Médiation conjugale

Le bonheur individuel comme clé du développement collectif

Chez l’homme, comme chez l’ensemble des espèces vivantes, la réalisation et la réussite individuelles sont – bien que nous n’en soyons pas toujours conscients – majoritairement confondues avec la stratégie collective de développement de l’espèce. La recherche du bonheur et du bien être de chaque individu se fait, en réalité, dans ce qu’est le moule de la nécessité de développement de l’espèce.

Ainsi, nos goûts les plus personnels, nos pulsions les plus intimes ne font-ils de nous que les instruments de la stratégie de développement de notre espèce : ce qui est gratifiant ou agréable pour l’individu se confond avec ce qui est favorable ou salutaire au développement de l’espèce. L’homme (comme les autres animaux) prend notamment plaisir à manger, dormir ou faire l’amour. De même, les individus les plus forts sont-ils enclins à dominer et à éliminer les plus faibles pour le plus grand profit des différentes espèces (souvent concurrentes de surcroît).

Perpétuer l’espèce

Dans ce vaste jeu de rôles, le plus grand nombre de mâles devront féconder un maximum de femelles. Cependant la richesse de l’espèce se nourrit de diversité. Et pour prendre en compte cette exigence, chez l’homme, comme chez nombre d’autres espèces, la stratégie individuelle du mâle diffère de celle de la femelle :

  • En dépit du poids de l’éducation judéo-chrétienne, chez l’homme, le mâle est majoritairement porté à rechercher dans la relation amoureuse une satisfaction immédiate. Au cours de sa vie d’étalon, il sera ainsi enclin à séduire successivement plusieurs femelles. Son désir amoureux s’inscrit peu naturellement dans la durée. Le mâle est en outre, dans la relation amoureuse, en cohérence avec sa nature de chasseur et prédateur.
  • La femelle, quant à elle, recherche une alliance, dans la durée, avec un mâle fiable (fort et sérieux), capable de l’accompagner dans la maturation et l’éducation de leur progéniture. Auparavant, il lui faut également se procurer les meilleurs gènes, auprès du meilleur mâle. Et il arrive que ces deux partenaires ne soient pas les mêmes. Un mâle bouillonnant et exubérant (souvent infidèle) aura ensemencé la jeune femelle. Après un divorce (de plus en plus fréquent), la femelle se rabattra sur un mâle plus docile, plus fiable et plus fidèle pour une seconde partie de vie (famille recomposée).

Cette présentation quelque peu caricaturale, s’agissant de l’homme moderne, n’est souvent pas si exagérée qu’il n’y parait.

Réussir son couple : une question de communication

Le célèbre best seller du psychologue américain John Gray, « Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus », montre à quel point, du fait de leur orientation génétique respective (qui les conditionne différemment au plan psychologique), homme et femme ont parfois du mal à communiquer.

Pour autant, nous devons rester confiants dans le fait que, au-delà de malentendus ou de frictions (parfois liés à des problèmes exogènes, tels que santé, argent, travail), la réussite du couple est une aspiration individuelle du plus grand nombre des protagonistes, de même qu’elle se confond avec une stratégie génétique évidente (du moins jusqu’à la maturité de la progéniture).

On comprend mieux ainsi pourquoi, sauf désaccord sérieux, mariage arrangé (ou intervention d’une tierce personne trop encombrante), les couples en souffrance recherchent souvent, avec sincérité et bonne volonté, un retour à une meilleure communication et à une relation harmonieuse.

C’est en effet une mauvaise communication, qui entraîne fréquemment l’échec de la relation amoureuse. Suit ensuite un inévitable échec de la stratégie commune de co-parentalité (et d’un projet pédagogique cohérent). L’échec professionnel et social de l’un ou des deux conjoints n’est alors, en outre, souvent pas loin…

L’association MédiThérapie s’attaque à la pathologie du lien social, dans le couple, comme en famille et au travail, ainsi qu’à ses symptômes, car tensions dans le couple ou brouille sont synonymes de souffrance. Or, si cette souffrance s’installe, le lien social se nécrose. Chaque jour nous enferme alors un peu plus. Briser cette spirale est un challenge ambitieux et parfois difficile à réussir seul.

Accueillir les « vérités multiples »

L’échec n’est pas une fatalité, et l’association MédiThérapie peut vous aider à renouer avec :

  • la reconnaissance de l’autre,
  • la réussite de votre projet de vie commun (notamment co-parentalité et enjeu pédagogique).
  • et votre réalisation personnelle.

