Réussir, s’accomplir. Et trouver son « rôle », dans la société des hommes

La vie en société est une vaste pièce de théâtre, dans laquelle ceux qui jouent les rôles les plus incontournables – et/ou les plus importants – sont réputés avoir accompli leur destin, avoir « réussi » et jouissent également du plus grand prestige, de la plus grande reconnaissance.

Jouer un rôle important, c’est occuper une position centrale dans les échanges entre un grand nombre d’individus, être en position de « tirer les ficelles  » et exercer le pouvoir véritable. Ces rôles d’influence, ces rôles de premier plan  peuvent être obtenus dans les sphères sociales, sportives, professionnelles, religieuses, humanitaires, politiques etc. Ces rôles de premier plan   sont souvent associés à une grande réussite matérielle. Cependant l’ambition des hommes (et femmes) d’influence qui « rayonnent », sur les êtres et sur les consciences, n’est pas toujours économique. L’Abbé Pierre, par exemple, en est une illustration.

Aux antipodes de ces hommes de pouvoir et/ou leaders charismatiques, le chômeur qui passe ses journées devant la télévision, dans l’attente d’une embauche, ou bien le SDF – que tout le monde voit, mais dont chacun évite le regard – partagent généralement un douloureux sentiment d’exclusion, d’impuissance et d’inutilité. Et, de ce fait, bien sûr, une piètre estime de lui-même.

Jouer son rôle

La règle du genre, c’est malheureusement que, pour parvenir à l’estime de soi, il faut déjà avoir gagné l’estime des autres, et avoir le sentiment d’être important, pour eux. Or, le drame, c’est que lorsqu’on est exclu, lorsqu’on est en mal d’estime de soi, il est difficile de sourire et surtout difficile d’inspirer la sympathie et la considération d’autrui. En outre – et de semblable manière – pour convaincre autrui qu’on est digne de confiance et d’estime, il faut déjà s’aimer soi-même. Car on ne peut être convaincant, si l’on n’est pas, soi-même, convaincu de sa propre valeur.

Il faut ainsi parfois feindre, prendre sur soi, pour sourire et pour plaire, afin de tisser ses premières alliances, avant de décrocher ses premiers rôles sur la scène humaine (sociale, sentimentle et professionnelle). La vie est en effet une comédie, dans laquelle, ceux qui tiennent les premiers rôles, dans les échanges et les interactions humaines, sont de surcroît les plus reconnus, recherchés et appréciés. Ce sont aussi ceux qui tirent les ficelles  et qui font et défont les carrières des autres. Mais que faire alors, pour entrer dans la pièce et jouer son premier rôle ?

Et que faire ensuite, pour décrocher un rôle plus important et flatteur, pour jouir d’une véritable influence, dans la groupe social, dont on brigue la reconnaissance et/ou pour atteindre l’aisance matérielle – qui dans l’esprit de certains – est le baromètre de la réussite ?

Pour ce faire, il faut comprendre – avant tout – que ces rôles que nous finirons par décrocher (ou non), ce seront les autres qui auront bien voulu nous les accorder.

Que faire alors pour séduire les autres et les convaincre de nous accorder leur confiance et la place que nous briguons ?

Comment séduire les autres ?

 Pour y parvenir, il faut notamment comprendre trois mécanismes :

