Trop intelligent pour être heureux, l’adulte surdoué ?

Des êtres à part

« Surdoués », « précoces » et aujourd’hui « philocognitifs » sont les termes qui qualifient  ou identifient  les enfants et adultes, affublés de ce fonctionnement cérébral particulier  qui en fait surtout des êtres isolés, différents, à part, et pas toujours heureux.

Le quotient intellectuel  (ou QI) est mesuré au moyen de tests d’aptitude, dans les différents domaines de l’intelligence. Ils
regroupent des tests verbaux, écrits et visuels. Ces tests ne sauraient cependant parfaitement rendre compte d’une notion aussi complexe que celle de l’intelligence, dans ses aspects cognitifs et émotionnels. Les tests de QI ne donnent en effet qu’une vision réductrice de celle-ci. Ils éclairent cependant de manière précieuse les capacités de succès scolaire et social, ainsi que les faiblesses des sujets philocognitifs, et les erreurs et écueils à éviter (pour les proches de ces sujets et pour ces surdoués eux-mêmes).

Dans son ouvrage « Trop intelligent pour être heureux ? L’adulte surdoué » (paru il y a une dizaine d’années chez Odile Jacob), Jeanne Siaud-Facchin (psychologue praticienne) s’attachait à montrer combien cette chance que peut représenter un cerveau hors normes peut – en réalité – devenir un handicap, voire un calvaire pour certains sujets, s’ils sont mal identifiés, mal informés, mal compris et privés d’une nécessaire aide adaptée.

Jeanne Siaud-Facchin préférait alors qualifier de « zèbres », ces personnalités à part. Mais ce terme galvaudé est aujourd’hui progressivement remplacé par « HP » (pour « à haut potentiel« ) et surtout, grâce aux récents travaux de Fanny Nusbaum (docteur en Psychologie et Chercheur Associé en Psychologie et Neurosciences, 
Laboratoire P2S -EA 4129-, Université Claude Bernard Lyon 1), par le terme « philocognitifs« . Fanny Nusbaum, Olivier Revol et Dominique Sappey-Marinier (chercheur en neurosciences à l’Université Lyon I) scindent les philocognitifs en deux populations : les philocognitifs laminaires et les philocognitifs complexes / cf. « Les Philocognitifs » chez Odile Jacob, sortie prévue janvier 2019. Pour tout connaître de la philocognition, il nous faudra ainsi encore attendre quelques semaines.

Pour résumer cette notion de philocognition ou de sensibilité philocognitive, Fanny Nusbaum considère que la personne philocognitive est celle qui est en recherche de sens et de réponses et qui ainsi, en toute situation, fait fonctionner son cerveau à grande allure et en arborescence face à toute sollicitation, situation, en faisant interagir les zones de la raison, du calcul, du projet…  avec celles des sentiments, de la créativité, de la sensibilité de l’intuition etc. Le sujet philocognitif est ainsi « l’ami » (φίλος / philos) de l’intelligence ou de la cognition.

Qu’est-ce véritablement qu’un surdoué et comment ces philocognitifs peuvent-ils gâcher cette chance exceptionnelle ?

Une pensée intuitive et incrédule

Pour illustrer notre propos, je reprendrai une représentation imagée, schématique (et de ce fait parfois critiquée), celle d’un cerveau partagé en deux hémisphères dédiés aux tâches suivantes :

Hémisphère cérébral gauche (ou cerveau gauche) Hémisphère cérébral droit (ou cerveau droit)
 Cognition  Émotion
Capacité analytique qui permet d’organiser et de structurer la pensée Traitement global et en images,
Compétences logiques et rationnelles Capacité de traitement simultané d’un grand nombre de données
Raisonnement argumenté Fonctionnement analogique (par association d’idées)
Fonctions du langage Intelligence intuitive
 – Lois, règles, interdits… Créativité et pensée divergente (qui sort de la pensée commune
Forte implication émotionnelle

Nota : Concernant le partage du cerveau en deux grandes zones, voir aussi : ACCUEIL.

Alors que chez le commun des mortels, l’information est gérée à partir d’un point de départ donné et par enchaînement logique, pour parvenir à un résultat justifiable, le sujet philocognitif parvient, certes, le plus souvent – et en un temps exceptionnellement court – à un résultat intuitif, généralement pertinent… mais il est souvent incapable de le justifier, de l’expliquer. Sa pensée, au lieu de suivre un cheminement linéaire (et facilement explicable) se répand en arborescence, se divisant, se dédoublant, en un éclair, en un nombre incalculable d’hypothèses, dont une sort cependant victorieuse, parfois même avant que les autres n’aient seulement véritablement posé le problème à résoudre. Cette réponse est ainsi essentiellement intuitive et pas toujours logique. ce mode de fonctionnement est terriblement efficace et performant dans les situations courantes, mais il a parfois quelques inconvénients. En situation de stress, le surdoué peut ressentir son cerveau comme une machine à produire de la pensée  inutile qui s’emballe et ne lui laisse ni répit, ni sommeil, favorisant les crises d’angoisse, voire de panique.

