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Médiation conjugale

Le bonheur individuel comme clé du développement collectif

Chez l’homme, comme chez l’ensemble des espèces vivantes, la réalisation et la réussite individuelles sont – bien que nous n’en soyons pas toujours conscients – majoritairement confondues avec la stratégie collective de développement de l’espèce. La recherche du bonheur et du bien être de chaque individu se fait, en réalité, dans ce qu’est le moule de la nécessité de développement de l’espèce.

Ainsi, nos goûts les plus personnels, nos pulsions les plus intimes ne font-ils de nous que les instruments de la stratégie de développement de notre espèce : ce qui est gratifiant ou agréable pour l’individu se confond avec ce qui est favorable ou salutaire au développement de l’espèce. L’homme (comme les autres animaux) prend notamment plaisir à manger, dormir ou faire l’amour. De même, les individus les plus forts sont-ils enclins à dominer et à éliminer les plus faibles pour le plus grand profit des différentes espèces (souvent concurrentes de surcroît).

Perpétuer l’espèce

Dans ce vaste jeu de rôles, le plus grand nombre de mâles devront féconder un maximum de femelles. Cependant la richesse de l’espèce se nourrit de diversité. Et pour prendre en compte cette exigence, chez l’homme, comme chez nombre d’autres espèces, la stratégie individuelle du mâle diffère de celle de la femelle :

  • En dépit du poids de l’éducation judéo-chrétienne, chez l’homme, le mâle est majoritairement porté à rechercher dans la relation amoureuse une satisfaction immédiate. Au cours de sa vie d’étalon, il sera ainsi enclin à séduire successivement plusieurs femelles. Son désir amoureux s’inscrit peu naturellement dans la durée. Le mâle est en outre, dans la relation amoureuse, en cohérence avec sa nature de chasseur et prédateur.
  • La femelle, quant à elle, recherche une alliance, dans la durée, avec un mâle fiable (fort et sérieux), capable de l’accompagner dans la maturation et l’éducation de leur progéniture. Auparavant, il lui faut également se procurer les meilleurs gènes, auprès du meilleur mâle. Et il arrive que ces deux partenaires ne soient pas les mêmes. Un mâle bouillonnant et exubérant (souvent infidèle) aura ensemencé la jeune femelle. Après un divorce (de plus en plus fréquent), la femelle se rabattra sur un mâle plus docile, plus fiable et plus fidèle pour une seconde partie de vie (famille recomposée).

Cette présentation quelque peu caricaturale, s’agissant de l’homme moderne, n’est souvent pas si exagérée qu’il n’y parait.

Réussir son couple : une question de communication

Le célèbre best seller du psychologue américain John Gray, « Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus », montre à quel point, du fait de leur orientation génétique respective (qui les conditionne différemment au plan psychologique), homme et femme ont parfois du mal à communiquer.

Pour autant, nous devons rester confiants dans le fait que, au-delà de malentendus ou de frictions (parfois liés à des problèmes exogènes, tels que santé, argent, travail), la réussite du couple est une aspiration individuelle du plus grand nombre des protagonistes, de même qu’elle se confond avec une stratégie génétique évidente (du moins jusqu’à la maturité de la progéniture).

On comprend mieux ainsi pourquoi, sauf désaccord sérieux, mariage arrangé (ou intervention d’une tierce personne trop encombrante), les couples en souffrance recherchent souvent, avec sincérité et bonne volonté, un retour à une meilleure communication et à une relation harmonieuse.

C’est en effet une mauvaise communication, qui entraîne fréquemment l’échec de la relation amoureuse. Suit ensuite un inévitable échec de la stratégie commune de co-parentalité (et d’un projet pédagogique cohérent). L’échec professionnel et social de l’un ou des deux conjoints n’est alors, en outre, souvent pas loin…

L’association MédiThérapie s’attaque à la pathologie du lien social, dans le couple, comme en famille et au travail, ainsi qu’à ses symptômes, car tensions dans le couple ou brouille sont synonymes de souffrance. Or, si cette souffrance s’installe, le lien social se nécrose. Chaque jour nous enferme alors un peu plus. Briser cette spirale est un challenge ambitieux et parfois difficile à réussir seul.