  • Il faut d’abord se connaître soi-même. Et s’interroger sur nos ambitions les plus chères, nos objectifs les plus incontournables, nos rêves les plus doux… Puis, puisqu’on n’a rien sans rien, s’interroger sur ce qu’on a véritablement à offrir, en échange des soutiens attendus, pour y parvenir, sur les talents personnels qu’on saura mettre en œuvre. Prétend-on s’offrir une chose qui nous fait vraiment envie, sans envisager quel sacrifice  sera la contrepartie de son acquisition ?  Envisage-t-on un investissement important, sans faire l’inventaire de toutes les ressources  mobilisables ? Il faut aussi envisager les compromis et/ou les concessions (parfois douloureuses ) que l’on pourra (ou non ) être à même d’accepter, en échange d’appui, de soutien, d’avantages attendus des autres. Car, dans la vie, c’est « donnant-donnant ». Va-t-on, en effet, au supermarché, sans son porte-monnaie ? Pour prétendre récolter, un jour, il faut bien sûr semer. Et semer « généreusement ». La générosité est d’ailleurs un point clef, car il ne faut jamais avoir peur de trop donner, de faire trop confiance. La confiance coûte globalement moins cher que la méfiance, et la peur paralyse. En effet, seules les personnes qui acceptent la prise de risques, bousculent leurs limites, ne ménagent pas leur peine et savent parfois donner un peu plus qu’elles ne reçoivent, avancent à grands pas. Ces personnes savent se relever, après l’échec, en tirer tous les enseignements et en sortir plus fortes. Les blessures qui ne me tuent pas me rendent plus fort !  On ne progresse que par ses échecs. Lorsqu’on écoute les personnes qui ont réussi, on est parfois surpris d’apprendre les efforts qu’elles ont dû consentir, les échecs qui ont émaillé leurs débuts et les couleuvres qu’elles ont dû avaler, avant de connaître la réussite. Une de mes étudiantes, dans un séminaire que j’animais à l’Université il y a quelques années, me confia : « Je comprends bien qu’on n’a rien sans rien. Mais mon éducation, mon intégrité sont un véritable carcan, et je sens que je suis condamnée à la médiocrité, faute de pouvoir prendre des risques à la mesure de mes rêves et de mes ambitions… ». C’est, je pense, le problème d’un grand nombre d’entre nous qui sommes formatés par une éducation, un système de valeurs et une « intégrité » qui parfois nous handicapent, plus qu’ils ne nous protègent. C’est pourquoi nous devons apprendre à nous connaître nous-mêmes, en acceptant de tester nos limites. Nous découvrirons ainsi que nos limites peuvent toujours être repoussées, et que seul le premier pas coûte vraiment. A cet égard, un jeune médecin me confia : « Ma première dissection d’un cadavre, m’a tellement bouleversé, ému, dégoûté… que j’ai failli tout laisser tomber. Lors des suivantes, le geste professionnel a pris le pas sur mon émotion, mes peurs et mes tabous. Et la fierté d’en avoir triomphé m’a galvanisé ! »  Si nous n’y prenons garde, nous devenons de petits être mesquins, sans envergure, ni rayonnement social, et surtout sans perspectives !  Il faut ainsi s’entrainer à savoir sortir de sa zone de confort cf.  Zone de confort, transgression et liberté. Or, ceux qui ont réussi sont souvent ceux qui non-seulement n’ont une aucune difficulté à bousculer leurs limites, mais on même pris goût à cette prise de risques et/ou à la transgression. S’agissant de tester (ou renégocier) ses limites, les choses se compliquent, cependant, lorsqu’on vit en couple et que les tabous et les limites de l’un prétendent s’imposer à l’autre. Il faut alors une parfaite complicité entre les deux, pour que chacun puisse s’accomplir sous le regard tolérant et bienveillant de l’autre ou négocier, dans la