Pour ce faire, la médiation proposée passera par une tentative d’amener les participants à la compréhension du phénomène de vérité multiple (celle de l’époux, celle de la femme, celle des enfants, celle des autres, et celle du médiateur) : ces prétendues vérités sont en réalités des représentations, subjectives. Chaque pseudo vérité ou représentation s’exprime avec des mots qui s’emploient à décrire, à raconter, à expliquer, les faits, la vie, les sentiments…

Ce faisant, les mots coupent la vérité en tranches, la polissent, l’interprètent, la reconstruisent. Et, pour finir, souvent la trahissent. Ainsi, chacun bâtit (et se bâtit) SA vérité.

Si les enjeux sont importants, confrontée à celle de l’autre, la vérité de l’un s’étrangle dans la gorge de l’autre. C’est le premier pas du malentendu, qui peut mener au litige, au divorce, au conflit armé.

Notre vérité est en effet malmenée, battue en brèche, par la vérité de l’autre, par sa propre « construction » du réel.

L’autre ne manque alors souvent pas de suspecter notre bonne foi, notre honnêteté, notre souci de transparence… Cette nouvelle couche de malentendu est une douleur de plus pour les parties en présence, et une bonne raison de s’ériger en victime, de se conforter dans une posture d’incompréhension, face à un monde ingrat et d’incommunicabilité. Les vérités individuelles divergent alors de plus en plus et les écarts de vision se creusent davantage. Le doute et la méfiance s’insinuent dans les cœurs.

Paradoxalement, c’est notre goût pour le vrai, l’authentique qui nous fait nous cramponner à ce que nous croyons être LA vérité… alors qu’il ne s’agit que de NOTRE vérité, une perception des choses et des faits, déjà polie, interprétée, reconstruite, biaisée.

Pour mieux comprendre le couple, lire aussi l’article:  Amour, sexe et malentendu.

La médiation : un pas vers le relatif

Ainsi, des personnalités moins exigeantes intellectuellement, des personnalités moins éprises d’absolu, plus ouvertes à la compréhension de nos limites, à la relativité des choses, souffrent moins de la confrontation des points de vue, et, pour finir, se bâtissent un monde d’ouverture et de confiance, là où les premiers, ivres d’absolu et de vérité, souffrent mille morts, au contact d’un monde qu’ils croient chaotique, sans noblesse, sans valeurs, sans qualités, mais surtout sans pitié et sans indulgence, à leur égard.

La sagesse est peut-être dans une position médiane qui ménage une part d’illusion que la vérité peut exister quelque part, mais qui accepte aussi que le juste et le beau existent dans la relativité, le compromis, la confiance a priori.

La sagesse est aussi sans doute dans une démarche volontariste qui consiste à voir la bouteille à moitié pleine, là ou une plus grande exigence d’absolue amène à la vision implacable d’une bouteille à moitié vide et parfois à jeter le bébé, avec l’eau du bain. La confiance coûte ainsi parfois moins cher que la défiance.

Enfin, certains êtres, blessés par les jugements et les vérités des autres, taillés au bistouri, préfèrent se réfugier dans une quasi régression préhistorique, faite de de petits (et de grands) bonheurs immédiats, de grognements, de coups de patte ou d’une tendresse simple, sans serments, sans jugements et sans malentendu. Cette apparente régression n’est peut-être qu’une manière de laisser notre hémisphère cérébral droit (celui de l’instinct, de la créativité, de la sensualité, de l’instant présent) reprendre le dessus, sur notre hémisphère cérébral gauche (celui de la parole, des interdits, des règles, de la prudence raisonnée, des catégories plus ou figées, des projets de moyen et long terme).

Le médiateur ne vise aucunement à faire accoucher les parties d’un accord qui lui paraîtrait honnête. Il s’assure seulement d’une bonne communication entre elles, a minima s’agissant de l’objet du litige. Il les invite à changer leur angle de vue, envisager d’autres représentations, d’autre mode de pensée, jusqu’à ce que chaque partie sorte de la situation de blocage où le litige l’a placée, parfois depuis des années.

La perception : une fausse vérité ?