Accueillir les « vérités multiples »

L’échec n’est pas une fatalité, et l’association MédiThérapie peut vous aider à renouer avec :

  • la reconnaissance de l’autre,
  • la réussite de votre projet de vie commun (notamment co-parentalité et enjeu pédagogique).
  • et votre réalisation personnelle.

Pour ce faire, la médiation proposée passera par une tentative d’amener les participants à la compréhension du phénomène de vérité multiple (celle de l’époux, celle de la femme, celle des enfants, celle des autres, et celle du médiateur) : ces prétendues vérités sont en réalités des représentations, subjectives. Chaque pseudo vérité ou représentation s’exprime avec des mots qui s’emploient à décrire, à raconter, à expliquer, les faits, la vie, les sentiments…

Ce faisant, les mots coupent la vérité en tranches, la polissent, l’interprètent, la reconstruisent. Et, pour finir, souvent la trahissent. Ainsi, chacun bâtit (et se bâtit) SA vérité.

Si les enjeux sont importants, confrontée à celle de l’autre, la vérité de l’un s’étrangle dans la gorge de l’autre. C’est le premier pas du malentendu, qui peut mener au litige, au divorce, au conflit armé.

Notre vérité est en effet malmenée, battue en brèche, par la vérité de l’autre, par sa propre « construction » du réel.

L’autre ne manque alors souvent pas de suspecter notre bonne foi, notre honnêteté, notre souci de transparence… Cette nouvelle couche de malentendu est une douleur de plus pour les parties en présence, et une bonne raison de s’ériger en victime, de se conforter dans une posture d’incompréhension, face à un monde ingrat et d’incommunicabilité. Les vérités individuelles divergent alors de plus en plus et les écarts de vision se creusent davantage. Le doute et la méfiance s’insinuent dans les cœurs.

Paradoxalement, c’est notre goût pour le vrai, l’authentique qui nous fait nous cramponner à ce que nous croyons être LA vérité… alors qu’il ne s’agit que de NOTRE vérité, une perception des choses et des faits, déjà polie, interprétée, reconstruite, biaisée.

Pour mieux comprendre le couple, lire aussi l’article:  Amour, sexe et malentendu.

La médiation : un pas vers le relatif

Ainsi, des personnalités moins exigeantes intellectuellement, des personnalités moins éprises d’absolu, plus ouvertes à la compréhension de nos limites, à la relativité des choses, souffrent moins de la confrontation des points de vue, et, pour finir, se bâtissent un monde d’ouverture et de confiance, là où les premiers, ivres d’absolu et de vérité, souffrent mille morts, au contact d’un monde qu’ils croient chaotique, sans noblesse, sans valeurs, sans qualités, mais surtout sans pitié et sans indulgence, à leur égard.

La sagesse est peut-être dans une position médiane qui ménage une part d’illusion que la vérité peut exister quelque part, mais qui accepte aussi que le juste et le beau existent dans la relativité, le compromis, la confiance a priori.

La sagesse est aussi sans doute dans une démarche volontariste qui consiste à voir la bouteille à moitié pleine, là ou une plus grande exigence d’absolue amène à la vision implacable d’une bouteille à moitié vide et parfois à jeter le bébé, avec l’eau du bain. La confiance coûte ainsi parfois moins cher que la défiance.

Enfin, certains êtres, blessés par les jugements et les vérités des autres, taillés au bistouri, préfèrent se réfugier dans une quasi régression préhistorique, faite de de petits (et de grands) bonheurs immédiats, de grognements, de coups de patte ou d’une tendresse simple, sans serments, sans jugements et sans malentendu. Cette apparente régression n’est peut-être qu’une manière de laisser notre hémisphère cérébral droit (celui de l’instinct, de la créativité, de la sensualité, de l’instant présent) reprendre le dessus, sur notre hémisphère cérébral gauche (celui de la parole, des interdits, des règles, de la prudence raisonnée, des catégories plus ou figées, des projets de moyen et long terme).

