comprendre et contrer l’emballement du cerveau gauche / combattre le burnout

Le sens

L’Homme moderne – et tout spécialement les sujets HPi ou philo-cognitifs – ont un perpétuel besoin de sens pour se motiver (et ce tout particulièrement pour les philo-cognitifs complexes, tels que les décrit le Dr. Fanny Nusbaum-Paganetti). Et, en l’absence de motivation, il leur est impossible d’avancer, de se concentrer ou de s’impliquer.

Ce sens que réclame le philo-cognitif complexe c’est le carburant de son cerveau. Or, le HPi complexe (qui doute, ressasse et gamberge non-stop) est souvent submergé par un monde qui parait se complexifier au fur et à mesure qu’il s’éclaire de nouvelles découvertes. Chaque question et chaque hypothèse préfigure d’autres questions (ce qui est décrit comme la « pensée en arborescence »). Ce fonctionnement est épuisant et souvent anxiogène, car le HPi est en outre hypersensible et empathique ; c’est ainsi toute la misère du monde qui le submerge.

Le HPi sous stress aurait donc besoin de ralentir le manège qui occupe son cerveau gauche (lien vers Le fonctionnement cérébral à part des individus HPi et de lâcher-prise. Malheureusement, lorsqu’il est conscient de la surchauffe de son cerveau et de son besoin de lâcher-prise et qu’il n’y parvient pas (comme il ne parvient pas toujours à dormir)… eh bien c’est une angoisse de plus qui tourne dans son cerveau gauche et aggrave sa souffrance.

On pense fréquemment que cette quête de sens des philo-cognitifs, doit à tout prix être satisfaite, en particulier face à l’échec scolaire de l’enfant. C’est bien sûr exact, il faut tenter de répondre à toutes les questions en rafales que pose l’enfant HPi, car en l’absence de sens il se démoralise, se démotive et s’étiole ; ce qui peut aller jusqu’à la phobie scolaire et sociale, à une grande détresse, de sérieux troubles du comportement… voire au suicide. Mais ce faisant, il faut également tenter d’apaiser son cerveau enfiévré le HPi n’a pas seulement besoin de sens. Son besoin vital (physiologique autant que psychique) souvent ignoré, c’est aussi le besoin d’apprendre à mettre en veilleuse son cerveau gauche (et en tout cas de ne pas être encouragé à mouliner davantage) ; c’est-à-dire de s’installer dans le concret et l’instant présent en laissant de l’espace à son cerveau droit, celui des sensations du corps et des sensations physiques (hormones de la récompense).

La nécessaire incarnation dans « l’ici et maintenant »

Les pédagogues avisés (comme les partenaires de vie des philo-cognitifs) savent ainsi les encourager à tenter d’entrecouper le fol emballement de leur cerveau gauche d’un retour au corps, à l’incarnation, au ressenti physique, aux activités de plein air et surtout à celles qui ont un caractère ludique (par ex. le sport, la danse, l’haptonomie, l’hypnothérapie… mais aussi le dessin, la peinture, les jeux de société, les puzzles). Le yoga ou la méditation leur ferait bien sûr du bien, mais l’élément ludique n’est pas au rendez-vous et pas simple de les y amener !

Cette surchauffe du cerveau gauche – qui nuit notamment à la concentration – est par exemple souvent traitée par le méthylphénidate (plus connue sous le nom de ritaline) est la molécule de référence dans le traitement du trouble déficitaire de l’attention (avec ou sans hyperactivité). La ritaline peut être ponctuellement utile, lorsqu’il s’agit de répondre à une situation d’urgence, telle que l’imminence d’un examen ou d’un concours, mais cette médication allopathique peut doit être complétée (voire remplacée) par une démarche volontaire de reconnexion au corps, tel qu’évoqué ci-dessus.

Le problème, c’est que l’enfant enfermé dans sa chambre et le manège de son cerveau gauche (dans ses lectures ou ses rituels personnels) tous volets fermés, sort les griffes lorsqu’on prétend l’arracher à sa console de jeu ou à son surfing sur le Net… même par un jour de printemps ! Il faut alors ruser pour planifier à l’avance un événement – si possible familial ou avec ses amis – auquel il aura eu le temps de se préparer et qui lui fournisse une motivation spéciale. L’idéal est de ritualiser (et si possible de répéter à heure fixe) cette pratique physique et au ludique censée le faire migrer vers son cerveau droit et détendre son corps.