Dans les circonstances importantes de sa vie, ne parvenant pas à justifier son choix, par exemple d’un(e) conjoint(e), il doutera de lui et préférera parfois, au final, ne faire aucun choix, plutôt qu’un mauvais choix, car choisir, c’est renoncer. Lui qui, de surcroît, met souvent tout en perspective à l’échelle de l’univers, se dira en outre : A quoi bon me marier ? Quel sens a la vie ? Le mariage ? A quoi ça sert ? Ma vie, à l’échelle du temps, ne représente qu’un laps infime, et moi une poussière de sable dans le cosmos. Quelle œuvre humaine a la moindre importance, alors que le soleil va tout brûler dans quelques  générations ? Et le non-choix d’un(e) conjoint(e) qui en découlera sera à son tour une manière de choix subi qui l’angoissera de plus belle.

Mais c’est déjà tout petit, dès son arrivée à l’école, que commencent les difficultés pour l’enfant précoce. Lorsqu’il répond tout de suite et tout juste (alors qu’il a à peine fait mine d’écouter) il y est en effet souvent considéré comme un fumiste et il agace (sa maîtresse et les autres enfants). Plus tard, il pourra même être pris pour un copieur, notamment en mathématiques. Et comme il s’ennuie, de surcroît – à cause d’un contenu pédagogique inadapté, de « camarades » de classe avec qui il n’a rien en commun et surtout à cause d’enseignants ignorant le champ émotionnel (pour se centrer sur le cognitif) – il prend souvent l’école en grippe et se mure dans un refus d’avancer, dans un isolement et dans une souffrance qui doivent être rapidement identifiés pour être pris en charge. Les pédagogues qui connaissent ces sujets (et ils sont rares) savent que paradoxalement (puisqu’ils sont doués d’une intelligence supérieure) ils fonctionnent cependant, malgré tout, essentiellement à l’affectif. Et que rien ne sert de les braquer, ni de vouloir les raisonner et avoir le dernier mot. La seule méthode est de tenter de réveiller leur intérêt endormi, de leur accorder de l’attention, de leur témoigner de la bienveillance, de les reconnaître, voire de les montrer en exemple. Mais les maîtres ont du mal à distinguer le cancre basique (et sans potentiel particulier), du cancre surdoué, au potentiel insoupçonné qui ne demanderait qu’à exploser. Certains sujets entrent parfois dans une véritable phobie scolaire qui les mène jusqu’à une déscolarisation, voire à des hospitalisations répétées. Cette pathologie est aussi nommée RSA (Refus Scolaire Anxieux). Voir aussi Échec scolaire, échec social… et possible médiation, entre l’élève et le « moule » de l’école…

Mon dessin ci-dessus (réalisé quand j’avais 15 ans) illustrait à mon insu, à la fois, ma propre phobie scolaire et le faux-self (ou la carapace) dont j’avais cru devoir m’affubler pour me camoufler, tenter de « passer entre les gouttes » ou me protéger. Je n’ai malheureusement disposé de mon propre mode d’emploi (et d’astuces de communication avec les neurotypiques) que des dizaines d’années plus tard, lorsque j’ai enfin été éclairé sur ce quasi-handicap qui expliquait bien des échecs !

Heureusement, d’autres sujet HP – surtout ceux qui ont été identifiés et soutenus tôt – traversent le monde scolaire sans incident ou y font même un parcours brillant et remarqué.

L’hypothèse d’un cerveau droit dominant  complique, enfin, de nombreuses tâches. Les apprentissages scolaires, bien sûr, mais aussi les situations intellectuelles on non qui demandent à être rigoureusement organisées et ordonnées.