Le médiateur ne vise aucunement à faire accoucher les parties d’un accord qui lui paraîtrait honnête. Il s’assure seulement d’une bonne communication entre elles, a minima s’agissant de l’objet du litige. Il les invite à changer leur angle de vue, envisager d’autres représentations, d’autre mode de pensée, jusqu’à ce que chaque partie sorte de la situation de blocage où le litige l’a placée, parfois depuis des années.

La perception : une fausse vérité ?

Mais le propos serait très incomplet si l’on feignait d’ignorer que l’idée n’est pas le fait, que la carte n’est pas le territoire.
De la même manière, notre perception n’est pas la réalité.

Sur quoi se fonde-t-elle, cette perception ? Et pourquoi peut-il y avoir distorsion/incompréhension/non-communication ou  mauvaise communication ?

Ces distorsion/incompréhension/non-communication ou  mauvaise communication affectent :

  • ce qui dépend de nous : notre cadre de référence, la manière dont nous avons été élevés, ce que nous avons vécu de facile, difficile, douloureux, enthousiasmant, nos espoirs, nos craintes qui conditionnent ce dont nous avons envie ou pas, ce que nous espérons ou redoutons d’entendre. Ce cadre de référentiel nous fait bien sûr interpréter/décoder le message de l’autre et, sans doute, nous éloigner de sa vérité (au sens de la vérité de l’autre) ;
  • ce que l’autre nous dit :  ses mots mais aussi, surtout, la manière dont il le dit (moins de 10% – parait-il – du message perçu viendrait des mots). Ainsi, si nous disons à notre enfant : “Bravo, je suis fier de toi”, en le regardant, les dents serrées (avec un visage dur et figé) il entendra l’inverse. De la même manière, si nous lui disons “Je ne te supporte plus”, avec un vrai sourire, un message plutôt bienveillant sera perçu. Si nous ne voulons pas brouiller les cartes (ou jouer), nous devons tenter de faire coïncider le verbe et le message corporel. Alors nous serons congruents et donc cohérents dans notre communication.

Enfin, le risque est, certes, avec les mots, de blesser (même si ce n’est pas l’intention) ou d’ être mal compris ou de mal comprendre, mais il peut paraître faible, à côté du vide (et de la souffrance) que représente un manque total de communication, le vide de parole qui, lui aussi, peut favoriser les malentendus, voire se révéler un instrument de manipulation, de celui qui refuse à l’autre les ancrages nécessaires à sa propre construction du réel…

Au fil de la démarche de médiation, le médiateur aura attiré l’attention de chaque médié sur la complexité des vérités multiples et sur la nécessité, pour chacun de tenter d’apercevoir ce que peut être la représentation (ou la vérité) de l’autre. Au terme de cette médiation – et pour autant que les parties estiment avoir un intérêt à partager dignement le reste de leur vie de co-parentalité et à préserver leur image, vis-à-vis des enfants, les parties peuvent se rapprocher, pour envisager des accords de principe, relatifs en particulier aux enjeux matériel du litige, voire davantage, si leur motivation le permet.

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Philippe Lamy

Médiateur diplômé, de l’Institut de Psychologie de l’Université Lyon II

FTSP Thérapie Sexuelle Positive (Dr. Iv Psalti)  / Accréditation Ordre des Psychologues du Québec (R401425-15 et RA01424-15) et SPF Santé Publique Belgique (SR-NR : 2-42932116)

Le protocole proposé par MédiThérapie

La médiation familiale ou conjugale (hors contexte scolaire) est assez informelle. Chaque cas est particulier, même si, le praticien d’expérience voit des situations se reproduire dans l’économie de rupture.

Ainsi, la démarche de MédiThérapie est-elle abordée de manière souple et informelle et la durée du protocole est-elle variable, de quelques séances, à plusieurs semaines. Dans certains cas des séances d’une ou plusieurs demi-journées in situ (au sein même du foyer conjugal) sont organisées.