Plus tard, les adultes HPi déprimés (ou confrontés à un deuil, une rupture ou au burnout) ont le même besoin de rééquilibrer leurs hémisphères cérébraux à travers l’art-thérapie, les activités physiques, les soins psychocorporels, la danse, le yoga etc. sans pour autant renoncer à retrouver le sens des choses et le sens de leur vie. C’est ce rééquilibrage de leurs hémisphères cérébraux qui leur permettra de retrouver le premier sens de la vie qui de redécouvrir les plaisirs des choses simples et le plaisir tout court, dans « l’ici et maintenant ».

Pour l’enfant HPi, comme pour l’adulte, l’activité et les sensations du corps ou les frottements et caresses de la peau génèrent un courant électrique immédiatement communiqué au cerveau, à l’aide de protéines piézoélectriques. Lorsqu’elles détectent la force mécanique, elles s’ouvrent pour permettre aux ions de passer dans la cellule, en lançant une chaîne d’événements qui envoient un signal au cerveau. / Davantage de détails (à travers un autre sujet) sur Anorexie / Boulimie, addictions et dépendances.
Le toucher et l’activité physique permettent ainsi l’augmentation du taux d’ocytocine sanguin (hormone du plaisir), de même que la production d’autres hormones vitales telles que sérotonine, testostérone, dopamine ou endorphines… L’un des effets de cette stimulation est la diminution de la pression artérielle, du rythme cardiaque et l’apaisement du cerveau. Il faut donc ne pas commettre l’erreur de se borner à ne donner que de la nourriture intellectuelle à un enfant en souffrance psychologique… et bien sur encore moins des psychostimulants. Alors que ses propres hormones naturelles sont là pour réguler son humeur, pour peu qu’on sache les stimuler.
Le lâcher-prise, l’autohypnose et les plaisirs (ou récompenses) physiques sous toutes leurs formes suffisent souvent à la sécrétions d’hormones bénéfiques à notre équilibre émotionnel et mental autant que physiologique. Ils constituent une automédication salutaire et dopent notre énergie vitale et nos défenses immunitaires. / Plus de détails sur ce mécanisme hormonal sur Energie vitale, libido… et jeunesse éternelle…

Je rappelle ici que le cerveau gauche ressasse ou mouline le passé ou spécule trop souvent sur un futur anxiogène. Il s’égare alors dans l’abstraction et la chimère. Le cerveau droit est, quant à lui, celui du présent, du concret, de la vérité et de l’ancrage du cœur et du corps. C’est lui qui nous permet de jouir en pleine conscience de l’instant présent. Il nous permet de sortir de la déprime ou du burn-out… alors que le cerveau gauche en surchauffe ne fait que nous y enfermer. C’est la raison pour laquelle on ne peut prétendre fonder la thérapie seulement sur le raisonnement. Il est des situations où l’entretien thérapeutique classique n’est d’aucune aide et où seules les activités ludiques ou créatives comme l’art-thérapie peuvent amener le sujet en souffrance à se reconnecter à son corps. Ceci est également vrai pour les thérapies psychocorporelles (voir MONSIEUR ISMAËL, MÉDECINE TRADITIONNELLE AFRICAINE) qui ont aujourd’hui une efficacité plébiscitée et un succès grandissant.

Difficultés et écueils de l’entretien thérapeutique classiques

Exemple de la difficulté, pour le philo-cognitif, à échapper à la domination de son cerveau gauche. Par exemple, si l’ignorant (ou l’ignare) ignore, par essence, l’étendue de son ignorance. Le HPi, quant à lui ne la perçoit que trop. Et son doute radical, allié son questionnement permanent affolent un peu plus son hémisphère gauche enfiévré. Le véritable HPi soulève ainsi à chaque instant de nouvelles hypothèses… tout en sachant qu’elles resteront à affiner (ou à invalider) par la suite.

Point positif pour son entourage, il n’est jamais péremptoire car le doute est consubstantiel à la notion d’intelligence. Les affirmations péremptoires ainsi que le dogmatisme sont ainsi l’apanage de l’ignorant et le rassurent. Ses certitudes imbéciles constituent même sa colonne vertébrale.

Autre exemple de la fréquente incapacité d’un sujet HPi à jouir de l’instant présent et en pleine conscience (cerveau droit) : S’il découvre un nouveau lieu, un beau paysage ou un bon restaurant, il est courant qu’au lieu d’en profiter pleinement (avec sa famille ou ses amis), il reste relativement absent, comme absorbé… tout simplement parce qu’il réfléchit à mille choses qui l’entrainent ailleurs… et notamment en quelles circonstances et avec qui il pourrait y retourner !