plus grande transparence, les limites consensuelles acceptées… Bien souvent d’ailleurs, la réussite de l’un étant réputée bonne pour le couple, les transgressions de l’un sont élégamment ignorées par l’autre qui préfère pudiquement détourner le regard de ce qui est un mal nécessaire (et ne devra ainsi jamais être sujet de débat). Ou bien encore – à défaut d’un possible consensus au sein du couple – il faut savoir envisager ces concessions dans le secret de sa propre conscience, sans prétendre polluer l’autre, avec des compromis qui pourraient le blesser. On m’a rapporté l’histoire d’une femme d’entrepreneur méritante qui, suite à un accident vasculaire cérébral de son mari, avait exercé, pendant 6 ans, le plus vieux métier du monde, pour sauver sa famille (4 enfants) et soigner son mari. Pendant ces 6 années et bien au-delà, elle a su prendre sur elle  avec la plus grande abnégation et dans la plus grande discrétion, pour venir en aide à sa famille, jusqu’à ce qu’elle rencontre un protecteur  puissant et bienveillant, qu’elle a gardé secret, jusqu’au décès de son mari et jusqu’à son remariage de raison. Mais on n’est, heureusement, pas toujours obligé de payer de sa personne pour réussir. De nombreux talents moins compromettants  vous rendent parfois incontournable(s) et indispensable(s) aux puissants dont on veut s’attirer la protection. De fins juristes, d’excellents financiers, des interprètes ou traducteurs aussi subtils que discrets se sont installés dans la confiance de nombreux puissants, au fil de l’Histoire, et n’ont pas toujours joué que des seconds rôles. Certains même – véritables éminences grises  – se sont approchés du vrai pouvoir jusqu’à l’exercer eux-mêmes, sans que cela apparût. Mais, à défaut d’être juriste, financier ou un habile conteur (comme Schéhérazade), ce qui représente des ressources ou des talents rares, il est certain que nativement la plupart des gens possèdent des talents, en matière de sensualité, qui pourraient ouvrir de nombreuses portes, faire tomber toutes la barrières… mais ne songent même pas à tester la toute-puissance de ce levier (parfois supérieur à celle de l’argent lui-même).
  • Il faut ensuite admettre que les autres ne sont pas des pions qui se laissent déplacer où ça nous  arrange, et comprendre qu’ils n’adopteront jamais une stratégie qui n’est que  la nôtre, car ils ont leur propre vision, leurs propres projets, leur propre stratégie. Nous devons donc non seulement ne pas ignorer leur culture, leur sensibilité, leur vision, leurs projets et leur stratégie personnels, mais les comprendre et les servir, dans la mesure de nos moyens. Ceux qui savent écouter plus qu’ils ne parlent, ceux qui savent lire dans le cœur et l’esprit de l’autre, et « se mettre à la place de l’autre », détiennent un levier d’une efficacité redoutable.
  • Il faut respecter les autres, leur faire confiance et découvrir ce qui est important pour eux, dans leur référentiel de valeurs, dans leurs actions, leurs choix, la poursuite de leurs buts. Il faut, par exemple, comprendre ce qui motive :
      • la mère de famille qui sacrifie sa carrière à l’éducation de ses enfants et aux besognes les moins reconnues du ménage ;
      • le travailleur immigré qui trime 40 années sur une terre étrangère (souvent ingrate) pour nourrir sa famille, restée au pays, sans se plaindre ;
      • l’étudiant en médecine qui se brûle les yeux sur ses bouquins, pendant plus de dix ans, pour parvenir à un diplôme lointain ;
      • le politicien qui s’épuise dans des réunions tardives, ennuyeuses et trop nombreuses et serre des centaines de mains, chaque mois, dans l’espoir de décrocher ou conserver un poste prestigieux.

