoup plus élevés ; le médiateur agissant alors souvent en team (traducteurs, techniciens, co-médiateur(s) de la nationalité de chacune des parties).

[10]  Il est en effet courant que les juges préfèrent saisir des experts judiciaires étrangers au ressort, chaque fois que l’enjeu du litige ou son caractère sensible le justifie.

Or ce qui vaut pour l’expertise, vaut davantage encore pour la médiation  pour deux raisons (suite note page suivante) :

  • Il n’y a pas de commune mesure entre une expertise judiciaire et une médiation judiciaire, en termes de durée et donc de coût global (la médiation restant très inférieure en investissement intellectuel) ;
  • Si la dépendance de l’expert importe au juge, les soupçons que pourraient nourrir les parties à cet égard, ne pénalisent, pour autant, en rien la procédure, sauf à ce qu’elles justifient d’une collusion établie (ce qui est rarissime). En revanche le moindre soupçon, que pourraient nourrir les parties sur la personnalité ou la légitimité du médiateur (doutes quant à son indépendance ou sa compétence), hypothèqueraient gravement le processus de médiation.

[11]  grâce à l’appui de Monsieur le Premier Président honoraire de la Cour d’Appel de Lyon André ORIOL et de Monsieur Jacques GAUCHER, alors directeur de l’Institut de Psychologie de l’Université Lumière Lyon II.

[12]  en particulier par l’Université Lumière Lyon II

[13]  le faible taux de réussite dans les missions de conciliation confiées à des bénévoles, du fait d’une fréquente confusion entre conciliation et médiation, aboutit à une contre-promotion de la médiation en général ; surtout lorsqu’il arrive que des juges confient des médiations à de tels bénévoles.

[14]  Avènement d’une filiation spirituelle, en complément de la filiation biologique. L’homme, père, fils et esprit devient porteur des valeurs fondatrices de l’ordre social. Avènement de la notion de bien (amour, ouverture d’esprit, respect d’autrui) opposé au mal (état de nature, logique de prédation, de plaisir immédiat).

Le « commerce social » et les échanges apparaissent (spécialisation des compétences, échange de services). La morale devient, dans toutes les civilisations, fondatrice et garante de l’ordre social (nécessaire aux échanges). Dans nombre de civilisations, l’ordre social s’appuie sur un (ou plusieurs) dieu(x), porteur(s) d’un message (tables de la loi, évangile, etc.). Pour certains, lors de son éveil à son essence spirituelle, l’homme a inventé Dieu. Pour d’autres, au contraire, au commencement était le Verbe… (St Jean).

La reconnaissance d’autrui, l’amour, l’échange (de biens, de services, de connaissances) deviennent nécessaires à la vie de l’homme. L’homme désapprend alors la vie sauvage. Ainsi, on est aujourd’hui fondé à déclarer l’homme socialement dépendant.

[15]  c’est à dire au sommet de son chemin vers l’humilité et le respect authentique des parties, lorsqu’il sera enfin à même de porter un regard critique sur ses propres excès et faiblesses (en matière de compréhension et de communication).

[16]  cf. § 1

[17]  en voie de total engorgement à moyen terme et pour tout dire en voie de faillir à sa mission.

[18]  et, de ce fait, souvent perçue comme arbitraire par l’une des parties… quand ce n’est pas par les deux !

[19]  même, à la rigueur, sans l’homologation du juge

[20]  litiges sociaux, litiges entre bailleur et locataire, fournisseur et client, cohéritiers, voisins, ou époux divorcés, par exemple.

[21]  et nécessite une parfaite maîtrise de ce nouveau mode de résolution des conflits, de la part des magistrats, des avocats, mais également du médiateur

[22]  connues du plus grand nombre et dont le sens courant n’est ainsi pas systématiquement rappelé ici

[23]  Il n’est cependant pas rare que les parties ou leur conseil désignent abusivement le médiateur sous le vocable d’amiable compositeur.

[24]  Seules les entreprises peuvent avoir accès à l’arbitrage conventionnel (au moyen d’une clause dite « compromissoire », dans le contrat qui les unit).

[25]  voir rubrique médiation judiciaire

[26]  clause type, proposée par le C.A.R.A. de Lyon : « Les parties au présent contrat s’interdisent toute action juridictionnelle ou arbitrale, avant d’avoir tenté de régler les litiges qui pourraient survenir à propos de ce contrat ou de son exécution, par voie de médiation, conformément au règlement du Centre d’Arbitrage et de Médiation Rhône-Alpes (C.A.R.A.). »

[27]  Quelques avocats (et même certains magistrats) ont, au début de la médiation, manifesté une attitude frileuse face à cette révolution des mœurs judiciaires (redoutant parfois peut-être qu’elle ne vienne à réduire leur pré carré). Tous ceux qui l’ont cependant essayée, l’ont adoptée.

[28]  Il n’est en effet pas possible à l’expert judiciaire d’entendre les parties indépendamment ; c’est-à-dire hors la possibilité, pour chacune d’elles d’avoir connaissance des pièces et arguments versés à la cause par la partie adverse (et ainsi être à même d’y répondre).

[29]  Ce code déontologique est accessible sur le site web de la CNPM.

[30]  Lato sensu

[31]  clause type, proposée par le C.A.R.A. de Lyon : « Les parties au présent contrat s’interdisent toute action juridictionnelle ou arbitrale, avant d’avoir tenté de régler les litiges qui pourraient survenir à propos de ce contrat ou de son exécution, par voie de médiation, conformément au règlement du Centre d’Arbitrage et de Médiation Rhône-Alpes (C.A.R.A.). »

[32]  cette convention est alors le plus souvent verbale

[33]  Pour deux raisons :

  • nécessaire neutralité, liée à l’essence même de sa fonction et impératif de favoriser la réappropriation du lige par les parties elles-mêmes, que le médiateur n’a que la vocation d’accoucher de leur propre solution ;
  • le médiateur n’est pas nécessairement, a priori, autorisé à exercer le droit, même à titre accessoire.


Philippe Lamy

Médiateur diplômé, de l’Institut de Psychologie de l’Université Lyon II

FTSP Thérapie Sexuelle Positive (Dr. Iv Psalti)  / Accréditation Ordre des Psychologues du Québec (R401425-15 et RA01424-15) et SPF Santé Publique Belgique (SR-NR : 2-42932116)