Au cours de ces séances, les habitudes, les attitudes, les réflexes des deux parties sont étudiés et commentés. L’approche de MédiThérapie est fondée sur l’interaction et la communication.

Important : Il est nécessaire que les deux parties en présence ne suspectent aucune alliance ou collusion objective du médiateur avec l’autre partie. Ainsi, un débat strictement contradictoire, en présence des deux parties, tout au long du protocole est-il idéal. Cependant, il arrive que l’une d’elles préfère s’exprimer hors la présence de l’autre. Si cette dernière n’y voit pas d’inconvénient, il est parfois possible que des séances ou portions de séance se déroulent « en aparté ». L’exigence ultime d’une telle médiation est cependant que chaque partie arrive à une meilleure compréhension de la perception ou de la « représentation du réel » de l’autre partie ; la médiation doit donc être conclue par au moins une séance commune.

La problématique particulière liée à la sexologie n’est pas abordée par les praticiens de MédiThérapie.

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Échec scolaire, échec social et médiation

Médiation scolaire et thérapie de la relation de l’enfant au monde

La médiation scolaire est un champ du soutien pédagogique qui s’adresse aux enfants en échec et/ou en exclusion scolaire (voire sociale).

Chez certains sujets en échec par manque d’une pédagogie adaptée à leur personnalité propre, le moule scolaire de Education Nationale est souvent perçu comme brutal et la souffrance ressentie au contact de l’institution scolaire est telle qu’il ne s’agit pas seulement de tenter de restaurer un lien avec celle-ci, mais d’aller chercher chez l’enfant une motivation, des ressources, un sens que rien dans l’éducation officielle n’était jusque-là venu activer.

Le médiateur scolaire est ainsi un peu plus qu’un médiateur ordinaire. Car il ne traite pas seulement de l’objet visible du conflit avec l’institution scolaire ni de la restauration de dialogue avec celle-ci. Mais il agit en véritable thérapeute de la relation globale de l’enfant au monde. Il lui révèle sa valeur et ses potentiels propres. Il l’aide ainsi à reconquérir une estime de lui-même, un plaisir à étudier et à se projeter / cf. Médiation clinique, médiation intra-personnelle, thérapie de la relation au monde…

Or, notre époque est compliquée à plusieurs égards et l’institution scolaire parfois tiraillée entre tradition et modernité. Car les enfants d’aujourd’hui et le monde de demain auquel l’Education Nationale est censée les préparer ne sont pas les mêmes qu’au siècle dernier. La société a en effet considérablement changé au cours du demi-siècle écoulé (avènement du mythe de l’enfant roi, recul des valeurs traditionnelle et montée du matérialisme et perte d’autorité des parents (voir parfois désinvestissement du projet éducatif).

 

MAINTENIR UN LIEN DE QUALITÉ ENTRE PARENTS ET ENFANTS

Les cinquante dernières années ont consacré le mythe de l’enfant roi, enfant sur-investi, par ses parents. Cet enfant est porteur de tous les espoirs, de toutes les ambitions, mais aussi pollué de toutes les frustrations de ses parents. Ses parents attendent tant de lui qu’il croit, en retour, que tout lui est dû. Il exige un train de vie (smartphone, sorties, jeux, scooter, vêtements « de marques »…) que ses parents peinent souvent à lui offrir, en particulier dans les milieux les plus modestes soumis aux mêmes pressions. Le code des appartenances l’oblige, notamment, à se parer de signes et de marques ruineux et souvent éphémères. Mais, pour lui, rien n’est trop beau ni trop cher. Dans les quartiers les plus modestes, l’amertume de ce difficile accès à ces signes est un facteur de frustration et de fracture sociale.

Ses parents se voient ainsi notamment contraints à engager des dépenses vestimentaires, qu’ils ne peuvent ou ne veulent parfois pas s’offrir à eux-mêmes.