Ce dernier point (respecter les autres, leur faire confiance et découvrir ce qui les motive) mérite d’être développé.M

1.   Comprendre et servir les projets et la stratégie des autres : créer des alliances

On est toujours plus fort à plusieurs, et, grâce à une stratégie d’alliances et d’allégeances, on peut déplacer des montagnes. De la même manière que nous devrons savoir servir la stratégie d’autrui, nous devrons savoir montrer à autrui le profit qu’il aura à servir nos propres projets, jusqu’à une réussite commune.

Ces alliances peuvent s’opérer de manière horizontale ; c’est-à-dire sans position hiérarchique (ni contractuelle, de fait). Elles peuvent aussi s’opérer de manière verticale ; c’est-à-dire dans le cadre d’une relation d’allégeance (cf. Jeux de rôles : Que faut-il entendre par domination et soumission ?). Dans l’inconscient collectif, en effet, la relation dominant/dominé est parfois perçue comme une relation bourreau/victime.  Or, il n’en va pas toujours ainsi. Le dominé est parfois loin d’être une victime.  Le dominé est en réalité souvent un partenaire consentant  du dominant.  Le dominé poursuit en effet sa propre stratégie d’allégeance, en échange d’avantages.

Quoi qu’il en soit, les alliances sont la clef de la réussite, et il faut savoir reconnaître les potentiels alliés (ou leaders). Il faut ensuite savoir faire montre, à leur égard, de loyauté, de fidélité, et surtout d’un soutien et d’une obéissance inconditionnels, dans le cadre d’un véritable contrat moral tacite (ou non). « Cinquante nuances de Grey » (titre original : Fifty Shades of Grey) est une romance érotique, écrite par la Britannique E. L. James, qui illustre, de manière amusante, ce que peut être la formalisation écrite d’un tel accord d’allégeance ou de soumission.

Le principe est le suivant :

  • le contrat doit rester secret, sous peine d’être caduc ;
  • par son acceptation d’un tel contrat, la partie soumise apporte la preuve à la partie dominante d’une confiance aveugle et totale, à travers son engagement de se plier à ses demandes et/ou à ses caprices ;
  • en contrepartie, la partie dominante, apporte appui, protection et soutien, au la partie soumise.

En cas de contrat écrit, les engagements réciproques peuvent être cadrés et détaillés. Le contrat mentionné dans « Cinquante nuances de Grey » fait plusieurs dizaines de pages, mais les contrats les plus courts sont les plus efficaces, car ce sont ceux qui font la plus grande part à la nécessaire confiance réciproque.

Cette confiance concerne, bien sûr en particulier – et a minima – le respect de l’intégrité physique et des intérêts matériels, du (ou de la) soumis(e) par la partie dominante. Elle suppose généralement, en contrepartie, un engagement de la partie dominante, quant au soutien sans faille, apporté à la partie soumise dans ses projets. Ce soutien actif ou cette aide pouvant à certains égards ressembler, par exemple, à ce qu’un enfant est en droit d’attendre de ses parents, concernant ses projets, ses besoins matériels, etc.

Ainsi, plus la partie dominée est amenée à accepter de se soumettre à des exigences, à des sacrifices ou à des caprices importants (voire exorbitants), imposés par la partie dominante, plus elle augmente la dette morale de la partie dominante et donc les aides et soutiens qu’elle sera en droit d’espérer d’elle.

Les champs de ce genre d’accords d’alliance est vaste. Il va du simple registre des jeux sexuels, à toutes sortes d’alliances sociales (sociétés secrètes), voire mafieuses. Le caractère secret de ces alliances les rend, d’ailleurs, indétectables pour les parties non-concernées… et sont ainsi d’autant plus efficaces.

Quoiqu’il en soit, il convient de n’envisager ce genre d’alliance avec une personne dominante, que lorsqu’on la connait suffisamment, pour apprécier le risque qu’elle puisse abuser de sa position dominante, sans remplir la part du contrat qui la concerne, c’est-à-dire le soutien et l’aide que la partie dominée est en droit d’espérer.

Il est à noter que des personnes peuvent entretenir des relations de domination avec plusieurs personnes soumises (à des degrés divers) et souvent avec des liens hiérarchiques entre les personnes dominées, partageant parfois la prérogatives de domination sur des personnes placées au-dessous d’elles, dans la hiérarchie de la domination (groupes mafieux, sociétés secrètes, sectes).

Rien ne sert de s’éparpiller dans la recherche des ces alliances, car tant qu’on n’est pas en mesure de rendre des services de grand prix à un allié, la première (et la principale) des choses est qu’il se sente reconnu et ne sente pas son nouvel « allié » (ou vassal ) papillonner – à tout hasard – autour d’autres potentiels alliés (ou leaders ). Il se détournerait alors de manière définitive.

Diversifier ses alliances n’est envisageable (et souhaitable) que lorsqu’on a acquis soit même un véritable rayonnement, une influence certaine, un pouvoir  et qu’on occupe une position de leader.

Élargir son réseau devient alors un levier de rayonnement supplémentaire.

Pour les raisons évoquées ci-dessus, le développement de votre réseau, en arborescence, sera toujours compris et accepté des personnes occupant une place inférieure, dans la pyramide d’influence, dans laquelle vous vous inscrirez. Mais – pour ne pas froisser la susceptibilité des personnes situées au-dessus de vous, dans ladite pyramide – mieux vaudra éviter des alliances visibles avec d’autres personnes de niveau supérieur. Vos bienfaiteurs des premiers jours sauront souvent se montrer fidèles, en retour, en reconnaissance de votre loyauté et de votre fidélité. Mieux vaudra ainsi capitaliser sur le renforcement d’un lien ancien que d’expérimenter de nouvelles alliances hasardeuses.