Le chagrin d’amour est un exemple intéressant illustrant le fait que, les HPi ressassent ou moulinent le passé ou spécule trop souvent sur un futur anxiogène, dans la course folle du manège de leur cerveau gauche. J’entretiens souvent avec mes patients un fil rouge de discussion par WhatsApp ou Telegram, en sorte de garder le lien entre deux séances (lorsque ces dernières leur paraissent trop éloignées ou en cas de coup dur) :

Nabil (24 ans, étudiant) m’écrivait ainsi le 21 avril dernier ceci :

« … Philippe, ça va pas du tout, j’ai la force de rien faire, je sombre dans le noir. Ma copine est venue hier chercher ses affaires et m’a rapporté les miennes. C’était dur de nous revoir, pour tous les deux. Elle est pas restée dix minutes. Nos échanges étaient embarrassés… mais pourtant on n’arrivait pas à se dire au revoir. Ce qui est dur c’est que nous nous aimons follement, nous voulons être ensemble mais nous savons que nous devons d’abord guérir de nos côtés nos blessures respectives. J’avais tant d’idées de projets avec elle, de moments que j’aurais aimé vivre avec elle. Mais maintenant, j’ai plus envie de rien. Sauf que j’ai pas envie que ce soit la « vraie fin définitive. Vous auriez pas des conseils ou quelque chose pour me faire sentir un peu mieux. J’arrive pas à bosser, j’ai qu’une envie c’est de pleurer et lui écrire. J’aimerais juste pouvoir savoir si c’est réellement la fin ou s’il y aura une re-rencontre amoureuse après qu’on aura guéri nos blessures chacun de son côté…

Comment faire ? Comment avoir la force ? J’espère avoir cette force… mais la semaine dernière j’étais dans le déni que ça puisse finir, mais aujourd’hui le doute me renverse et j’ai plus la force de me relever, j’en ai pas l’envie. C’est dur ».

C’est quelques lignes montrent qu’en pareil cas le cerveau gauche en surchauffe n’est capable que de tourner en boucle des faits passés, de les décortiquer à l’extrême et de les interpréter ou bien de spéculer sur leurs conséquences et surtout sur un futur encore moins tangible… alors qu’il faudrait prendre un bain, se détendre, sortir ou faire du sport et attendre d’avoir de vraies infos à se mettre sous la dent, en attendant que son corps apaisé s’exprime ou que son intuition lui souffle une idée.

Ceci est en substance ce que je lui ai répondu… en évitant de compliquer le débat. Je l’ai surtout invité à prendre du recul, en lui affirmant que rien de décisif n’allait se passer ce soir-là. Je lui ai dit qu’il fallait qu’il s’occupe des effets physiques de ce désarroi (ou de cette détresse) sur son physique et qu’il s’occupe de ce qui pourrait faire du bien à son corps et, ce faisant, apaiser son esprit.

Il m’a alors relancé me demandant s’il pouvait écrire à sa copine. La lettre était pour moi une mauvaise idée, à la fois parce qu’il avait surtout besoin de penser à autre chose, parce qu’il n’était pas en mesure de disposer du recul suffisant pour être pertinent et aussi parce que c’était prendre le risque d’asphyxier sa girl friend. Je lui ai donc déconseillé d’écrire à chaud, pour la laisser elle-aussi s’apaiser.

Mais c’était peine perdue. Il m’a dit qu’avec ou sans mon avis il allait lui écrire, pour lui dire « le mal qu’elle lui faisait ». J’ai tenté de le raisonner, en lui disant que le mal qu’il ressentait lui appartenait et qu’elle n’était pas responsable de ce que produit chez lui le fait qu’elle s’exprime et vive comme elle le souhaite. Mais je crains bien que ça ne lui soit passé au-dessus de la tête.

Après plusieurs messages insistants, je l’ai « autorisé » à rédiger un petit mot à sa copine (si possible de moins de dix lignes) quand le calme serait revenu dans sa tête et son corps. L’invitant à s’astreindre à ne parler que du présent (et qu’au présent de l’indicatif), ni des blessures passées ni des malentendus ni de regrets ni de projets. « Ne parle que de toi, lui ai-je conseillé. De ce que tu ressens dans la minute où tu écris. Elle ne doit être le sujet grammatical d’aucune phrase. Tu peux essayer de faire ça ? » lui ai-je demandé. Il a promis. A suivre.

On voit ici que le meilleur remède à la mélancolie ou à la déprime passe par tous les moyens qui seront propres à déconnecter le cerveau gauche, pour s’ancrer dans le concret, dans l’instant présent en pleine conscience et sans son corps. Au nombre des outils thérapeutiques efficaces, il est désormais prouvé que les thérapies psychocorporelles qui stimulent le cerveau droit sont parmi les plus efficaces dans le traitement des cas graves de déprime ou de burn-out / cf. Thérapies psychocorporelles et hygiène de vie.

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