Dans le même temps, les parents (plus soucieux de préserver un lien fragile avec leur progéniture que de lui fournir un cadre ou un modèle solide et fiable) accèdent dans le mesure de leur moyen (et souvent au-delà du raisonnable) aux exigences matérielles de leurs enfants. Dans le même temps, ils démissionnent peu à peu de leurs prérogatives éducatives. Ils reportent sur l’école tous leurs espoirs de prise en charge du projet éducatif (alors confondu avec l’objet pédagogique). Ces dernières décennies ont ainsi connu une explosion des inscriptions dans l’enseignement privé, présumé mieux encadrer le travail personnel et savoir imposer une discipline dont les parents ne veulent pas assumer l’impopularité.

L’enfant et l’adolescent modernes sont en outre confrontés à des parents qui, désinvestis de leur véritable rôle éducatif, tendent à se revendiquer les meilleurs amis de leurs enfants (plutôt que des référents ou des mentors) et les polluent de leur propres projections, frustration et échecs professionnels ou même conjugaux. L’adolescent, alors en proie à ses propres tourments muets d’adulte en herbe (parfois poussé trop vite), de doute, de mue ou d’acné est alors une caisse de résonance aux problèmes des parents… De même manière la souffrance des premiers trouve un écho et une caisse de résonnance dans les seconds, à un point parfois si aigu que communiquer devient difficile de communiquer de briser cet spirale de souffrance et d’échec.

 

ENFANTS REQUÉRANT UNE PÉDAGOGIE ADAPTÉE 

Dans les familles dont les enfants présentent des troubles de l’humeur, de l’anxiété, une hyperactivité, des troubles « dys-– » (dyspraxie, dyslexie, dyscalculie, dysphasie, dysorthographie etc.), ou une structure cognitive et émotionnelle de type enfant précoce (ou à haut potentiel), les difficultés d’intégration au moule scolaire français sont souvent un facteur qui aggrave les difficultés liées à l’intégration scolaire et ce, à tout âge.

Certains enfants développent même une véritable phobie scolaire (techniquement nommée RSA / Refus Scolaire Anxieux), dès la maternelle, rendant l’accès à l’école impossible. Ces enfants en échec et/ou social, et ainsi en déshérence sont inégalement pris en charge (au plan psychopédagogique ou pédopsychiatrique). Certains ont la chance de résider près de grandes villes dans lesquelles des structures adaptées savent les accueillir et les soigner (comme l’Hôpital Neurologique de Lyon-Est, sous l’égide du Dr. Olivier Revol). D’autres n’ont pas cette opportunité et sont orientés vers des circuits d’enseignement court. D’autres enfin s’enfoncent à vie dans une spirale d’échec ou mettent fin à leurs jours. Un certain nombre d’entre eux traversent cette terrible épreuve de l’enfance, certes cabossés, mais capables de s’en sortir grâce à leur principaux potentiels, intelligence, empathie, intuition… sauf si les échecs traversés leur font tellement perdre toute estime d’eux-mêmes qu’ils ont incapables d’activer ces talents.

Dans le cadre de la médiation scolaire, les enfants dits « à haut potentiels » (surdoués ou précoces) sont, malgré leur grande complexité, les plus accessibles à une médiation de type médiation clinique ; c’est-à-dire à une thérapie de leur relation au monde (parents, école, enfants de leur âge etc).

Dans ce type d’approche, le praticien médiateur agit ainsi comme un thérapeute. C’est-à-dire qu’il oublie sa casquette de médiateur (censé rapprocher des points de vue et des personnes en conflit) pour se consacrer plus largement à la restauration du lien social de son interlocuteur unique, son jeune patient, avec le monde en général, à la famille et aux instances ou personnes avec lesquels il est censé interagir (école, amis etc.).

Cependant, de même que le médiateur initie toujours le processus de médiation par les liens et les convergences – si minimes soient-ils – qui pourraient exister (sans même qu’ils en soient conscients) entre les parties, le thérapeute en mission de médiation clinique s’appuiera sur ce qui fonctionne bien chez son jeune patient (dans sa relation aux autres en particulier, mais pas seulement), sur ses goûts, sur ses talents, ses succès, ses passions, ses rêves ou ses projets… et il saura prendre son temps pour faire émerger ces points d’ancrage positifs, laissant de côté ce qui fait problème (tel professeur, telle matière, telle phobie, telle situation, telle difficulté identifiée).