Mais vous devez aussi faire preuve de discernement dans votre recherche d’alliance(s). Car si la loyauté est une qualité indispensable à développer, pour vous-même, vous devez aussi savoir la reconnaître et rechercher la qualité morale et l’élévation d’esprit, chez celui (ou celle) qui vous guidera sur le chemin de la réussite.  Le sage hindou du XIIIème siècle, Anhou, vous donne une clef pour vous permettre de reconnaître l’homme (ou femme )  de bien ou l’homme (ou femme ) de paix qui vous guidera sur votre ascension vers la réussite personnelle / cf. « Deviens ce que tu es ».

Enfin, dans la pyramide hiérarchique dans laquelle vous vous inscrirez, ceux qui sont au-dessus de vous seront flattées de votre soutien (et heureux de profiter de votre propre réseau de vassaux). Mais ils seront parfois froissés (ou jaloux) d’autres amitiés de leur niveau  ou (pire) de niveau supérieur. Et – de manière symétrique – ceux qui sont au-dessous de vous seront flattées de vos amitiés et de vos soutiens haut-placés… et n’apprécieront pas non-plus de se sentir en concurrence avec des personnes de leur propre niveau. Il faut donc prendre garde à ne froisser ni les uns, ni les autres (sous peine de prendre le risque de vous exclure de la pyramide d’influence, dans laquelle vous désireriez vous inscrire).m

2.  Ce qui nous  motive et motive les autres

Pour comprendre ce qui motive les autres dans leurs actions, leurs choix, la poursuite de leurs buts, il faut se rappeler ce que sont les impératifs, pour chacun, de satisfaction de ses besoins vitaux.

La pyramide des besoins de Maslow schématise une théorie élaborée à partir des observations réalisées dans les années 1940 par le psychologue Abraham Maslow, sur la motivation. Cette pyramide est constituée de cinq niveaux principaux.

Selon Maslow, nous devrions rechercher d’abord à satisfaire chaque besoin d’un niveau donné avant de penser aux besoins situés au niveau immédiatement supérieur de la pyramide. Par exemple, il est préférable de rechercher à satisfaire les besoins physiologiques avant les besoins de sécurité : c’est pour cela que, dans une situation où notre survie serait en jeu, nous serions prêts à prendre des risques.

Pour Maslow, et par ordre d’importance, ces besoins sont :

– Besoins physiologiques (manger, boire, dormir, respirer, se reproduire/sexualité) ;

– Besoins de sécurité (du corps, de l’emploi, de la santé, de la propriété…) ;

– Besoins d’appartenance et affectifs (amour, amitié, intimité, famille, sensualité) ;

– Estime (confiance, respect des autres et par les autres, estime personnelle) ;

– Accomplissement personnel (morale, créativité, résolution des problèmes…).M

                2.1. Les besoins physiologiques (manger, boire, dormir, respirer, se reproduire/sexualité)

Pour beaucoup de nos contemporains des pays les plus favorisés, les « besoins » physiologiques, ne posent plus véritablement de problème majeur au quotidien (sauf accident de parcours). Ces besoins élémentaires s’illustrent bien, par les sensations de désir, de frustration, d’attente, liés à leur manque occasionnel. Ils s’illustrent surtout par l’impression de plénitude et de satisfaction que procure le fait de les avoir satisfaits. Ils restent ainsi un ressort important de l’emprise sur autrui.