Mais le propos serait très incomplet si l’on feignait d’ignorer que l’idée n’est pas le fait, que la carte n’est pas le territoire.
De la même manière, notre perception n’est pas la réalité.

Sur quoi se fonde-t-elle, cette perception ? Et pourquoi peut-il y avoir distorsion/incompréhension/non-communication ou  mauvaise communication ?

Ces distorsion/incompréhension/non-communication ou  mauvaise communication affectent :

  • ce qui dépend de nous : notre cadre de référence, la manière dont nous avons été élevés, ce que nous avons vécu de facile, difficile, douloureux, enthousiasmant, nos espoirs, nos craintes qui conditionnent ce dont nous avons envie ou pas, ce que nous espérons ou redoutons d’entendre. Ce cadre de référentiel nous fait bien sûr interpréter/décoder le message de l’autre et, sans doute, nous éloigner de sa vérité (au sens de la vérité de l’autre) ;
  • ce que l’autre nous dit :  ses mots mais aussi, surtout, la manière dont il le dit (moins de 10% – parait-il – du message perçu viendrait des mots). Ainsi, si nous disons à notre enfant : “Bravo, je suis fier de toi”, en le regardant, les dents serrées (avec un visage dur et figé) il entendra l’inverse. De la même manière, si nous lui disons “Je ne te supporte plus”, avec un vrai sourire, un message plutôt bienveillant sera perçu. Si nous ne voulons pas brouiller les cartes (ou jouer), nous devons tenter de faire coïncider le verbe et le message corporel. Alors nous serons congruents et donc cohérents dans notre communication.

Enfin, le risque est, certes, avec les mots, de blesser (même si ce n’est pas l’intention) ou d’ être mal compris ou de mal comprendre, mais il peut paraître faible, à côté du vide (et de la souffrance) que représente un manque total de communication, le vide de parole qui, lui aussi, peut favoriser les malentendus, voire se révéler un instrument de manipulation, de celui qui refuse à l’autre les ancrages nécessaires à sa propre construction du réel…

Au fil de la démarche de médiation, le médiateur aura attiré l’attention de chaque médié sur la complexité des vérités multiples et sur la nécessité, pour chacun de tenter d’apercevoir ce que peut être la représentation (ou la vérité) de l’autre. Au terme de cette médiation – et pour autant que les parties estiment avoir un intérêt à partager dignement le reste de leur vie de co-parentalité et à préserver leur image, vis-à-vis des enfants, les parties peuvent se rapprocher, pour envisager des accords de principe, relatifs en particulier aux enjeux matériel du litige, voire davantage, si leur motivation le permet.

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Philippe Lamy

Médiateur diplômé, de l’Institut de Psychologie de l’Université Lyon II

FTSP Thérapie Sexuelle Positive (Dr. Iv Psalti)  / Accréditation Ordre des Psychologues du Québec (R401425-15 et RA01424-15) et SPF Santé Publique Belgique (SR-NR : 2-42932116)

Le protocole proposé par MédiThérapie

La médiation familiale ou conjugale (hors contexte scolaire) est assez informelle. Chaque cas est particulier, même si, le praticien d’expérience voit des situations se reproduire dans l’économie de rupture.

Ainsi, la démarche de MédiThérapie est-elle abordée de manière souple et informelle et la durée du protocole est-elle variable, de quelques séances, à plusieurs semaines. Dans certains cas des séances d’une ou plusieurs demi-journées in situ (au sein même du foyer conjugal) sont organisées.

Au cours de ces séances, les habitudes, les attitudes, les réflexes des deux parties sont étudiés et commentés. L’approche de MédiThérapie est fondée sur l’interaction et la communication.

Important : Il est nécessaire que les deux parties en présence ne suspectent aucune alliance ou collusion objective du médiateur avec l’autre partie. Ainsi, un débat strictement contradictoire, en présence des deux parties, tout au long du protocole est-il idéal. Cependant, il arrive que l’une d’elles préfère s’exprimer hors la présence de l’autre. Si cette dernière n’y voit pas d’inconvénient, il est parfois possible que des séances ou portions de séance se déroulent « en aparté ». L’exigence ultime d’une telle médiation est cependant que chaque partie arrive à une meilleure compréhension de la perception ou de la « représentation du réel » de l’autre partie ; la médiation doit donc être conclue par au moins une séance commune.

La problématique particulière liée à la sexologie n’est pas abordée par les praticiens de MédiThérapie.

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