Les surdoués, grands et petits, ont pour quête inépuisable de comprendre le sens de choses, le sens de la vie. Ils ont du mal à accorder de l’intérêt à un sujet de manière superficielle ; ils veulent tout en comprendre et tout démonter, voire démontrer. Ils ont aussi une grande difficulté à croire ce qui n’est pas démontré, à croire au Père Noël ou à croire en Dieu, par exemple. Ils en souffrent souvent jusqu’à l’âge où ils renonceront à penser qu’on peut croire par le seul fait que les autres ont l’air convaincus. Ils seront ainsi souvent libérés lorsqu’ils s’autoriseront à penser (voire à avouer) qu’ils sont agnostiques, par exemple. Une étude montre que les surdoués représentent une proportion de non-croyants bien supérieure à la moyenne.

Un surdoué, c’est aussi –  et surtout – quelqu’un qui se caractérise par une interaction à grande vitesse – et permanente – entre ses deux hémisphères cérébraux. Ceci suppose bien sûr des connexions ultra rapides, entre les différents secteurs concernés, mais surtout une hypertrophie  (pourrait-on dire, de manière imagée) de l’hémisphère cérébral droit. Le surdoué est donc un être hypersensible, émotif et sentimentalement fragile… Et ce, quelque soit son âge.

Une empathie incontrôlable

Cette disposition le rend particulièrement interactif avec son environnement (c’est un champion de l’empathie). Ses sens sont d’une grande acuité. Il perçoit ainsi un spectre d’informations très large, à travers ses cinq sens (et parfois un sixième) : expressions involontaires de ses interlocuteurs, messages chimiques, par exemple, notamment sur l’humeur des gens, leurs intentions etc. Le surdoué peut, à la rigueur, se déplacer dans le noir complet, pour peu qu’il ait eu l’occasion de visualiser les lieux auparavant (il aura, en effet, à cette occasion, enregistré à son insu, les informations nécessaires à son repérage dans l’espace). Le surdoué peut aussi entendre plusieurs conversations à la fois (sans pour autant en écouter vraiment aucune). Il s’interrompt ainsi parfois dans une conversation pour apporter une précision, en intervenant dans un autre échange, à l’opposé de la place qu’il occupe à un dîner, par exemple, alors que personne n’aurait pu imaginer que son ouïe pût même en percevoir le murmure, couvert par d’autres conversations (et par des bruits parasites, tels que bruits de vaisselle, musique, rires etc.), ni surtout que son cerveau pût en suivre le fil (voire même le fil discontinu de bribes improbables, de multiples échanges, dans la même pièce).

L’inconvénient de cette empathie incontrôlable, c’est que le surdoué est une véritable éponge  à émotions. Il peut ainsi développer une propension à porter sur ses épaules tous les malheurs du monde ; ce qui favorise parfois un syndrome dépressif latent qui se nourrit bien sûr, aussi, de son isolement intellectuel (quand ce n’est pas également d’un échec social et/ou professionnel).

Une grande solitude

Insatisfait du réel, toujours en deçà de ses aspirations, il rêve d’un monde différent. Ceci exacerbe son instinct créatif dans tous les domaines. Il ne peut ainsi se défendre de tout changer, améliorer, transformer, par la pensée ; cette disposition le prive parfois de jouir de l’instant présent. Le surdoué a du mal à être tout entier dans ce qu’il fait, dans ce qu’il vit. Par exemple, si le surdoué partage un bon moment, au restaurant par exemple, avec famille ou amis, il ne peut s’empêcher de s’éloigner de l’instant présent, pour imaginer en quelles circonstances, il pourrait y retourner, avec qui, à qui il va en parler, en quels termes… Ce faisant, il se culpabilise de ne pas pleinement ressentir le moment présent, de n’être pas tout à fait avec les autres. Comme s’il se voyait, en spectateur de sa propre vie, dans ce restaurant, sans en ressentir lui-même le plaisir, pourtant visiblement partagé par les autres. Sa pensée en arborescence l’éloigne alors encore un peu plus,  et sa frustration et son sentiment de culpabilité augmentent alors un peu plus.

Il est souvent dans un tel isolement intellectuel et affectif que, lorsqu’il accorde son amour, il attend parfois trop de la relation. Il est ainsi prêt à tout donner, mais ne supporte pas l’indifférence, la retenue ou la mesquinerie, chez l’être aimé. C’est ainsi un amant attentif au plaisir de l’autre, comme à son bonheur. En amitié, de même qu’en amour (peut-être du fait de sa difficulté à trouver des personnalités  à sa mesure), il est d’une fidélité exceptionnelle, même si pour lui, fidélité ne signifie pas toujours exclusivité. Épris d’absolu, il est sincère et droit. Ce qui contraste avec les stratégies de manipulation que lui prête parfois son entourage (le premier cercle, comme les cercles relationnels ou professionnels plus éloignés), faute de comprendre son fonctionnement de pensée véritable.