Le succès de ces médiations cliniques ou thérapies de la relation, auprès des sujets HP en particulier tient à la bienveillance du médiateur qui entre en résonnance avec l’empathie fondatrice ou essentielle de ces sujets qui ne sont mentalement activés que lorsqu’ils rencontrent chez les personnels pédagogiques ou les thérapeutes la même empathie que la leur. C’est seulement alors que s’éveillent leur intérêt et leur curiosité et s’ils trouvent une écoute (ou mieux des réponses) face aux questions qu’ils posent sur le sens qu’ils veulent trouver à toute chose et sans lequel ils sont incapable d’écoute ou de mettre un pied devant l’autre. Cependant, pour entrer en interaction avec eux, mieux vaut que le thérapeute soit lui-même HP… sinon c’est mort (comme dit mon jeune patient Joseph P.).

Comme évoqué plus haut, l’adolescent est souvent une caisse de résonance aux problèmes de ses parents et d’autant plus s’il est précoce… Il est ainsi recommandé, face aux échecs (ou phobies) scolaires chez les enfants HP d’impliquer les parents dans la démarche (d’une manière qui sera abordée plus bas au chapitre protocole), voire les sensibiliser à leur possible responsabilité ou implication dans les souffrances de leurs enfants et surtout dans leur possible rôle dans la thérapie ou médiation scolaire. Il convient également d’éclairer et d’informer les parents qui découvriraient ce qu’est le « haut potentiel »… (et le handicap qu’il peuvent paradoxalement apporter à la réussite de leur enfant). Et les informer sur la probabilité d’autre cas de précocité dans la fratrie et chez leur père et/ou leur mère. On ne peut alors que leur recommander la lecture de l’ouvrage « Trop intelligent pour être heureux ? L’adulte surdoué » (chez Odile Jacob), de Jeanne Siaud-Facchin (psychologue praticienne, spécialiste reconnue des surdoués, ancienne attachée des hôpitaux de Marseille). Jeanne Siaud-Facchin s’attache, en effet, à montrer combien cette chance que peut représenter un cerveau hors normes peut – en réalité – devenir un handicap, voire un calvaire pour certains sujets, s’ils sont mal identifiés, mal informés, mal compris et privés d’une nécessaire aide adaptée / cf. Trop intelligent pour être heureux, l’adulte surdoué ?.

Nombre de parents à qui j’ai fait cette révélation de leur douance, comprennent ainsi leurs difficultés et échecs passés, mais retrouvent leur estime d’eux-mêmes et repartent enthousiastes et pleins d’audaces et d’espoir. Ils sont alors les meilleurs relais pour la thérapie de leur(s) rejeton(s).

 

Le passage à l’âge adulte

Adolescents en révolte, refus du moule scolaire, enfermement sont souvent synonymes de souffrance, d’échec scolaire… et parfois d’échec social. Le cas des enfants précoces (peut-être un peu trop détaillés ci-dessus) ne doit pas masquer les difficultés qui affectent malheureusement une population beaucoup plus large et auxquelles le médiateur scolaire doit également tenter d’apporter une réponse.

L’âge où l’adolescent perçoit l’adulte qui point en lui – alors qu’il n’est pas encore autonome au plan matériel, alors qu’il est émotionnellement fragile et qu’il n’est pas suffisamment formé et armé pour la vie – est le moment de tous les dangers. La rupture de cet adulte en devenir avec son environnement est une menace sérieuse, qu’il ne faut pas sous-estimer ni négliger.