Chez l’homme (comme chez l’ensemble des espèces vivantes) la satisfaction de nos besoins physiologiques élémentaires, individuels, est – bien que nous n’en soyons pas forcément conscients – confondue avec la stratégie collective de développement de l’espèce. Ce que l’homme ressent comme bon (ou bon pour lui), n’est en fait que ce qui est bon (ou nécessaire) au développement de l’espèce. La recherche du bien être de chaque individu, ne se fond, en réalité, que dans le moule de ce qu’impose la nécessité de développement de l’espèce. Ainsi, nos goûts les plus personnels, nos pulsions les plus intimes ne font-ils de nous que les instruments  de la stratégie de développement de notre espèce. En effet, ce qui est gratifiant  ou agréable  pour l’individu se confond avec ce qui est favorable  ou salutaire  au développement de l’espèce. L’homme (comme les autres animaux) prend notamment plaisir à manger, dormir ou faire l’amour. Car, que demande l’espèce ? Que les tubes digestifs sur pattes que nous sommes, se nourrissent, prospèrent et se reproduisent aveuglément, à l’infini, et, le cas échéant, au détriment des espèces concurrentes. Ces besoins élémentaires de nourriture et de sexualité s’inscrivent ainsi au premier niveau de la pyramide de Maslow (cf. Horloge biologique, tolérance, harmonie et sérénité).

Les groupes pharmaceutiques qui inondent les médecins de séminaires festifs sont une illustration de l’écoute favorable et de l’emprise qu’on peut espérer développer sur autrui, en cherchant à satisfaire et flatter les besoins physiologiques basiques de l’individu. De même que les déjeuners d’entreprise ou les opérations de séduction que savent monter les services d’espionnage ou de lobbying, par exemple. Les grandes courtisanes de la cour des rois, dont l’influence a parfois été considérable, en sont un exemple. Les dirigeants actuels (du monde de l’entreprise comme du monde politique) sont d’ailleurs, de pareille manière, souvent entourés de jeunes personnes empressées et ambitieuses qui n’ont souvent que leurs charmes à offrir, ce qui n’est cependant souvent pas négligeables pour des dominants , paradoxalement fréquemment isolées au sommet de leur pyramide sociale, au plan affectif et/ou émotionnel.

On notera ici qu’il existe deux catégories de courtisanes  :

  • Certaines attendent (ou revendiquent clairement) de l’argent et/ou tous autres avantages matériels immédiats. Celles-ci choisissent ainsi – par le fait (et consciemment ou non) – de ne pas briguer un éventuel coup de pouce à leur ascension sociale, puisque, dans l’esprit et dans le cœur de leur bienfaiteur, elle resteront assimilables à des prostituées, si bien qu’il ne s’investira pas dans la relation.
  • D’autres, plus ambitieuses et/ou plus avisées, attendent une protection de plus long terme et une relation de plus grande qualité humaine (donnant/donnant), avec un partenaire souvent apparemment dominant, au départ, mais sur qui elles sauront parfois développer, au fil du temps, une emprise affective, voire intellectuelle, souvent non négligeables, dans un plus grand respect mutuel. Les favorites du roi Louis XIV (qui ont su prendre une influence de premier plan à Versailles et développer des fortunes) en sont un exemple.

                2.2. Les besoins de sécurité

Les besoins de sécurité (du corps, de l’emploi, de la santé, de la propriété…) s’illustrent particulièrement par le besoin de sécurité matérielle que confère la réussite financière. L’argent est ainsi un besoin quasi universellement ressenti, même par des organismes caritatifs qui, pour remplir leur objet et étendre leur influence, ont un besoin d’argent important.

L’argent est ainsi un levier de premier plan, lorsqu’il s’agit d’influencer quelqu’un, d’obtenir un avantage ou une faveur. L’argent est ainsi moyen de tout échange, licite ou non. Certaines choses ne s’achètent pas bien sûr… Sauf, parfois si le prix offert est tellement attractif que les bonnes raisons de refuser deviennent de moins bonnes raisons.m

                2.3. Les besoins d’appartenance et les besoins affectifs

Les besoins d’appartenance, comme les besoins sexuels et affectifs, se décomposent, à leur tour, entre besoins comblés  et besoins inassouvis.  Pour une personne mariée (et comblée), par exemple (qui n’a, ainsi, théoriquement plus à compenser le vide du célibat), les besoins se déclinent surtout autour de la performance professionnelle et la reconnaissance sociale, dont l’argent est le baromètre le plus visible. Ils poussent ainsi les individus à gagner toujours plus, pour thésauriser et/ou pouvoir afficher de précieux signes extérieurs de réussite (compléments narcissiques ).

