Jeux de rôles : Que faut-il entendre par domination et soumission ?

Domination et soumission, un jeu social parfois inconscient et souvent pervers

Il existe un certain nombre de blessures d’enfants, des névroses, voire de pathologies graves qui enferment certains individus dans une vision exagérément mono-centrée de leur place dans la relation à l’autre, les conduisant souvent à ne considérer l’autres que comme un accessoire ou un objet, sans le moindre souci de ce qui est bien, bon, acceptable pour lui et sans considération pour ses croyances, ses valeurs ni même pour sa liberté d’accepter ou non la relation de domination qui lui est proposée. De même manière, il existe certains individus en manque d’estime d’eux-mêmes ou trop sensibles, empathiques et ainsi vulnérables qui peinent à s’affirmer et à occuper des rôles de premiers plan ou de domination et s’épanouissent au contraire à l’ombre de dominants.

Lorsque les premiers rencontrent les seconds, en particulier au sein du couple, une relation de domination (protectrice et bienveillante) s’y développe parfois à bas bruit. Mais il peut aussi s’agir d’une relation toxique. C’est le cas par exemple quand un.e pervers.e narcissique manipule et pille, en toute impunité, un.e conjoint.e aveuglé.e par l’admiration, l’amour ou la pitié ou trop intègre ou mal armé.e pour résister à ce jeu social pervers. Il est à noter qu’une telle relation toxique n’est souvent pas visible des tiers et que les victimes en sont souvent les dernières conscientes / cf. Relation toxique tyran, victime et sauveur.

De telles relations toxiques existent aussi dans les familles. Les cas de maltraitance d’enfants relèvent de ces comportements criminels qui peuvent dégénérer jusqu’au martyr et à la mort d’enfants. Un enfant décède en France tous les cinq jours sous les coups de parent abusifs et dégénérés. Comprendre les comportements du dominant comme du dominé peut permettre, à travers des jeux de rôle, d’interroger sa propre relation à l’autre. Le roman My Absolute Darling, de Gabriel Tallent (publie en 2017) montre à merveille la complexité et l’ambiguïté de la relation dominant/dominé. Quand un amour dévoyé et pervers est, à la fois, le prétexte pour asservir et pour se soumettre.

Il est ainsi précieux de faire découvrir aux participants aux séances de coaching, stages et/ou séminaires, l’outil que peut représenter, pour chacun une parfaite connaissance du jeu social « dominant/dominé », si l’on met toute son application et son intelligence à entrer dans les personnages successifs du dominant et du dominé. Il ne s’agit bien sûr que d’un jeu et il convient de garder le souci de l’élémentaire et nécessaire respect de chaque partie, vis-à-vis de l’autre.

Les avantages de la soumission

Ce n’est en effet que lorsqu’on a perçu tous les sentiments du dominé ou du soumis  (notamment le confort d’être protégé et guidé) qu’on peut entrer, sans arrière pensée, dans ceux du dominant.

Dans l’inconscient collectif, la relation dominant/soumis est parfois perçue comme une relation bourreau/victime. Or, les choses ne sont pas si simples : le dominé ou soumis  est souvent loin d’être une victime. Et surtout, il est loin de s’imaginer comme tel.

Par ailleurs, dans le jeu de domination, comme dans la vraie vie, il n’est souvent pas de bourreau sans victime consentante.

Couramment, le soumis  n’est pas une victime, mais un partenaire consentant du dominant.  Le soumis  poursuit en effet sa propre stratégie d’allégeance à une autorité reconnue et acceptée, en échange d’avantages.

De manière générale, ces avantages sont, par exemple :

  • Protection (en particulier), vis-à-vis de l’immense population des individus ne bénéficiant pas de la même protection ;
  • Reconnaissance (du dominant  et d’individus plus faibles, ne bénéficiant pas de la même utile  protection, par exemple) ;
  • Estime de soi (pour avoir su se débrouiller pour s’attirer une protection « flatteuse  » et/ou précieuse ) ;
  • Diverses récompenses, adroitement distribuées, par le dominant;
  • Le fait de pouvoir se laisser porter, d’être à même d’abaisser son niveau de vigilance et d’économiser son énergie (action et réflexion) :
  • Le fait de s’autoriser des transgressions  et des actes interdits, en toute bonne conscience , puisque le soumis ne décide plus mais ne fait qu’obéir aux ordres (le zèle des seconds couteaux et hommes de main, dans un milice, en sont un exemple ; en matière sexuelle, la soumission est également un moyen de désinhibition efficace, pour goûter des plaisirs interdits). Nombre de sujets frustrés, par une vie trop cadrée et/ou une morale trop stricte, aspirent en effet à de ponctuelles et salutaires mini-transgressions.

Les exemples de ce type de soumission active (voire fervente) sont par exemple :

  • L’ouvrière, soumise  à son contremaître ou la secrétaire, soumise à son chef de service,
  • L’élève, soumis  à son professeur,
  • L’homme de troupe, soumis  à son sous-officier ou officier,
  • Le courtisan, soumis  à son monarque (ou le militant admirant son député),
  • ou plus simplement le bébé, soumis  à sa mère nourricière,
  • l’amant à sa maîtresse (ou le contraire), dans le cadre de jeux érotiques entre adultes consentants (en couple, voire en groupe),
  • etc.

Plus largement, nos interactions, avec notre environnement familial, amoureux, professionnel ou autre, sont multiples, car nous sommes tous, tour à tour, soumis  ou dominants, suivant les circonstances, les opportunités, les objectifs, les stratégies quotidiennes.