Pendant cette mue difficile, l’adolescent doit, à la fois :

  • être laissé suffisamment autonome, pour initier le nécessaire sevrage,
  • être observé, contrôlé et surveillé, avec la discrétion, la bienveillance et la vigilance, dont des parents responsables doivent être capables,
  • disposer d’un cadre clair et solide, que le processus engagé doit aider les deux parties à mieux bâtir, pour mieux l’accepter,
  • et, bien sûr, ne pas être pollué par les problèmes de ses parents (leurs projections et/ou leurs ambitions personnelles déçues).

L’échec scolaire, associé au mal être des adolescents comporte un risque réel de rupture de ces « adultes en herbe » avec son environnement et d’échec global. Car l’échec scolaire de l’adolescent  (sans qu’il en ait souvent véritablement conscience met en péril sa réussite personnelle et sociale (et parfois sa vie même). Que d’échecs définitifs sont la conséquence d’une mauvaise évaluation de ce risque, par l’environnement (familles, encadrement scolaire…) !

 

La réconciliation

L’association MédiThérapie aide les adolescents sur le chemin difficile de la recherche d’une identité et d’une émancipation responsable, mais également les parents à comprendre les véritables enjeux et le rôle qui est le leur. Elle associe les acteurs concernés (parents, enfant, corps enseignant) à une tentative de réconciliation de l’enfant ou de l’adolescent avec son environnement (familial, social et scolaire) et son adhésion à un projet, voire à un contrat d’objectif, tout en aidant les parents à une prise en charge responsable de leur rôle éducatif.

Ceci commence, dans certains cas, par une démarche de prise de conscience des parents, du rôle qu’ils ont à jouer (et/ou de celui qu’ils ne doivent plus jouer). Sans en avoir la moindre conscience, les parents polluent en effet souvent leurs enfants de leurs propres échecs ou frustration, et contribuent à leur mal-être (quand ils n’en sont pas la cause principale). MédiThérapie accompagne les parents dans leur démarche d’identification de leur influence consciente ou de l’influence éventuelle qu’ils pourraient avoir, dans le trouble de leur enfant et à en rechercher la solution…

 

 

Le protocole proposé par MédiThérapie

Le sujet est vaste et divers, mais nombres de parents postulent que la réalisation personnelle de l’enfant passe par sa réinsertion dans le cursus scolaire, pour éviter sa marginalisation, jusqu’à l’acquisition d’un minimum de connaissances et de savoir-faire, nécessaires à l’exercice futur de son « libre arbitre »… et d’un métier. Pour le plus grand nombre et dans notre monde occidental, il est ainsi admis que cet acquis minimum est représenté par le niveau du baccalauréat.

Notre démarche est cependant différente. Nous considérons que le but d’une médiation scolaire et d’amener l’enfant en souffrance ou en échec scolaire (voire social) à identifier et découvrir son potentiel propre (et pour certains sa douance) et surtout à restaurer sa confiance en lui, son estime de lui-même à travers la mise en lumière de ses talents (plutôt que de le confronter à ses insuffisances ou ses échecs).

Le protocole proposé par MédiThérapie passe ainsi par un premier entretien ou bilan initial :

Ce bilan initial est établi au cours de deux ou trois séances d’une heure environ, en présence (si possible) des deux parents et de l’enfant.

Le praticien ouvre la séance en invitant les parents à présenter à l’enfant leur vision de la situation et la raison pour laquelle ils ont cru devoir engager le processus de médiation scolaire (car c’est bien sûr rarement l’enfant qui en exprime la demande).

L’enfant est ensuite invité à s’exprimer sur la demande de ses parents, en leur présence :

  • Que pense-t-il de la demande de ses parents ? Y adhère-t-il ?
  • Se sent-il, lui-même, en danger ou en difficulté ?
  • A-t-il la perception d’une attente, chez eux, qu’il n’aurait pas satisfaite ?
  • Comment cette attente des parents est-elle perçue par l’adolescent ?
  • Quel serait éventuellement sa propre attente ?
  • Se sent-il perturbé, pollué par des problèmes d’adultes, qui le dépassent, mais auxquels il n’est pas indifférent ?
  • Quels sont les problèmes qu’il identifie ?