Les surdoués ont, en outre, un sens aigu de la famille et de l’engagement. A l’extrême, certains adultes surdoués, alors même qu’ils seraient bafoués par un conjoint irrespectueux et/ou borné, mais qu’ils sentiraient – au fond – fragile, seraient capables de se culpabiliser de n’avoir pas su instaurer une relation de qualité. Par abnégation, ils seraient ainsi prêts se convaincre de leur propre faute et à gober toutes les couleuvres, pour sauver leur couple, et ne perturber ni les enfants ni le cours des choses, redoublant alors de patience et de gentillesse. Et, plutôt que de rompre une relation qui les ferait souffrir, ils seraient capables (sans doute également par souci de la parole donnée) de tenter – inlassablement – de restaurer une relation de confiance et d’amour, souvent en pure perte… L’autre, pour borné qu’il soit, ayant compris que, quoi qu’il fasse, on ne l’abandonnerait pas.

Le second degré : son mode de communication

L’humour est le mode relationnel du surdoué. Il aborde les autres parfois même dans des situations graves et/ou importantes, avec un second degré  bien particulier. Le surdoué adolescent  est le champion de ces pirouettes verbales et de ces jeux de mots qui prétendent ne saisir que la forme du discours, pour s’épargner d’avoir à considérer le fond des choses. Ses traits d’esprit sont d’ailleurs souvent fulgurants. Cette disposition naturelle du surdoué à créer une distanciation de confort, avec les autres (pour se mettre à l’abri, ne pas trop se montrer, ne pas trop s’impliquer, ne pas trop se mettre en danger) s’atténue, au fil des années, lorsqu’il prend de l’assurance et comprend, de surcroît, que sa vision décalée agace ou irrite parfois.

Le surdoué n’est donc pas toujours le brillant sujet qui récolte les lauriers, mais souvent le zèbre  déphasé qui souffre de ne pas comprendre ceux qui l’entourent, de ne pouvoir être compris, lui-même (ni reconnu), de ne savoir s’intégrer. Cette souffrance est même souvent complétée d’un (plus ou moins grave) échec professionnel et/ou sentimental.

D’immenses ressources

Les surdoués ont cependant des ressources insoupçonnée, leur permettant de développer des stratégies d’adaptation, de compensation, leur assurant parfois une improbable insertion sociale (voire réussite), dans des domaines étrangers à leur véritable compétences. On pourra ainsi s’étonner, dans certains cas, de les voir tourner le dos aux carrières artistiques ou à la création. Mais ce paradoxe n’est qu’apparent : Souffrant de leur différence abyssale avec leur entourage, et de la solitude qui en est le prix, ils recherchent souvent désespérément à protester de leur sérieux, de leur intégration, de leur conformisme même, en se fondant  littéralement au moule de carrières conventionnelles, comme celles du droit, des sciences ou des chiffres. Ils se résignent alors à devoir simuler la normalité. Sur le tard, leurs dons peuvent ainsi s’endormir, laissant la place à une certaine paresse (y compris intellectuelle). De temps à autre, on voit également, sur le tard, des surdoués qui s’étaient fourvoyés dans des professions purement alimentaires  ou trop conventionnelles, se tourner vers l’art, l’humanitaire, la psychologie…

Les adultes surdoués partagent une caractéristique étonnante : une part infantile encore très présente au plus profond d’eux même, tout au long de leur vie (aussi longue soit-elle). Cette part infantile est ce qui leur reste de la magie de l’enfance : le rêve, la créativité, la capacité à s’émerveiller de tout, à se laisser submerger par une joie profonde et subite, et surtout la certitude que tout est toujours possible, que demain est un autre jour où l’inespéré peut être attendu. Cette disposition contribue bien sûr à leur grande créativité et à leur capacité à la prise de risque. L’envers du décor, c’est que, comme un enfant, ils prennent de plein fouet une déception, une contrariété. Leur résilience est cependant immense, et sitôt terrassés par un cuisant échec, ils se relèvent. Oublieux de ses douloureuses conséquences négatives, ils ne tirent que le meilleur de l’expérience, pour repartir sur de nouveaux projets, souvent tous aussi fous et risqués, avec une confiance en eux intacte, voire un véritable sentiment de toute puissance. Cet état second conduit parfois certains psys, peu habitué au tempérament particulier des surdoués, à les confondre avec des sujets maniaco-dépressifs  (ou bipolaires).