Cependant, le besoin d’amour ou seulement de reconnaissance, n’étant pas toujours comblé dans le couple, il pousse souvent les personnes mariées à rechercher, dans le regard de l’autre sexe, une approbation et/ou un soutien nécessaires pour se sentir beau  ou belle dans le miroir que représente le regard de l’autre.

En outre, le besoin de bien-être du corps et de sensualité n’étant pas toujours comblé dans le couple, il pousse souvent les personnes mariées à rechercher des palliatifs, dans des expériences émotionnelles telles que la méditation, le yoga, la danse, le chant, le théâtre, la peinture, le sport ou les massages, et/ou dans les aventures extra conjugales, les soirées libertines (recherche d’émotions sensorielles).

L’argent, évoqué au paragraphe précédent, comme censé satisfaire notre besoin de sécurité, est aussi le baromètre de la réussite sociale dans notre monde matérialiste, dans lesquelles les valeurs spirituelles tendent à s’estomper. C’est pourquoi l’argent est-il à la fois recherché pour lui même, pour les biens matériels ou services qu’il permet d’acquérir et pour la reconnaissance qu’il confère à celui qui a su drainer, vers lui, la part la plus importante de ce moyen d’échange, d’influence et de reconnaissance.

L’argent est ainsi l’Alpha et l’Oméga. Il peut en effet tout  acheter, notamment les soutiens et les appuis nécessaires à l’ascension sociale. L’argent est d’ailleurs bien souvent le principal carburant, de cette ascension et de la réussite économique. Ne rapporte-t-on pas que le Front National n’a pu exister et se développer que grâce à l’héritage (aussi inespéré que généreux), dont a bénéficié M. Le Pen, de la fortune d’un certain Hubert Lambert, dans les années 1970 ? M. Le Pen a ainsi pu lâcher toute activité professionnelle et consacrer son temps et cette fortune à la promotion de son parti et sa propre promotion.

Ce constat que, pour réussir, il faut de l’argent (et que « on ne prête qu’aux riches ») rend encore plus désespérant le sentiment d’impuissance des jeunes ambitieux qui ne possèdent pas ce carburant magique !

Que de jeunes artisans, d’ambitieux entrepreneurs doivent ronger leur frein, durant de longues années de purgatoire, avant de « décoller » !  Et combien, surtout, n’y parviennent jamais !

La tentation est alors forte, pour certains, de parvenir à la réussite, en « grillant les étapes » ; c’est-à-dire au prix de transgressions douloureuses (petites arnaques, trafics illicites, prostitution…).

Il est cependant amusant (et peut-être rassurant) de noter que, nombre de personnes qui ont cru pouvoir faire des « entorses », à leurs principes en début de carrière, se redécouvrent une conscience et des principes, au fil de leur ascension sociale ; C’est-à-dire lorsque le carburant de leur réussite – que représente la fortune acquise – devient suffisant pour entretenir l’ascension sociale… dans le même temps ou leur visibilité sociale les obligent à cultiver une image moins sulfureuse.

C’est ainsi qu’on voit parfois de « haut dignitaires » de la mafia flirter avec le pouvoir, avec l’Église et même financer des fondations !m

               2.4. Le besoin d’estime, de confiance, de respect des autres et le besoin d’estime de soi

L’estime, la confiance et le respect – tout comme l’amour – procèdent d’un jeu de miroirs. J’ai a priori  de l’estime, de la confiance et du respect, pour ceux qui m’en témoignent (ou tout au moins ne manifestent rien qui me soit contraire). Et, si je suis prêt(e) à tenter de mériter l’estime, la confiance et le respect d’autrui, c’est que mes intentions sont loyales et que je suis prêt(e), moi aussi, à accorder mon estime, ma confiance et mon respect, à autrui.

L’estime, la confiance et le respect de l’autre ne sont ainsi pas difficiles à gagner, si l’on s’engage loyalement dans la relation, si l’on manifeste de l’intérêt, pour l’autre, pour sa vie, ses projets, ses idées, si l’on ne juge pas ses erreurs et si l’on reconnait ses mérites. Et si l’on vient à lui les mains ouvertes, aussi désireux de donner que de recevoir).