A ce stade du premier entretien les parents peuvent quitter pour un moment le cabinet du thérapeute pour laisser l’enfant s’exprimer plus librement sur ce qui a été dit. Le médiateur – comme indiqué plus haut – attaquera le véritable entretien thérapeutique avec l’enfant à travers la recherche et la mise en lumière de ce qui marche bien de l’avis de l’enfant dans ses relations. Il l’interrogera sur ses goûts, ses rêves ou ses projets. Il essaiera d’identifier ses talents, ses succès, ses passions. Il mettra en lumière les points positifs, laissant de côté ce qui fait problème (tel professeur, telle matière, telle phobie, telle situation, telle difficulté identifiée).

Il est souvent nécessaire que des séances ou des portions de séance se déroulent hors la présence des parents.

En revanche, les enfants acceptent souvent mal que le thérapeute rencontre les parents hors sa présence.

Le médiateur prend des notes tout au long de la thérapie. Elles seront un support important, au cours des séances successives et, le cas échéant, dans le cadre d’un processus de supervision.

La conduite des entretiens est bien sûr différente suivant les différents cas abordés, mais les échanges sont parfois « en panne ». On pourra alors, par exemple également aborder les thèmes suivants :

  • L’enfant se reconnaît-il en révolte ? En colère ?
  • Ressent-il une souffrance ? Pourquoi ?
  • Ses parents pourraient-ils en être involontairement la cause ?
  • Quelle est sa propre perception de ses résultats scolaires ?
  • Quelle perception les parents ont-ils des résultats scolaires ?
  • Les résultats scolaires sont-ils le nœud du problème, pour lui ? Pour ses parents ?
  • Refuse-t-il sciemment, volontairement (ou de manière subie) :
    • le projet scolaire ?
    • le moule scolaire ?
    • de se projeter dans un avenir qui dépasse sa vision actuelle ?
  • Ressent-il, lui aussi, comme ses parents, qu’il est engagé dans un processus d’enfermement, qui peut signifier, à terme, échec scolaire, échec personnel, inadaptation à son environnement et souffrance ?
  • A-t-il une vision (même floue et lointaine) d’un projet de vie ? D’un métier ?
  • Imagine-il pouvoir trouver un rôle social gratifiant, une place dans la société, dans le cadre d’un cycle d’études court ?
  • A-t-il une idée sur ce qui présidera, pour lui, au choix de ses éventuelles études supérieures ?
  • Son choix sera-t-il orienté par :
    • son goût personnel pour les matières abordées alors ?
    • sa vision d’une carrière idéale, à laquelle il comprend qu’on puisse sacrifier ses inclinations personnelles ?
    • la vision de ses parents et la fatalité familiale (logique de dynasties) ?

La révolte de l’ado (et parfois son refus du moule scolaire), son apparent enfermement même, dans une juste mesure, sont une phase nécessaire de l’affirmation de son je.

Tout comme ses parents, il doit le comprendre et savoir identifier cette juste mesure. Il devient alors capable de se protéger contre lui-même et contre le risque d’échec et de souffrance, dans cette phase délicate, dont l’adolescence peut être synonyme.

Quant aux parents, ils doivent comprendre :

  • que tout enfant est un être en marche vers son indépendance ;
  • que le meilleur service qu’ils rendront à leur progéniture :
    • c’est de jouer pleinement un rôle d’éducateurs responsables et parfois fermes (plutôt que de s’inquiéter de leur seule popularité),
    • c’est d’être attentifs à ne pas la polluer avec des problèmes d’adultes et de savoir l’observer et l’écouter,
    • c’est enfin de lui reconnaître le droit de se séparer d’eux et lui donner les moyens de son indépendance… mais seulement le moment venu ;

C’est bien sûr sur l’appréciation de ce juste moment, par les deux parties, et sur le bagage (héritage culturel, valeurs, formation scolaire) utile que les divergences surgiront.

 

Philippe Lamy

médiateur diplômé, de l’Institut de Psychologie de l’Université Lyon II

Médiation scolaire

Médiation clinique / Thérapie de la relation