Il faut ainsi reconnaître que la soumission présente souvent, avant toute chose, un grand confort et un apaisement certain, pour autant qu’on ait à faire à un dominant respectueux du soumis, ainsi que du contrat (oral ou écrit) qui existe entre les deux parties.

Dominer avec bienveillance

Appliquée à la réussite sociale, cette constatation conduit une réflexion sur une stratégie de dialogue plus autoritaire, plus paternaliste ou dominante, dans les différents champs de nos échanges sociaux. Une posture protectrice et rassurante, contribue au nécessaire « lâcher-prise », des personnes avec qui nous avons commerce qui s’en trouvent ainsi apaisées et conciliantes.

Quant au dominant, il est souvent protecteur avant tout (plus que censeur ou tourenteur). Il aime parfois sincèrement son/sa partenaire dominé(e). Cette relation n’est cependant harmonieuse (et pérenne) que librement consentie.  « Cinquante nuances de Grey » (titre original : Fifty Shades of Grey) est une romance érotique, écrite par la Britannique E. L. James, qui illustre, de manière amusante, ce que peut être la formalisation écrite d’un tel accord d’allégeance ou de soumission / cf. Réussir, s’accomplir. Et trouver son « rôle », dans la société des hommes.

Les jeux érotiques de domination/soumission

Certes le jeu social de domination/soumission relève en général de ce qu’on appelle des relations toxiques ; c’est-à-dire lorsque l’une des parties subit les caprices d’un.e partenaire qui la traite en propriétaire ou en objet. Mais il existe dans le champ érotique des jeux de rôles de domination/soumission qui ne reflètent souvent aucune véritable domination mais seulement le désire d’élaborer ou donner vie à des fantasmes de jeux érotiques qui simulent la domination. Au-delà du champ social, la relation de domination/soumission a ainsi d’autres motifs et une autre dimension (parfois thérapeutique) dans le registre des jeux sexuels.

Nombre des fantasmes les plus courants tournent autour des jeux de domination. Celui ou celle qui est en situation de domination dans l’acte sexuel est souvent également engagé dans une logique de scénario érotique ou de fantasme (cerveau gauche) ; il recherche un plaisir cérébral / cf. Spécialisation de nos hémisphères cérébraux.

A l’inverse, celui ou celle qui est en situation de soumission dans l’acte sexuel est souvent dans le ressenti corporel en pleine conscience (cerveau droit) qui ouvre la porte au lâcher-prise. Certaines personnes savent passer du jeu de la soumission à celui de la domination, soit avec le même partenaire tour à tour, soit en fonction de l’orientation du (ou de la) partenaire du moment. Certaines personnes sont condamnées à ne savoir jouer que le rôle (intellectualisé) de domination. Celles-ci sont à plaindre car il leur est difficile de connaître un véritable lâcher-prise et un orgasme de qualité. Il s’agit parfois d’une inclination personnelle ou d’un manque d’imagination et c’est regrettable car le rôle du soumis permet l’accès à de grands émois (lâcher-prise exceptionnel), ainsi que le déclenchement d’une production d’hormones du plaisir ou de la récompense de qualité… avec les bénéfices en matière de rééquilibrage psychique et physiologique qui lui sont liés.

Enfin, certains dominants sont enfermés dans ce rôle, car leur partenaire qui sont des « cerveaux droits plus-plus » (qui fantasment peut et désir jouir en pleine conscience) ne leur laissent pas vraiment le choix. Enfin, certains soumis ont besoin pour lâcher prise de ressentir des tensions si fortes que seule la douleur (sadomasochisme) est en mesure de la leur procurer. Ils entrainent alors leur partenaire dans une posture de domination parfois mal assumée ou jouée à contre-cœur. On peut ainsi dire que le rôle du dominant est subi et que le dominant n’est ici pas celui ou celle qu’on pourrait croire.

Il est par ailleurs amusant de noter que les personnes qui ont des responsabilités importantes et sont dans la vie professionnelle des leaders ou des dirigeant (ou simplement en position hiérarchique de domination) sont plus souvent tentées par la position de soumission dans les jeux érotiques. Alors qu’au contraire, celles qui souffrent d’un manque d’estime d’elle-même, d’un complexe d’infériorité ou se sentent brimées dans la vraie vie se complaisent souvent dans les rôles de domination dans les jeux érotiques.

Enfin, lorsque ces jeux érotiques s’invitent dans la pratique des prostituées, les clients sont le plus souvent des soumis. Cela vient-il du fait que les travailleurs du sexe œuvrent dans un cadre insécure et qu’ils ne veulent pas en aggraver le risque en s’en remettant, liés ou ficelés aux fantaisies érotiques de personnes potentiellement déséquilibrées ou dangereuse ? Ou bien cela reflète-t-il le fait que la position de dominé est celle qui incite le plus au lâcher-prise que viennent chercher nombre de clients (alors que le fantasme de domination relève davantage du cerveau droit, du fait de l’élaboration de scenarii souvent complexes) ?

Plus largement, on peut dire que la montée du désir (et du plaisir) qui ne se fonde que sur le fantasme (sans perception en pleine conscience des sensations et stimulations physiques) condamne à un orgasme de qualité médiocre. Celui-ci ne déclenche en effet pas les mêmes réactions en termes de production hormonale et donc les mêmes bénéfices en matière de rééquilibrage psychique et physiologique.

Une autre manière de goûter, de manière volontaire, à l’allégeance jubilatoire à une autorité protectrice est dominante reconnue est l’expérience du Shibari japonais / cf. Shibari, allégeance et Shiatsu.

Philippe Lamy

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