L’intelligence du surdoué lui permet l’autocritique. Les sujets surdoués ont ainsi la capacité d’agir et se voir agir, en simultané. Leur intelligence décortique, en permanence les situations et, en cas d’échec, ils savent tirer les enseignements positifs de leur échec, là où les sujets ordinaires, manquant de recul, renonceraient, pour toujours, à toute entreprise.

Quel bonheur possible ?

Enfin, avec tout cela, le surdoué peut-il parvenir au bonheur ? Difficile à dire… C’est peut-être une question à laquelle même un autre zèbre  ne peut pas répondre… Trop de facteurs, trop de réponses possibles, trop de questions soulevées par ces possibles réponses…
Peut-être le zèbre  ne doit-il pas avoir une trop grande ambition de bonheur, car celui-ci atteindra rarement la mesure de son infinie soif d’absolu et de réussite. Il est en effet constant que le surdoué porte, sur lui-même, un regard sans concessions et que sa propre réussite lui paraisse ridicule, au regard de ses ambitions. Il est un perpétuel insatisfait, mais c’est à lui qu’il réserve ses critiques les plus vives. Et dans les situations de conflits familiaux, il se remet beaucoup trop facilement en cause, se croyant souvent le principal (voire le seul) responsable du désaccord.
Pour trouver le bonheur, une piste, cependant, doit être privilégiée : Ne pas chercher seul ce bonheur. Prendre la main (enfin… le sabot), d’un autre zèbre  et chercher ensemble. Mais la difficulté, dans nos régions, c’est que les zèbres sont rares… Or, de surcroît – peut-être, par crainte des prédateurs – ils se cachent souvent sous la peau d’un cheval, quand ce n’est pas d’un âne, pour se fondre dans la masse. Résultat : on ne les voit pas.
Le zèbre  devra donc chercher les autres zèbres, à tâtons (à l’odeur, peut-être).

Or, si sa quête de l’autre  est ainsi à la base parsemée d’embûches, pour l’adulte surdoué, sa véritable double peine, c’est que la solitude lui est plus intolérable encore qu’à tout autre. Lui qui, par essence, est tout entier tourné vers l’interaction, il se consume et s’étiole dans sa solitude intellectuelle et/ou affective… Et ce, parfois, même s’il est, en apparence, entouré d’amour, d’amitiés et de bonnes volontés.

Pour finir, cette disposition à un QI élevé, est avant tout génétique et héréditaire. De même que le caractère génétique « yeux bleus », elle peut cependant sauter une génération et/ou ne pas toucher l’ensemble des membres d’une même fratrie ou pas de la même manière. Il n’existe en effet pas qu’un seul archétype du surdoué, et tous les types et tous les degrés peuvent être rencontrés. Les sujets surdoués masculins  et féminins  ne tirent pas, d’ailleurs, le même bénéfice de cet héritage génétique. Ceci introduit encore une plus grande diversité dans la population des surdoués.

Ces quelques lignes ne sauraient dispenser de la lecture de l’ouvrage de Jeanne Siaud-Facchin : « Trop intelligent pour être heureux ? L’adulte surdoué » (chez Odile Jacob). Ce sera une aide précieuse, pour les parents ou conjoints de surdoués qui aspirent à mieux les comprendre, mieux s’en faire comprendre et les aider. Ce sera aussi une bouffée d’oxygène pour les surdoués eux-mêmes, surtout pour ceux qui s’ignoraient jusque là et vivaient leur étrangeté  et leur exclusion avec un sentiment de culpabilité, de solitude et d’injustice. Ils y trouverons un éclairage inespéré sur leur situation, leur permettant, eux aussi, de se comprendre eux-mêmes, de mieux comprendre les autres, de s’en faire comprendre et reconnaître, et, au final, de retrouver une meilleure estime d’eux-mêmes.

Mais si leur quête, d’en apprendre davantage sur ce sujet sensible qui les touche personnellement ou a travers leurs proches est intacte, ils pourront avec bonheur découvrir également les ouvrages de Monique de Kermadec qui éclaire le sujet d’un autre angle, celui du faux-self par exemple, ou suivre les travaux du Dr. Olivier Revol de l’hôpital neurologique à Lyon, des associations AFEP, Psyrène (qui propose des tests et des accompagnements aux sujets HP et par exemple les subdivise en sous-catégories, comme les HP complexes ou laminaires) ou encore de l’association NoMad (qui propose une pédagogie alternative et un soutien scolaire au sein des établissements scolaires, pour promouvoir la stimulation des talents, plutôt que la sanction des insuffisances ou des échecs et ainsi lutter contre l’exclusion sociale au sein des quartier difficiles).

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Philippe Lamy

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