Or l’estime, la confiance et le respect d’autrui sont – à la fois – indispensables :

  • à l’estime de soi et la confiance en soi ;
  • au développement d’un réseau de contact et/ou d’affaire, grâce auquel je développerai mon influence et mon pouvoir, ainsi que le sentiment de ma réussite (pour renforcer encore ma confiance en moi).

                2.5. Le besoin d’accomplissement personnel

Le besoin d’accomplissement personnel représente le dernier étage de la pyramide des besoins de Maslow. Tous les problèmes d’intégration, de développement de réseaux, de conquête de pouvoirs et d’estime de soi étant résolus (ce à quoi nombre d’individus ne parviennent pas au cours de leur longue vie), reste une quête plus essentielle et plus difficile à assouvir : celle du sens de la vie, du sens de notre action au sein de la communauté des hommes, celle d’une contribution véritable que nous pourrions apporter à la planète, à la société…

Quelques milliardaires célèbres qui créent des fondations et distribuent des aides pour les plus démunis incarnent ce genre de quête. Des ascètes et des saints, libérés des désirs et contingences matériels (sœur Teresa, l’Abbé Pierre) peuvent également accéder à ce dernier étage de la pyramide des besoins de Maslow, de même sans doute que quelques hommes et femmes de bonne volonté, moins médiatisés.M

Ce que réussir suppose

Réussir, s’accomplir, atteindre ses objectifs, déployer sa stratégie, se réaliser… suppose ainsi d’abord :

  • de prendre conscience de ce qu’on peut offrir, en échange des soutiens espérés, ainsi que des concessions que l’on pourra (ou non) accepter;
  • d’admettre le fait que les autres ne sont pas des pions qui se laissent déplacer où ça nous arrange, et qu’ils n’adopteront jamais une stratégie qui n’est que  la nôtre ;
  • de percer les passions, les ambitions, les valeurs, les rêves secrets, les projets et, le cas échéant, la stratégie des personnes dont nous pensons avoir besoin et/ou que nous aimerions associer à nos projets ;
  • de respecter les autres et leur faire confiance, a priori  (la confiance  coûte moins cher que la méfiance ), et de consentir à révéler nos propres passions, nos ambitions, nos projets et, le cas échéant, notre stratégie aux personnes que nous aimerions associer à nos projets, en sorte de mettre en lumière les possibles synergies ;
  • de tout mettre en œuvre, pour servir et développer ces synergies, dans la mesure de nos moyens, dans le cadre d’une coopération transparente, honnête et bien comprise ;
  • de comprendre qu’il faut parfois donner un peu plus qu’on ne reçoit;
  • de comprendre les règles de préséance de la comédie humaine, attachées à la pyramide sociale, dans laquelle on prétend trouver sa place.

Les personnes les plus généreuses manifesteront un intérêt, souvent sans bornes, à des personnes dont elles n’attendent pourtant rien en retour. Les personnes les plus adroites (et/ou les plus manipulatrices) pourront également manifester un intérêt sans bornes (voire forcé et exagéré), aux personnes dont elles veulent obtenir la reconnaissance, le soutient et/ou tout éventuel avantage. Elles pourront également tenter de découvrir leur désirs les plus intimes, et s’employer à les combler, jusqu’à les rendre dépendantes, voire à les asservir.

La première marche de l’ascension sociale est bien sûr la plus difficile à gravir. Car lorsqu’on est au bas de l’échelle ou lorsqu’on ne représente rien pour les autres, il est peu aisé de sourire et difficile d’inspirer la sympathie et l’estime… et surtout on craint souvent d’avoir peu à offrir, en échange du soutient espéré. Il faut donc alors prendre sur soi, pour sourire, dans l’espoir de décrocher ses premiers petits rôles dans la comédie humaine. Il est alors souvent nécessaire de s’assurer le soutient flatteur d’une personne plus établie et/ou influente (stratégie d’allégeance). Mais ce soutien ne sera pas si difficile à obtenir, à celui (ou celle) qui saura se présenter aux autres les mains et le cœur ouverts, prêt à donner au moins autant qu’il désir recevoir.

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Philippe Lamy


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